Mercenaires politiques à Yaoundé
Par Pr. Olivier J. Tchouaffe, Porte-parole du CL2P
Les créatures du régime de Yaoundé, comme Aline Zomo Bem, sont de peu d’intérêt pour le CL2P. Cependant, elles donnent un aperçu du fonctionnement interne et des normes en vigueur sous cette dictature.
En effet le fait que madame Zomo Bem se soit amèrement plainte que la première famille a engagé un Nigérian pour venir la divertir au palais présidentiel pendant les fêtes de fin d’année en dit long sur les motivations premières des partisans et courtisans de Paul Biya. Cette dame considère, selon ses dires, que l’embauche d’un étranger est un signe d’ingratitude pour les militants du régime, dont la loyauté envers la première famille ne pouvait être remise en question. Au motif, comme le souligne Zomo Bem, qu’elle constituerait la masse critique de gens prêts à mettre leur vie en jeu pour défendre le maintien du régime. Elle a poursuivi en affirmant que des personnes comme elle devraient être rémunérées d’au moins 2 millions pour leur soutien au régime de Yaoundé.
Il est important de noter que Zomo Bem n’a pas placé son soutien au régime le plan de l’idéologie ou du projet politique. Le sien est purement lucratif.
Les gens qui soutiennent donc le régime de Yaoundé le font uniquement parce qu’ils s’attendent à une rémunération financière et matérielle. C’est ainsi que le régime fonctionne, notamment à travers une forme de narcissisme ancrée dans les réseaux patrimoniaux et clientélistes qui créent un circuit fermé, une politique d’intimité tyrannique où la dictature et ses partisans sont enfermés pour transformer le tout en culte pour un régime dont la seule ambition est de s’éterniser au pouvoir dans un culte de l’immortalité obscène du tyran.
À travers cette forme d’adoration obscène, comment n’avions-nous pas su voir ces gens pour qui ils sont vraiment?
En cela, MS Zomo Bem est un rouage se présentant comme humoriste sur la toile des réseaux médiatiques, véhiculant en filigrane la propagande pro-régime, et qui dessine un portrait intime des acteurs, des projets et des infrastructures investis dans la préservation et le conditionnement de l’immortalité obscène d’un régime vieux de 37 années. Par inadvertance certainement, elle nous invite à une visite sans précédent des multiples sites, discours et imaginaires d’un microcosme malsain, en nous informant sans le vouloir sur les efforts déployés par un régime autoritaire pour forger des récits d’un soi-disant patriotisme, afin de capter la nouvelle génération à travers les clivages tyranniques et ethniques.
Cela nous oblige à reconsidérer, repenser et même recadrer la politique camerounaise et sa propagande médiatique de manière plus générale.
En cela, la politique elle-même est une forme de récit que les organisations des droits de l’homme, comme le CL2P, et les politologues objectifs tentent d’expliquer et de donner un sens à travers notre propre activisme. Ce faisant, ne perdons pas de vue que la politique peut aussi être le mélange de récits fictifs et non fictifs tendant à amener les gens ordinaires à réfléchir à la façon dont nous formulons et pensons notre compréhension la société, et comment nous expliquons la politique, en particulier dans une discipline largement développée et consacrée au sein des régimes tyranniques africains contemporains.
Nous allons terminer avec un discours de Martin Sheen qui a joué, Josiah “Jed” Bartlett, le président américain de la légendaire série télévisée The West Wing, commentant la malédiction de la légèreté de l’être:
Vous savez, les Irlandais racontent l’histoire d’un homme qui arrive aux portes du ciel et demande à être admis. Saint Pierre dit: «Bien sûr. Montrez-nous simplement vos cicatrices.» L’homme dit : «Je n’ai pas de cicatrices.» Saint-Pierre dit :« Quel dommage! Rien ne valait la peine de se battre?»
