Nous faisons appel à l’esprit républicain du Ministre Edgar Alain Mebe Ngo’o: Monsieur, libérez Me Abdoulaye Harissou!
Photo: Me Abdoulaye Harissou, notaire à Maroua (Nord Cameroun) et secrétaire général de l’Association du notariat francophone (ANF), interpellé puis séquestré depuis 02 mois par les services spéciaux camerounais pour une atteinte imaginaire à sûreté de l’État
Le ministre camerounais de la Défense Edgar Alain Mebe Ngo’o a effectivement 16 jours pour décider de poursuivre ou non ce notaire et son compagnon d’infortune devant le Tribunal militaire.
Nous osons (encore) croire que M. Mebe Ngo’o ne s’enfermera pas dans une escalade répressive.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)
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Atteinte supposée à la sûreté de l’État : Quel sort pour Messieurs Harissou et Sidiki?
Par Eitel Elessa Mbassi, Le Jour
En effet placé lundi dernier en garde à vue militaire de 10 jours, le sort de Me Abdoulaye Harissou incarcéré à la prison principale de Yaoundé se trouve désormais entre les mains du ministre de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o. D’après la loi du 29 décembre 2008 portant organisation judiciaire militaire, c’est le ministre de la Défense qui « met l’action publique en mouvement ». En d’autres termes, c’est Edgar Alain Mebe Ngo’o qui est habilité à décider si Me Harissou sera poursuivi pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » ou pas.
La loi donne un délai de 20 jours au Mindef pour se prononcer. Si au terme des 10 premiers jours, le ministre n’a pas réagi, la garde à vue peut alors être prorogée de 10 jours supplémentaires. A ce sujet, la loi précise : « 10 jours renouvelable une seule fois ». La garde à vue militaire étant laissée à la seule appréciation du commissaire du gouvernement qui officie comme procureur de la République au Tribunal militaire, la prorogation de cette garde à vue, elle, ne peut être expressément décidée que par le ministre de la Défense.
Dans l’un ou l’autre des cas, Edgar Alain Mebe Ngo’o devra se prononcer sur la suite à donner aux accusations portées contre Abdoulaye Harissou et de Aboubakar Siddiki dans 16 jours au plus tard à compter de cette date du 10 octobre 2014. En décidant d’ouvrir les poursuites contre ces personnes, Edgar Alain Mebe Ngo’o va délivrer un « ordre d’informer ». Cet acte du Mindef donne lieu à la désignation d’un juge d’instruction du Tribunal militaire (civil ou militaire). Ce n’est qu’à ce moment là qu’une enquête judiciaire contre Me Harissou et son codétenu, Aboubakar Siddiki pourra être effectivement ouverte. On n’en est pas encore là. A ce stade de la procédure, Me Harissou et Aboubakar Siddiki ne sont encore que des suspects au terme de l’enquête préliminaire.
Ami de la famille Djotodia
En effet, Me Harissou et Aboubakar Siddiki sont présentés comme étant « des amis ». D’après nos informations, il est reproché à Me Harissou d’avoir été en contact téléphonique avec un chef rebelle centrafricain. Aboubakar Siddiki, proche de ce rebelle est soupçonné de l’avoir mis en relation avec le notaire camerounais. Président d’un parti politique et homme d’affaires, Aboubakar Siddiki est un ami de la famille de Michel Djotodia, le patron de la Séléka.
Aboubakar Siddiki s’était d’ailleurs rendu à Bangui, apprend-on, quelques jours après le putsch et la prise du pouvoir de Michel Djotodia qu’ «il est allé féliciter». Ainsi pour l’accusation, Harissou et Siddiki sont proches de la rébellion centrafricaine. Pis, elle pense que ces deux personnes sont impliquées dans les attaques perpétrées par les rebelles centrafricains à la frontière avec le Cameroun. A la direction générale des renseignements extérieurs (Dgre) où ils ont d’abord été détenus après leurs interpellations respectives, Me Harissou et Aboubakar Siddiki ont été entendus sur ces aspects. Ils ont nié les faits. Rien n’y a fait. Pendant les cinq premiers jours de détention à la Dgre, Me Harissou est resté enfermé 24/24.
