Notre culture politique est-elle dans l’impasse?
En effet, la banalisation du mal est en cours à Yaoundé, où tous les opposants politiques légitimes sont systématiquement emprisonnés et les populations civiles des régions anglophones massacrées. Pire, ces drames loin de s’atténuer, ne font que s’aggraver. Hannah Arendt et sa notion des êtres irréfléchis, du culte de la personnalité, en l’occurrence ici celui du « prophète», de la célébration de la violence comme moyen de parvenir à ses fins politiques, avait parfaitement théorisé cette banalisation du mal. Globalement il s’agit d’un dirigeant qui, comme Kronos, tente de vivre pour toujours et pratique pour cela une forme obscène d’immortalité, en vampirisant l’énergie des plus jeunes que lui, en les maintenant dans un état de zombification ou en prison.
Combien de prisonniers politiques et/ou de morts faudra-t-il donc au régime de Yaoundé?
Car c’est cela la « nouvelle normalité » à Yaoundé, où la justification de l’oppression officielle est faite au nom de la lutte contre les «terroristes» et/ou «les prévaricateurs de la fortune publique», sous le nom d’«Opération Epervier». Cette escalade répressive justifie, légitime, et autorise la torture systématique sous un despotisme légal qui devient de plus en plus psychopathique et ne produit que du gaspillage. Combien de prisonniers politique et/ou de morts faudra-t-il donc pour parler de succès de cette politique ? Combien de prisonniers politiques et/ou de morts pour que le régime de Yaoundé commence enfin à revendiquer la victoire?
Comment nous organisons-nous pour défendre les droits de l’Homme dans ces conditions?
La plupart des personnes émettent des jugements et agissent en fonction des conditions dans lesquelles elles se trouvent. Le CL2P comprend ainsi que les individus ne peuvent pas être abstraits malgré un contexte bien spécifique comme celui qui prévaut au Cameroun. En tant que tels, nous croyons en la notion de «natalité» de Hannah Arendt et du droit d’avoir des droits, ce qui signifie que nous avons des droits simplement parce que nous sommes nés.
Mais le CL2P comprend également que tout est connecté et que certaines pratiques peuvent porter atteintes aux droits de l’Homme. Pour cela, des citoyens ordinaires ont encore le droit de se sentir en colère et de manifester contre un pays qui se transforme sous leurs yeux en vaste prison à ciel ouvert. Cette banalisation du mal est expliquée par d’Hannah Arendt, notamment dans sa notion d’êtres non pensants, du fait qu’un régime oppressif commence généralement par empêcher les gens ordinaires de penser et, partant, ils finissent par abdiquer toute forme de responsabilité personnelle et politique. En conséquence, les régimes autoritaires ne réussissent que par la lobotomisation des gens ordinaires à travers la propagande et la peur.
Plus moyen de la jouer «cool »
Car dans la lutte pour la liberté, le succès n’est jamais acquis, mais l’échec est presque toujours garanti pour ceux qui ne s’investissent pas à fond pour les droits humains. Ainsi, disons le clairement : les personnes assises sur la touche espérant que le changement tombera du ciel sont stupides et lâches. La conformité n’engendre jamais de changements mais perpétue le statu quo et le néant. Tant que les personnes en attente de changements attendent Godot, cela ne se produira jamais.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
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English version
Has our Political Culture reached a dead end?
This banalization of evil is drawn from Hannah Arendt and her notion of unthinking beings, the cult and worship of the leader, in this case “the prophet” and the celebration of violence as a means to an end. In aggregate, a leader, who like Kronos, is attempting to live forever and practicing an obscene form of immortality feeding off the youth energy keeping them in a state of zombification or in prison.
How many political prisoners or dead people is too many in Yaoundé?
This is now the “new normal” in Yaounde where the justification of official oppression is made in the name of fighting “Terrorists” and “prevaricators of the public fortune” under the name of “Operation Sparrow Hawk.” These fights are legitimizing and authorizing torture under a repressive legal regime that is becoming increasingly psychopathic and wasteful. Indeed, how many political prisoners or dead people the regime of Yaoundé needs to begin claiming victory?
How do we organize for human rights under these conditions?
People makes judgements and actions under the conditions they find themselves in. Hence, the CL2P understands that individuals cannot be abstracted from a specific context. As such we do believe in Hannah Arendt’s notion of “natality” and the right to have rights which means that we have rights just because we are born. But the CL2P also understands that everything is connected and there are practices that can undermine individual human rights. However, ordinary people still have the right to feel angry and to protest a country that is turning into a prison with open sky.
Thus, this banalization of evil is drawn from Hannah Arendt and her notion of unthinking beings and how the first thing an oppressive regime does is to prevent ordinary people from thinking and therefore to abdicate any forms of personal and political responsibilities. As a consequences, authoritarian regimes only succeed through the lobotomization of ordinary people, through propaganda and fear.
No way to Play it Safe
In the freedom fight struggle, success is never a given, but failure is almost guarantee for those not giving their all. Thus, people sitting on the sideline hoping that change will fall from the sky are stupid. Conformity never breeds changes only void. Thus, people waiting for changes are waiting for Godot, something that will never happen.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P