Nous sommes effectivement appelés à trouver quelque chose dans nos vies respectives qui a un sens et mérite que nous combattions. Quelque chose qui unit la volonté de l’esprit au travail de la chair, quelque chose qui peut nous aider à élever cette nation et tout son peuple à cet endroit où le cœur est sans crainte. Et la tête haute, où la connaissance est libre, où le monde n’a pas été divisé en fragments par des murs domestiques étroits, où les mots sortent des profondeurs de la vérité et où les efforts infatigables étirent leurs bras vers la perfection, où le flot clair de la raison n’a pas perdu son chemin dans les sables déserts des habitudes mortes, où l’esprit est entraîné par nous dans une pensée et une action toujours plus grande. Dans ce paradis de liberté, cher père, laisse notre pays se réveiller! Je t’en supplie.
Pr. Olivier J. Tchouaffe, Porte-parole du CL2P
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English version
Political Mercenaries in Yaoundé
The regime of Yaoundé’s creatures, such as Aline Zomo Bem, have little interest for the CL2P, however, they reveal insights into the innerworkings and the norms of the regime of Yaoundé.
The fact that MS Zomo Bem bitterly complained about the first family hiring a Nigerian to entertain them during the holidays inflamed Zomo Bem. She saw hiring a foreigner as a sign of ingratitude for the regime’s activists whose loyalty to the first family cannot be challenged. These are people, as Zomo Bem puts it, ready to put their lives on the line for the regime. She went on to claim that people like her should receive at least 2 million for her support of the regime of Yaoundé.
It is important to note that Zomo Bem did not align her support for the regime either alongside ideology or political project. Hers is purely is lucrative. Folks who support the regime of Yaoundé do so purely because to expect financial and material remuneration. Thus, this is how the regime works through a form of narcissism embedded in patrimonial clientelist networks which create a close circuit, a politic of tyrannical intimacy where the regime and its supporters are locked in transforming the whole thing into cult worship for a regime whose only ambition is to eternalize itself in power through the cult of obscene immortality. And, how through this form of obscene worship, we fail to see people for who they really are.
In this, MS Zomo Bem is a cog in the wheel of pro-regime media and propaganda networks, and sketches an intimate portrait of the actors, projects, and infrastructures invested in preserving and packaging the obscene immortality of a 37 years old regime. She inadvertently provides an unprecedented tour of the multiple sites, discourses, and social imaginaries that inform and define efforts of the regime to forge narratives of so-called patriotism that might connect with and affect the new generation across the tyrannical divides. This compels us to consistently reconceptualize, rethink, and indeed reframe Cameroonian politics and its media propaganda more generally.
In this, politics itself is a form of narrative that human right organizations, such as the CL2P, and political scientists attempt to explain and make sense of through our own activism. In so doing, how politics is the mixture of both fictional and non-fictional narratives to compel ordinary people to consider how we frame and think about our understanding of politics and how we explain politics, especially in a discipline largely developed and devoted to making sense out of public life within contemporary African tyrannical regimes.
We are going to close with a speech of Martin Sheen who played, Josiah “Jed” Bartlett, the us president in the legendary TV shows the West Wing commenting on the malediction of own on lightness of being:
You know, the Irish tell a story of a man who arrives at the gates of heaven and asks to be let in. St. Peter says, “Of course. Just show us your scars.” The man says, “I have no scars.” St. Peter says, “What a pity! Was there nothing worth fighting for?”
We are called to find something in our lives worth fighting for, something that unites the will of the spirit with the work of the flesh, something that can help us lift up this nation and all its people to that place where the heart is without fear and the head is held high, where knowledge is free, where the world has not been broken up into fragments by narrow domestic walls, where words come out from the depths of truth and tireless striving stretches its arms towards perfection, where the clear stream of reason has not lost its way into the dreary desert sands of dead habit, where the mind is led forward by thee into ever-widening thought and action. Into that heaven of freedom, dear father, let our country awake! Thank you.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P