Michel Biem Tong: martyr du Big Brother et des Intox
Par Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
L’enlèvement de Michel Biem Tong par la police militaire a mis en lumière le phénomène des « fausses nouvelles ou intox» et le rôle de la technologie, de l’information, et de l’idéologie. En particulier, le rôle de la surveillance oppressive et l’interprétation idéologique de l’information; puis le fait qu’il n’y a personne pour empêcher les forces de sécurité d’écraser les libertés fondamentales au Cameroun. Dans ce régime tyrannique, il nous est constamment rappelé qu’il n’existe aucune autorité légale de contrôle indépendante pour empêcher les services de renseignement d’avoir accès à l’histoire de votre présence sur internet ou votre téléphone portable.
En effet la réalité est que, dans cette traque en ligne, à travers des tactiques de surveillance oppressives, l’État tyrannique est un acteur majeur s’affirmant, pas comme des membres de l’élite retranchée du statu quo qu’ils sont en réalité, mais comme utilisateurs da façon cynique des lamentations du «peuple» pour prendre pour cible des militants des droits humains, comme Michel Biem Tong, qui ont toujours pointé leurs manquements évidents aux devoirs pour lesquels ils prétendent avoir été élus.
Il est bien connu qu’une organisation de défense des droits civils et politiques, tel que le CL2P, est sous surveillance constante et considérée comme appartenant d’office à «l’opposition» dans l contexte totalitaire camerounais. Même si la CL2P est une organisation indépendante qui n’est affiliée à aucun parti politique au Cameroun. Mais l’idée que le CL2P, dont Michel Biem Tong est le correspondant au Cameroun, est de l’opposition a déjà alimenté et biaisé les interprétations de son activisme en faveur des droits de l’Homme au Cameroun.
Par conséquent, il est devenu de plus en plus évident ces dernières années que l’idée selon laquelle le World Wide Web aiderait à connecter des communautés diverses et à créer une culture plus démocratique est en difficulté face aux régimeS tyranniqueS, bien que les médias sociaux aient à certains égards tenu cette promesse. Tout le monde peut maintenant avoir une plateforme accessible aux gens du monde entier.
Comme pour la séquestration de Michel Biem Tong, il faut reconnaître que la sphère des médias sociaux peut occasionnellement être une arène des exécutions publiques.
Le gouvernement camerounais lit vos communications, puis les inventent aussi – en ajoutant un mot ou deux à quelque chose pour faire de vous un sympathisant à une cause impopulaire quelconque, puis faire croire que vous êtes impliqués dans un acte illégal; broder à partir de là des accusations fallacieuses contre vous. Parce que l’idée même que le journaliste Michel Biem Tong serait un «terroriste» est absurde
Cela montre simplement que l’idéologie du « rien à cacher» ne fonctionne pas dans une tyrannie. Si vous pensez ne rien avoir à cacher, vous pouvez en effet avoir quelque chose à craindre. Vous pourriez craindre pour vous-même. Comme Kafka l’illustre avec tant de froideur dans «Le procès», la perspective d’une poursuite injustifiée du gouvernement est terrifiante. Et vous pourriez craindre pour notre société. Vivre sous le regard constant de la surveillance gouvernementale peut entraîner des dommages sociaux durables: si les citoyens sont juste un peu plus craintifs, un peu moins susceptibles de s’associer librement, un peu moins susceptibles d‘avoir des désaccords – l’effet de refroidissement global peut effacer cette société ouverte.
Ainsi, l’affaire Michel Biem Tong démontre que l’argument «Rien à cacher» ne fonctionne pas sous le règne de la terreur de Paul Biya. Par conséquent, nous devons en savoir plus sur les informations que le gouvernement recueille sur des millions de Camerounais innocents. Nous devons en savoir plus sur les interprétations juridiques secrètes sur lesquelles le gouvernement s’appuie pour surveiller nos communications. Et nous devons en savoir plus sur ce que le gouvernement fait avec des milliards de bits de données électroniques stockés dans ses fichiers. Nous avons besoin de ces réponses car, même si nous n’avons rien à cacher, cela ne signifie pas que nous voulons vivre dans une société où rien n’est privé.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
English version
Michel Biem Tong: Martyr of Big Brother and Fake News
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
The kidnapping of Michel Biem Tong by the Military Police shed a light on the phenomenon of “Fake News” and the role of technology, information and ideology. Particularly, the role of oppressive surveillance and the ideological interpretation of information and the reality that there is nobody to stop the security establishment to crush basic liberties in Cameroon. In that tyrannical regime, we are constantly reminded that there is no independent controlling legal authority to block the intelligence services having access to the web histories of you, me and everyone else.
The reality is that, in this online battles, through oppressive surveillance tactics, the tyrannical state is a major actor asserting themselves but instead as members of the entrenched elite using the invocations of “the people” to target human right activists who happened to denounce their derelictions of duties.
It is well known that a civil right organization, such as the CL2P, is under constant surveillance and considered to be from the “Opposition.” Even though, the CL2P is an independent organization which is not politically affiliated to any political parties in Cameroon. But the idea that the CL2P, whose Michel Biem Tong is the representative in Cameroon, is from the opposition already colored the ways that the CL2P’s activism in favor of human rights is interpreted.
Hence, it has become increasingly evident in recent years, that the idea that the World Wide Web would help connect diverse communities and lead to a more democratic culture is struggling, even though, social media have in some ways fulfilled that promise. Everyone can have a platform now, accessible to people across the world.
As with the sequestration of Michel Biem Tong, one has to acknowledge that the social-media sphere is an arena for occasional blood sport. The Cameroonian’s government can read your communications then they can also invent them – perhaps add a word or two to something from a sympathizer to an unpopular cause to make it appear that they were involved in an illegal act, and work from there because the idea that Michel Biem Ton is a “Terrorist” is absurd. It is just goes on to show that the “nothing to hide” ideology does not work. If you think you have nothing to hide, you may indeed have something to fear. You might fear for yourself. As Kafka so chillingly illustrates in “The Trial,” the prospect of unwarranted government pursuit is terrifying. Or you might fear for our society. Living under the constant gaze of government surveillance can produce long-lasting social harm: if citizens are just a little more fearful, a little less likely to freely associate, a little less likely to dissent – the aggregate chilling effect can close what was once an open society.
Thus, the Michel Biem Tong’s case demonstrate that the “Nothing to hide” argument does not work. Hence, we need to know more about what information the government is collecting about millions of innocent Cameroonians. We need to know more about the secret legal interpretations that the government is relying on to monitor our communications. And we need to know more about what the government does with the trillions of bits of electronic data it is amassing in its files. We need these answers because, even if we have nothing to hide, that does not mean we want to live in a society where nothing is private.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P