Article écrit par Fabienne Debarge et Joël Didier Engo, à l’occasion de la journée internationale de la femme le 08 mars dernier, et inspiré de l’article de Michel Mbiem Tong ,«Cameroun, spécial 08 mars, Maître Lydienne Yen Eyoum, la suppliciée du Renouveau», hurinews.com
La vie de Me Lydienne Yen Eyoum, âgée aujourd’hui de 55 ans, a basculé un certain 8 janvier 2010 au quartier Hippodrome de Yaoundé. Interpellée par des membres d’une unité spéciale de la police camerounaise lourdement armés, brutalement installée dans une camionnette entourée d’hommes en tenue, Lydienne Eyoum commence sa descente aux enfers: garde à vue pendant deux (02) jours, déferrement devant le juge, suivi immédiatement d’une interminable détention provisoire à la prison centrale de sinistre réputation de Kondengui à Yaoundé.
Le cœur du problème? Une somme de 1, 077 milliards de F Cfa, que son client de longue date (l’État du Cameroun) lui reproche d’avoir perçu de façon indue, alors qu’elle avait engagé pour son compte une procédure de contestation des modes de recouvrement des créances dudit État auprès – entre-autres – de la filiale camerounaise de la banque Société Générale, la Société Générale de Banque du Cameroun (SGBC).
Les dés sont jetés…
Aujourd’hui, cela fait plus de cinq (05) ans que Me Lydienne Yen Eyoum se trouve privée de liberté pour un prétendu crime de détournement de deniers publics qu’elle n’a pas commis. Mise en détention en 2010 sur une simple lettre de cachet, elle a été condamnée le 25 septembre 2014 à 25 années de prison au terme d’une autre parodie de procès.
Dans cette période tragique que vit Me Lydienne Yen Eyoum, la peine de 25 années de prison n’est pas le fardeau le plus lourd à porter. En effet le quotidien d’une journée à Kodengui – univers carcéral concentrationnaire, malodorant, bruyant, et insalubre – est un marathon de survie au jour le jour. Lydienne doit supporter encore et encore ce supplice dans un état de santé parfois chancelant, dans l’interminable attente d’une éventuelle audience en appel devant la Cour Suprême du Cameroun.
Triste destin, pourrait-on conclure, dans un fatalisme doublé de résignation.
Non, Lydienne doit sortir de cet enfer parce qu’elle est innocente. Juste devrons-nous redoubler d’effort afin qu’elle recouvre son entière liberté, son honneur de citoyenne franco-camerounaise, de femme, épouse et mère bafouée.
Chère Lydienne, cette Journée Internationale du Prisonnier Politique est aussi la tienne, avec tou-te-s les autres à travers le monde qui, comme toi, font courageusement face à l’innommable brutalité ou adversité, à l’arbitraire judiciaire, aux sévices en tous genres infligés dans le déshonneur par un pouvoir délibérément sourd et muet.
Nous parviendrons à y mettre définitivement un terme, même au Cameroun. Le plus tôt serait le mieux pour chacune des parties.
Fabienne Debarge et Joël Didier Engo,
Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (Cl2P)
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