Il m’a été rapporté par des sources concordantes à Yaoundé que je suis pointé du doigt comme le symbole de l’ingratitude et du non-respect de la parole donnée vis-à-vis d’un régime et d’un président de la République qui m’a pourtant permis de recouvrer la liberté après presque deux mois de séquestration.
Je sais que l’objectif recherché, lorsqu’un voyou et assassin au grade de colonel me jetait en prison le 23 octobre 2018 était que je me taise à jamais, que je ne sois plus cet empêcheur de tyraniser en rond, ce couteau dans les plaies purulentes de la République dont une clique de profito-jouisseurs au pouvoir est l’agent pathogène.
Mais que les choses soient claires pour tout le monde: je n’ai pas à remercier ou à témoigner ma reconnaissance envers qui que ce soit car je n’ai rien fait de grave pour que ma liberté me soit arrachée. Je n’ai pris d’engagement vis-à-vis de personne à ma sortie de prison
Pour beaucoup de compatriotes, c’est devant les caméras des télévisions à ma sortie de prison le 14/12/2019 que j’ai fais un mea culpa. Je vais être clair sur ce point. À la question de savoir quelle va être ma contribution à ce que la paix revienne en zone anglophone, j’ai indiqué que puisqu’il apparaît que le gouvernement est engagé sur le chemin de l’apaisement, j’entends y mettre du mien avec le ton qui sied. Cela ne voulait pas dire que j’avais décidé de me mettre au service du pouvoir de Yaoundé même si j’ai dis ce jour-là que je saluais le geste du président qui consistait à libérer des détenus car je n’en étais pas le seul bénéficiaire.
Malheureusement, les jours qui suivaient m’ont laissé penser que j’ai été naïf de croire que le régime Biya était en train de favoriser le retour à la normale en zone anglophone. D’où le maintien de mes convictions que je n’entendais nullement changer alors que beaucoup y compris au sein de ma famille souhaitait que je ne parle plus de “leurs choses” . D’où mon départ pour l’exil, le Cameroun étant devenu une potence géante pour les libres penseurs. Voilà qui est bien dit et bien clarifié.
Par Michel Biem Tong, web-journaliste en exil