Sans voir le lever du jour. Au bout du cinquième jour, il menace de faire une grève de la faim, si ses conditions de détention ne changent pas. C’est alors qu’on lui a accordé un bain de soleil, dans un premier temps d’une heure par jour, puis de deux heures par jour. Il a vécu ainsi pendant 30 jours. Tout au long de cette période, ses avocats ont été empêchés de le rencontrer.
Indices graves
Vendredi, 26 septembre Me Harissou et son coaccusé sont transferés au Secrétariat d’État à la Défense (SED). Dimanche, 28 septembre, Me Harissou est entendu sur procès-verbal au service central de recherches judiciaires du Sed toujours en l’absence de ses avocats. Lorsque le Sed boucle son enquête une semaine plus tard, il transmet ses conclusions au ministre de la Défense. Les avocats des accusés disent ne pas avoir eu accès au dossier d’accusation jusqu’à ce jour. Le commissaire du gouvernement s’est contenté de parler « d’indices graves » contre Me Harissou et Aboubakar Siddiki. Il faudra donc attendre l’ouverture de l’enquête judiciaire si elle est décidée par le Mindef.
© Le Jour : Eitel Elessa Mbassi
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Le polar politico-policier à l’origine de la séquestration de Messieurs Harissou et Sidiki
Par Marlyse SIBATCHEU | Le Messager
http://www.cameroon-info.net/
Entre 2012 et 2014, Me Harissou a parlé au téléphone avec Aboubakar Sidiki trois fois. Il avait aussi été en relation avec un commerçant connaissant Aboubakar Sidiki, en vue de la location d’un bulldozer pour le terrassement de son ranch de Malambo à N’Gaoundéré. Aboubakar Sidiki, résident à Douala, livreur d’appareils de distribution d’eau glacée dans les bureaux est natif de Dougoï à Maroua, la ville de résidence professionnelle de Me Harissou qui, lui est natif du quartier Ribadou au centre de Garoua 1er. Marafa Hamidou Yaya, issu de l’aristocratie peule de Garoua, ingénieur diplômé en pétrochimie de l’Université du Kansas (États-Unis), est un ami d’enfance de Me Harissou.
Ce sont là les ingrédients du polar politico-policier mis en place par certains éléments du pouvoir avec les objectifs, selon nos sources, « d’avoir la peau» de l’ex-Minadt, condamné à 25 ans de prison ferme pour « complicité intellectuelle avec l’homme affaires Yves-Michel Fotso. Marafa Hamidou Yaya est du reste considéré comme prisonnier politique, dans les rapports des pratiques des pays en matière de droits de l’Homme du département d’Etat des États-Unis.
L’autre raison inavouée de l’intrigue politico-policière est, pour les scénaristes de ce film de série ‘b’, de faire décaisser un bon pactole comme effort de guerre, sous le prétexte d’enrayer les ‘visées insurrectionnelles des comploteurs de l’intérieur et leurs connexions en République centrafricaine.’ Joli programme relayé complaisamment par certains confrères exploitant les rapports de la police politique, dont on sait que les principaux ‘clients’ se recrutent moins à l’extérieur qu’au sein de la population.
On apprend ainsi que Me Harissou, détiendrait un ‘effort de guerre’ de «5 milliards Fcfa». Ce à quoi le notaire s’étonne : «je n’ai aucun compte qui ait brassé un jour 5 milliards Cfa». Il lui est aussi ‘reproché’ ses récents voyages à l’étranger et notamment dans «les pays du golfe ». A ce propos, son entourage affirme que son dernier voyage vers le golfe date des vacances d’août 2008 «avec son épouse, ses deux filles et son fils Abdoul Hady. Il en a profité pour faire un pèlerinage à la Mecque avec son fils». Selon la presse, Il est attribué au plus que sexagénaire le projet de faire sauter par des explosifs les préparatifs de pose de la première pierre du 2è pont sur le Wouri. Mais là aussi, ses accusateurs se sont plantés : «il n’était pas au Cameroun à cette période. Son passeport en fait foi. Du reste, cet aspect fabriqué par la Dgre a été abandonné au Sed.»
