Le bilan des émeutes de la prison centrale de Yaoundé: Inoni Ephraim et Olanguena Awono blessés
Lundi dernier, Yaoundé la capitale politique du Cameroun, a été le théâtre de violents mouvements d’humeur en sa surpeuplée ( euphémisme pour caractériser le traitement animal des détenus) prison centrale.
Voici le bilan de cette mutinerie qui a vu plusieurs coups de feu tirés dans l’air. Rappelons que la prison et alentours, ont été envahis lundi dernier, et par la police, et par la gendarmerie et par l’Armée.
Au cours de cette mutinerie qui a vu des centaines de détenus de la crise anglophone aussitôt joints par d’autres prisonniers, exprimer leur ras-le-bol, des prisonniers dits de luxe, ont été attaqués, puis blessés. Parmi eux, Inoni Ephraim l’ancien Premier ministre, Urbain Olanguena Awono l’ancien ministre de la Santé publique. Selon des sources internes, d’autres prisonniers VIP, ont fait l’objet d’agressions physiques, mais sans dommages : Iya Mohammed l’ancien directeur général de la Sodecoton, et ancien président de la Fédération camerounaise de football; le Prof. Dieudonné Oyono, ancien recteur de l’Université de Douala; Basile Atangana Kouna, ancien ministre de l’Eau et de l’Energie. Les locaux de Dieudonné Oyono et d’Iya Mohammad, ont été saccagés. De ces émeutes, l’on apprend qu’Inoni Ephraim a été blessé à la cheville, tandis qu’Urbain Olanguena Awono, a été blessé à la tête. Nous ne sommes pas à mesure de confirmer ou d’infirmer des versions selon lesquelles ces derniers, auraient été admis dans un hôpital mieux loti de la capitale.
D’autres prisonniers dits fortunés, ont tout simplement été dépouillés de leurs biens: sommes d’argent, objets de valeur. On dirait une guerre entre prisonniers indigents, et prisonniers de la haute classe.
Deux blessures graves ainsi que quatre blessures légères ont aussi été signalées dans certains quartiers de la prison.
Pour ce qui est des dégâts matériels, le bureau du chef de la Discipline a été saccagé, celui des intendants, celui du surveillant général, celui de la sacristie ( religion catholique). Le portail du quartier 3 arraché.
La salle informatique détruite, la bibliothèque, la salle d’apprentissage de couture pour femmes.
La prison centrale de Yaoundé ressemble à un champ de ruines.
Camer.be : Yolande Tankeu
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Mutinerie à la prison de Kondengui : 177 détenus interpellés
Le communiqué rendu public hier par le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi.
«Le gouvernement de la République informe l’opinion nationale et internationale, que, tout au long de la journée du 22 juillet 2019, un mouvement d’humeur initié par des détenus bien identifiés, a créé un climat de tension au sein de la prison centrale de Kondengui à Yaoundé. Initialement annoncé aux autorités en charge de ladite institution pénitentiaire, comme un regroupement de personnes en détention provisoire, dans le cadre des troubles sécuritaires perpétrés dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et désireux de présenter les doléances des intéressés auprès des hautes autorités de l’État, ce mouvement s’est rapidement transformé en une insurrection violente.
Tenant en haleine, et successivement, d’abord les responsables de l’administration pénitentiaire, ensuite, les autorités administratives territorialement compétentes, ces insurgés, rejoints par d’autres détenus venus en renfort, et espérant tirer profit de la situation, sont alors passés à la phase violente de leur entreprise séditieuse. C’est ainsi que, dans une démarche savamment planifiée, ils ont entrepris de semer la panique au sein de l’établissement pénitentiaire, s’attaquant notamment, à d’autres quartiers de la prison restés en marge de la mutinerie.
Devant l’ampleur de la menace et de la violence, les Forces de maintien de l’ordre ont été mises à contribution, afin de juguler les effets néfastes engendrés par ces débordements. Le gouvernement tient, au demeurant, à louer le professionnalisme, la maîtrise et le sang-froid, avec lesquels, les Forces de sécurité ont su faire face à la situation et ramener le calme au sein de la prison, en usant des méthodes et des outils modernes de dissuasion. Il est à noter, par ailleurs, qu’aucun tir à balle réelle n’a été effectué durant l’intervention.
La première évaluation de cet incident fait état d’importants dégâts matériels enregistrés, dont, l’incendie de la bibliothèque de la prison, de l’atelier de couture des femmes et du bureau du responsable de la discipline des détenus, ainsi que le pillage des petits commerces internes au pénitencier. Cent soixante-dix-sept détenus repérés parmi les meneurs ont été interpellés, et sont à l’heure actuelle, en exploitation dans les services de la police et de la gendarmerie. Il convient de relever également qu’aucune perte en vie humaine, ni aucun blessé, ne sont à signaler parmi les Forces de maintien de l’ordre et les insurgés. Cependant, du fait des actes d’agression perpétrés par lesdits insurgés, deux détenus ont été blessés dans leurs quartiers pénitentiaires. Ils ont immédiatement été pris en charge dans un centre hospitalier de la ville de Yaoundé.
Le gouvernement regrette vivement et condamne ces actes inadmissibles, qui surviennent, alors que la justice républicaine s’emploie à connaitre souverainement, mais graduellement, en toute objectivité et en toute impartialité, des cas de ces détenus contestataires, conformément aux procédures en vigueur. En tout état de cause, et en dépit de leurs velléités insurrectionnelles, le gouvernement demeure attentif aux appels de ces compatriotes détenus, et entend continuer à œuvrer, pour ce qui est de sa responsabilité, à une diligence des procédures en cours, dans le strict respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire. »
Yaoundé, le 23 juillet 2019
(é) René Emmanuel SADI
Source : Cameroon Tribune