Très réductrice pour un continent aussi grand et divers.
Mais bon c’est difficile voire impossible de changer la vision rétrograde d’essence néo-coloniale et civilisatrice portée ici par des néo-conservateurs français (ou leurs lieutenants) sur près d’un milliard de personnes évoluant dans un des principaux gisements de la croissance mondiale des prochaines décennies.
Joël Didier Engo, Président du CL2P
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Les messieurs Afrique de François Fillon et Alain Juppé
Dimanche a eu lieu le dernier round de la primaire de la droite et du centre. Face à face, deux anciens Premiers ministres, François Fillon et Alain Juppé. Le vainqueur de ce duel sera peut-être le futur président de la France. Quelle sera la politique africaine de François Fillon et d’Alain Juppé ? Découvrez leurs messieurs Afrique : Bernard Debré pour François Fillon, et Pierre de Gaétan Njikam Mouliom pour Alain Juppé.
RFI : Bernard Debré, François Fillon président, est-ce qu’il va «casser la baraque» franco-africaine ?
Bernard Debré : Non, il est très attaché à l’Afrique et il sait très bien que l’Afrique est un continent qui est en train de se développer d’une façon formidable et il veut participer à ce développement. Et ça, de deux façons. D’abord en permettant aux entreprises françaises de s’installer en Afrique avec l’accord, évidemment, des pays africains. Mais aussi en faisant un effort fondamental sur la Francophonie. Les deux sont liés d’ailleurs, parce qu’on sait très bien que la Francophonie a perdu du terrain et quand la Francophonie perd du terrain les entreprises françaises perdent du terrain.
Et il y a un autre objectif, c’est d’aider au développement parce qu’il y a, effectivement, des zones en Afrique qui ont des difficultés par rapport à l’électricité, par rapport à l’eau, par rapport à la culture. Et donc là, il y a une très grande politique d’aide au développement qui doit être développée et il en est parfaitement conscient.
Pour François Fillon, l’aide doit-elle être conditionnée ? Et si oui, à quoi ?
L’aide doit être conditionnée à la bonne utilisation de cette aide. C’est peut-être difficile à dire, mais c’est vrai que, depuis un certain nombre d’années, l’aide au développement a beaucoup diminué, la coopération a beaucoup diminué – surtout ces cinq dernières années.
Il ne conditionne pas l’aide à quoi que ce soit si ce n’est à une démocratie qui soit équilibrée. Démocratie équilibrée, cela ne veut pas dire prendre position dans les élections des uns et des autres, mais qu’il y ait une démocratie et une stabilité. C’est la stabilité qui est la plus importante. La stabilité, ça veut dire aider les pays quand ils sont en lutte contre des rebelles. Essayer de les aider, on l’a fait en Centrafrique, on l’a fait au Mali, on continuera à le faire. Mais c’est important que ces pays soient en paix pour qu’ils puissent se développer.
Ce volet militaire, François Fillon le poursuivra ?
A la demande des pays africains. On ne va pas intervenir sans que les pays africains le demandent. On n’interviendra pas partout pour n’importe quoi. Mais il est évident que quand il y a des grands risques, comme on l’a vu dans un certain nombre de pays, que ce soit la Centrafrique, le Mali, et d’autres peut-encore, il faudra que nous répondions à l’appel des pays africains.
Mais François Fillon le dit très justement, il faut que ce soit avec les Africains eux-mêmes, leur armée et la coopération des pays africains qui entourent celui qui est dans des difficultés. Mais il faut aussi que l’Europe agisse. Il ne faut pas que la France agisse seule. Et quand on regarde ce qui se passe en Centrafrique ou au Mali, certes il y a des contingents des pays voisins, mais l’Europe est singulièrement absente.
La Libye, François Fillon a tiré, semble-t-il, les leçons de l’intervention militaire occidentale ?
Oui, on ne peut plus – on ne doit plus – faire ce qu’on a fait en Libye, c’est-à-dire envoyer des avions, bombarder et puis après ne plus s’en préoccuper. On a vu le drame que ça entraînait et il ne faut plus recommencer. Mais François Fillon n’est pas un interventionniste à tous crins.
François Fillon veut rompre avec l’ingérence. La doctrine serait : ni indifférence, ni ingérence ?
Ni indifférence, ni ingérence disproportionnée.
Qu’est-ce qui différencie François Fillon d’Alain Juppé sur la politique africaine ?
Je ne crois pas qu’il y ait énormément de différence – vous savez, nous sommes dans la même famille politique – si ce n’est un tropisme de François Fillon pour l’Afrique parce qu’il sait que c’est un continent qui est totalement indispensable, un continent qui est en train de se développer à une très grande vitesse et il faut qu’on y soit présents. Donc il est très conscient de ça.