Tribunal pénal international
Me Harissou, suivi, sur écoute téléphonique, est finalement arrêté à Maroua le 27 août 2014 et mis au secret. Le Messager est aujourd’hui en mesure de retracer l’itinéraire des 30 jours de calvaire du notaire dans les geôles de la Dgre au quartier du lac à Yaoundé. A la suite d’un traquenard policier, il est tiré du confort douillet de son cabinet vers les bureaux du gouverneur de l’Extrême-nord, mis en état d’arrestation et convoyé à Yaoundé où il est jeté dans une cellule. Les cinq premiers jours, le notaire a du mal à s’adapter et refuse de se nourrir.
Face à l’insistance de ses gardes qui lui disent que faute de s’alimenter, il peut perdre la vie, il répondra qu’il mourra certainement d’inanition ou autre, mais que ceux qui l’auront envoyé vers la mort finiront au Tribunal pénal international. Face à cette perspective, la peur change de camp. Son statut aussi. Le notaire pose des conditions pour s’alimenter : 1/pouvoir parler à sa famille; 2/faire commander ses repas au restaurant turc ‘Istanbul’ à Yaoundé, où l’on sert des plats dit ‘halal’ pour musulman ; 3/pouvoir lire les journaux. Dès le 6e jour, Me Harissou est sorti de l’isolement ; il reçoit ses repas et les journaux ; il peut téléphoner à son épouse tous les deux jours.
Un mois plus tard après ce traitement de ‘roi’, il est conduit au Sed, présenté au tribunal militaire et transféré, sans qu’il lui soit signifié les motifs de sa détention, à l’ancienne et sinistre ‘Bmm’ du temps de Fochivé, aujourd’hui devenue prison principale en face de la prison centrale de Kondegui à Yaoundé. Jusqu’ici, même si quelques personnes arrivent à s’infiltrer dans les failles du système pénitentiaire comme son épouse qui devait lui rendre visite samedi dernier, Me Harissou est interdit de communication.
Tout comme l’opposant Sidiki Aboubakar, une sorte de ‘Gustave Essaka du Dic’ aux premiers mois d’ouverture démocratique, critiquant, zozotant, vouant Biya aux gémonies avant de changer de camp et devenir membre de la majorité présidentielle.
Aboubakar Sidiki, menotté mains au dos durant 5 jours à la Dgre, balloté entre torture et dénonciations à l’encan, finit par cracher un morceau judiciairement indigeste qu’il ne reconnaît plus aujourd’hui que les circonstances et les conditions de détention lui donnent quelque répit. Il lui fallait à tout prix sortir de l’enfer concentrationnaire. Comme l’affaire est maintenant en instruction aux bons soins du commissaire du gouvernement dit-on, il faut laisser le temps au temps…Mais le notaire et l’opposant ne sont pas encore sortis de l’auberge. Le seront-ils tant qu’on n’aura pas noyé le poisson ?
Marlyse Sibatcheu, Le Messager
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Cameroun: entre rumeurs véhiculées par “Jeune Afrique”, et complots ourdis par la France?
Monsieur Issa Tchiroma Bakary: enlèvement puis liquidation de l’opposant en exil Guerandi Mbara Goulongo; qu’une rumeur de “Jeune Afrique”, qu’un complot ourdi par la France?
Lors de sa sortie vendredi 10 octobre 2014, le ministre camerounais de la communication Issa Tchiroma Bakary s’est vigoureusement attaqué à certains médias Français à l’instar du quotidien Libération ou Radio France Internationale (RFI) qu’il a formellement accusés de vouloir déstabiliser le Cameroun.