Nécropolitique et Justice aux ordres à Yaoundé
L’exigence d’une enquête indépendante, au besoin sous supervision internationale, consécutivement à l’assassinat crapuleux du journaliste Martinez Zogo nous paraît aujourd’hui la seule réelle garantie de parvenir à la manifestation de toute la vérité.
L’impunité totale dont jouissent généralement les auteurs et commanditaires affiliés au pouvoir en place amène à penser que la supposée enquête diligentée par les autorités Camerounaises participe simplement de la diversion politique et médiatique.
En effet, nous sommes conscients que le martyre de Martinez Zogo est le résultat d’un État nécropolitique où le pouvoir est privatisé en petits clans de réseaux patrimoniaux et clientélistes avec une loyauté totale envers le souverain; caractérisés par l’utilisation du pouvoir social et politique pour dicter aux camerounais comment ils doivent vivre ou devraient mourir. Aussi, ont-ils pratiquement un droit de vie et de mort sur toute personne qu’ils jugent déloyale envers le régime de la terreur en place.
C’est la lutte entre ces clans dans une atmosphère de fin de règne qui a abouti à l’exécution publique de Martinez Zogo.
En effet, la nécropolitique est un cadre qui éclaire la manière dont les gouvernements attribuent une valeur différentielle à la vie humaine. Plus vous êtes proche du pouvoir dominant, plus votre vie vaut, et plus vous êtes loin du pouvoir, plus votre vie est jetable.
Sous un régime nécropolitique, tel que le régime de Biya, où le pouvoir de décider que vous pouvez vivre ou mourir appartient au régime, une justice indépendante n’est absolument pas possible. Car toutes les institutions sont privatisées et contrôlent le système à travers une violence meurtrière, où des assassinats tels que ceux de Martinez Zogo, Bibi Ngota, ou Joseph Wazizi sont de facto extrajudiciaires.
En ce sens, le régime nécropolitique de Yaoundé ne peut rendre justice à sa propre loi nécropolitique de l’assassinat systémique. Cette forme de souveraineté – dirigée sur les corps – n’est pas guidée par la légalité libérale, comme l’illustrent les tueries de Zogo, Ngota, ou Wazizi, et la guerre civile dans les régions anglophones du Cameroun. Ceux qui croient que le régime peut parvenir à une justice libérale sont tout simplement des imbéciles.
En effet, c’est un régime qui n’a ni payé le prix de ses différents meurtres extrajudiciaires, ni jamais manifesté le moindre repentir pour son rôle d’exterminateur des vies camerounaises depuis 40 ans.
L’Institut du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – ICL2P / CL2P
English version
The demand for an independent investigation, if necessary under international supervision, following the heinous assassination of journalist Martinez Zogo seems to us today the only real guarantee of arriving at the manifestation of the whole truth.
The total impunity generally enjoyed by perpetrators and sponsors affiliated with the power in place leads one to think that the supposed investigation carried out by the Cameroonian authorities is simply part of a political and media diversion.
Indeed, we are aware that Martinez Zogo’s martyrdom is the result of a necropolitical state where power is privatized in small clans of patrimonial and clientelist networks with total loyalty to the sovereign and the use of social and political power to dictate how some people may live and how some must die. Thus, they have power of life and death over any person they deem to be disloyal to the regime.
It is the fight among these clans under an atmosphere of fin de regne which have resulted in the public execution of Martinez Zogo.
This is because Necropolitics is a framework that illuminates how governments assign differential value to human life. The closer you are to dominant power, the more your life is worth and the farther you are disposable.
Under a necropolitical regime, such as the Biya’s regime, where the power to decide you may live and who must die resides with the regime, independent justice is not possible because all institutions are privatized and drive the system through lethal violence where assassinations, such as Zogo or Bibi Ngota, are de facto extrajudicial. In this sense, the necropolitical regime of Yaoundé cannot do justice to its own necropolitical law of assassination. This form of sovereignty—directed at bodies—is not constrained by liberal legality, as illustrated by the killings of Zogo and the civil war in the Anglophone regions of Cameroon.
Those who believe that the regime can achieved liberal justice are simply fools.
Indeed, this is a regime that has neither paid any price for its various extrajudicial murders, nor ever shown the slightest repentance for his role.
The Committee For The Release of Political Prisoners Institute – ICL2P / CL2P
http://www.cl2p.org/