Le moment le plus émouvant du meeting du MRC à la place de la République à Paris le 01er février 2020, est certainement l’annonce et l’entrée en scène du musicien du bikut-si NKODO SI Tony, l’une des plus grandes figures emblématiques de l’ère culturelle Beti.
Quand son nom fut prononcé par la présentatrice des cris de joie, des youyou interminables se sont élevés. On dirait imagée le retour des lions indomptables lors de la coupe du monde 1990.
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Les camerounais fortement émus scandaient: ” vive la Cameroun, merci Si Tony, Tu es un grand homme,c’est ce pays que nous aimons…”.
En réalité, Si Tony venait d’exprimer par sa présence ce que les camerounais veulent et attendent l’avènement : un pays uni, rassemblé, sans division, sans tribalisme.
Si Tony le pont, le médiateur, la figure de la tolérance patriotique venait de montrer la lune tandis que d’autres continuent à regarder le doigt en y voyant une farfelue traîtrise. De qui et contre qui d’ailleurs ? Des vrais rigolos.
Pour ceux qui s’en souviennent encore , NKODO Si Tony n’est pas à son premier coup patriotique de rassemblement et d’apaisement du peuple camerounais au cours de ses déchirures internes.
En 1991, alors que les villes mortes battaient leur plein, le pays divisé, fortement tribalisé, la détestation tribale à son comble, Yaoundé et Douala contrôlés par les groupes d’autodéfense du chef obili Manda fils et par ceux de cap liberté de Djeukam Tchameni et Ekane Anicet, NKODO Si Tony, courageusement, comme ses ancêtres Beti be nnanga, seigneurs de la forêt, se lèvera et décidera de participer à un concert public fortement hostile aux musiciens bikut si, au stade de la réunification à Douala.
Les musiciens du makossa accusant la Crtv de favoriser le bikut si pour tuer le makossa.
À cette occasion, malgré quelques tentatives d’ actes de violences de radicaux, la population venue nombreuse à ce giga concert qui a aussi vu la participation de Ben Decca et bien d’autres sommités du makossa et manga beu, avaient salué cet acte patriotique.
Ce jour là, il y a près de 30 ans, Si Tony, venait de retablir un pont entre les radicaux de Yaoundé et ceux de Douala.
En prestant à ce meeting de Paris hier , ce mythique artiste, souvent oublié, parfois moqué pour ses difficultés, venaient de porter l’estocade, un coup fatal aux tribalistes et extremistes de tous bords politiques.
Pour ceux qui essaient d’y voir une prestation rémunérée, ils se sont trompés ,ils ont oublié que le vrai artiste est d’abord un homme spirituel, un porte parole social et un visionnaire.
SI Tony, le musicien comme le sud africain blanc le regretté Johnny Clegg au temps de l’apartheid, a encore parlé aux camerounais.
Il nous a appris que la politique n’est pas un alignement tribal autour des leaders politiques, mais des idéologies centrées sur le patriotisme et la nation.
Il nous a appris que les camerounais d’origine tribale différente sont libres de militer dans les partis de leur choix, sans que l’identité culturelle d’appartenance soit un marqueur.
C’est ce Cameroun là, qui a ému tous les camerounais hier.
Le passage de Si Tony a réglé un vrai problème, enlevé le poids enorme du tribalisme sur les épaules des camerounais, qui se sentent quelque part libérés de la haine, des catégorisations et autres stigmatisations tribales,
Le Cameroun de nos premiers nationalistes originaires de toutes tribus, assis dans un restaurant à Douala dans les années 1940 pour créer L’UPC, le parti qui nous donna notre souveraineté, se reconstruit.
Y avait-il meilleur endroit que celui de la place de la République, le plus grand symbole de la république moderne, sur lequel repose l’un des fondements de ce concept dont a plus besoin notre nation à savoir la FRATERNITÉ ?
MERCI, à toi NKODO, digne fils Beti be nnanga,fils du Cameroun, patriote, tes differentes actions d’apaisement, à chaque fois que notre république a été menacée, te suivront.
Ngan abui. Akiba.
Par Me Christian Ntimbane Christian Bomo Ntimbane