Ce sont là les ingrédients du polar politico-policier mis en place par certains éléments du pouvoir avec les objectifs, selon nos sources, « d’avoir la peau» de l’ex-Minadt, condamné à 25 ans de prison ferme pour « complicité intellectuelle avec l’homme affaires Yves-Michel Fotso. Marafa Hamidou Yaya est du reste considéré comme prisonnier politique, dans les rapports des pratiques des pays en matière de droits de l’Homme du département d’Etat des États-Unis.
L’autre raison inavouée de l’intrigue politico-policière est, pour les scénaristes de ce film de série ‘b’, de faire décaisser un bon pactole comme effort de guerre, sous le prétexte d’enrayer les ‘visées insurrectionnelles des comploteurs de l’intérieur et leurs connexions en République centrafricaine.’ Joli programme relayé complaisamment par certains confrères exploitant les rapports de la police politique, dont on sait que les principaux ‘clients’ se recrutent moins à l’extérieur qu’au sein de la population.
On apprend ainsi que Me Harissou, détiendrait un ‘effort de guerre’ de «5 milliards Fcfa». Ce à quoi le notaire s’étonne : «je n’ai aucun compte qui ait brassé un jour 5 milliards Cfa». Il lui est aussi ‘reproché’ ses récents voyages à l’étranger et notamment dans «les pays du golfe ». A ce propos, son entourage affirme que son dernier voyage vers le golfe date des vacances d’août 2008 «avec son épouse, ses deux filles et son fils Abdoul Hady. Il en a profité pour faire un pèlerinage à la Mecque avec son fils». Selon la presse, Il est attribué au plus que sexagénaire le projet de faire sauter par des explosifs les préparatifs de pose de la première pierre du 2è pont sur le Wouri. Mais là aussi, ses accusateurs se sont plantés : «il n’était pas au Cameroun à cette période. Son passeport en fait foi. Du reste, cet aspect fabriqué par la Dgre a été abandonné au Sed.»
Tribunal pénal international
Me Harissou, suivi, sur écoute téléphonique, est finalement arrêté à Maroua le 27 août 2014 et mis au secret. Le Messager est aujourd’hui en mesure de retracer l’itinéraire des 30 jours de calvaire du notaire dans les geôles de la Dgre au quartier du lac à Yaoundé. A la suite d’un traquenard policier, il est tiré du confort douillet de son cabinet vers les bureaux du gouverneur de l’Extrême-nord, mis en état d’arrestation et convoyé à Yaoundé où il est jeté dans une cellule. Les cinq premiers jours, le notaire a du mal à s’adapter et refuse de se nourrir.
Face à l’insistance de ses gardes qui lui disent que faute de s’alimenter, il peut perdre la vie, il répondra qu’il mourra certainement d’inanition ou autre, mais que ceux qui l’auront envoyé vers la mort finiront au Tribunal pénal international. Face à cette perspective, la peur change de camp. Son statut aussi. Le notaire pose des conditions pour s’alimenter : 1/pouvoir parler à sa famille; 2/faire commander ses repas au restaurant turc ‘Istanbul’ à Yaoundé, où l’on sert des plats dit ‘halal’ pour musulman ; 3/pouvoir lire les journaux. Dès le 6e jour, Me Harissou est sorti de l’isolement ; il reçoit ses repas et les journaux ; il peut téléphoner à son épouse tous les deux jours.
Un mois plus tard après ce traitement de ‘roi’, il est conduit au Sed, présenté au tribunal militaire et transféré, sans qu’il lui soit signifié les motifs de sa détention, à l’ancienne et sinistre ‘Bmm’ du temps de Fochivé, aujourd’hui devenue prison principale en face de la prison centrale de Kondegui à Yaoundé. Jusqu’ici, même si quelques personnes arrivent à s’infiltrer dans les failles du système pénitentiaire comme son épouse qui devait lui rendre visite samedi dernier, Me Harissou est interdit de communication.
Tout comme l’opposant Sidiki Aboubakar, une sorte de ‘Gustave Essaka du Dic’ aux premiers mois d’ouverture démocratique, critiquant, zozotant, vouant Biya aux gémonies avant de changer de camp et devenir membre de la majorité présidentielle.
Aboubakar Sidiki, menotté mains au dos durant 5 jours à la Dgre, balloté entre torture et dénonciations à l’encan, finit par cracher un morceau judiciairement indigeste qu’il ne reconnaît plus aujourd’hui que les circonstances et les conditions de détention lui donnent quelque répit. Il lui fallait à tout prix sortir de l’enfer concentrationnaire. Comme l’affaire est maintenant en instruction aux bons soins du commissaire du gouvernement dit-on, il faut laisser le temps au temps…Mais le notaire et l’opposant ne sont pas encore sortis de l’auberge. Le seront-ils tant qu’on n’aura pas noyé le poisson ?
Par Marlyse SIBATCHEU | Le Messager
Source : cameroon-info.net
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Quatre grossiers chefs d’accusation retenus contre les deux infortunés
Me Abdoulaye Harissou et M. Aboubakar Siddiki connaissent depuis le mardi 21 octobre 2014 les charges retenues contre eux.
En effet les deux coaccusés comparaîtront devant le Tribunal militaire de Yaoundé pour :
«outrage au Président de la République»,
«hostilité contre la patrie et révolution»,
“complicité d’assassinat”
et «port et détention illégale d’armes de guerre».
L’arrestation de Messieurs Harissou et Sidiki divise l’opinion camerounaise. Nombre de personnes qui les soutiennent estiment qu’ils sont arrêtés parce que supposés proches de l’ancien secrétaire général de la présidence de Paul Biya, M. Marafa Hamidou Yaya. Leurs accusateurs sécurocrates du régime de Yaoundé, dont le Ministre de la Défense Edgar Alain Mebe Ngo’o, croient qu’ils font partie d’un complot de déstabilisation du Cameroun, ourdi de son lieu de séquestration du Secrétariat d’État à la Défense (le SED de sinistre réputation) par l’ancien ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, Marafa Hamidou Yaya.
Une fois de plus, nous faisions appel à l’esprit républicain du Ministre camerounais de la défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o.
Monsieur Le Ministre, libérez Messieurs Abdoulaye Harissou et Aboubakar Siddiki!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)