« Existe-t-il une opposition au Cameroun?».
Cette question, qui en réalité ne se justifie pas au regard du climat politique hostile à toute voix discordante qui règne au Cameroun, tend à valoir son pesant d’or au regard des prises de position des militants et cadres de certains partis d’opposition relatives aux prisonniers politiques et victimes de l’Opération Épervier, dont nous dénonçons au quotidien les persécutions judiciaires sur fond de règlements de compte politique sur ce forum.
Au bas de certaines de nos publications, tout comme dans des celles faites sur d’autres forums, l’on a très souvent l’habitude de lire: «Tous ceux qui ont servi Biya sont des voleurs», «ils ont dîné sur la même table que le diable, alors qu’ils assument», « après Biya, tous ceux qui l’ont servi doivent le payer cher», «Tous ceux qui ont collaboré avec Biya sont des complices et ne méritent aucune attention du peuple camerounais».
De telles déclarations teintées à la fois de cynisme et d’extrémisme sont inadmissibles venant des personnes qui, une fois au pouvoir demain, sont censées garantir au peuple camerounais (y compris à leurs anciens adversaires politiques) certaines valeurs relatives aux droits de l’homme, dont une justice impartiale et équitable. Tout se passe comme si une fois au pouvoir, ils extermineraient tout ce qui a servi Paul Biya et son parti le RDPC sans y discerner le bon grain de l’ivraie. Dans ce cas, l’on ne peut s’empêcher de crier:
«Surtout pas de cette opposition là au pouvoir après Paul Biya, car les libertés et même les vies de nos pères, mères, oncles, tantes, cousins, militants du RDPC, sont en danger».
L’on se serait pourtant attendu à ce que ces partis d’oppositions là dénonçassent l’instrumentalisation de la justice par Biya et son clan amicalo-familiale pour régler des comptes à ceux qui de par leur dynamisme, leur caractère, leur indépendance d’esprit et leur compétence, leur font de l’ombre. On se serait attendu à ce qu’à chaque décision de condamnation d’une victime de cette opération à tête chercheuse, qu’un de ces partis d’opposition produise un communiqué pour dénoncer une procédure judiciaire cavalière.
Que non! Son seul problème c’est Paul Biya et tous ses collaborateurs et non les actes qu’ils posent chacun en ce qui le concerne. Nul doute qu’une telle opposition au Sénégal ou au Burkina Faso, deux pays qui ont à leur tête des caciques de l’ancien régime, ces pays seraient actuellement dans un conflit sans fin du fait d’une chasse aux sorcières sans discernement.
C’est l’occasion pour nous de saluer la mémoire de Mongo Beti, écrivain émérite décédé il y a bientôt 15 ans.
Ce dernier, militant du SDF à cette époque, a créé en juillet 1997 le Comité de libération du citoyen Titus Edzoa. Ce dernier, ancien tout puissant secrétaire général à la présidence de Paul Biya, a été arrêté de façon arbitraire le 4 juillet 1997 (quelques mois après sa démission du gouvernement) alors qu’il venait d’annoncer sa candidature aux élections présidentielles prévues cette année-là. À aucun moment, l’on a entendu Mongo Beti ronronner des arguments à deux sous du genre: «c’est entre lui et Paul Biya là-bas» , «il a servi Biya, qu’il assume», «quand on dîne sur la même table que le diable, il faut en assumer les conséquences», etc…. Nul n’ignore pourtant que Mongo Beti était très critique envers le régime de Paul Biya dont Titus Edzoa a été l’un des membres.
C’est aussi l’occasion pour nous de saluer tous ces prisonniers politiques que nous défendons dont Marafa Hamidou Yaya, Polycarpe Abah Abah, Jean Marie Atangana Mebara, Iya Mohamed, Me Lydienne Eyoum, Urbain Olanguena Awono, Yves Michel Fotso, Zacchaeus Forjindam, sans oublier le réfugié politique Dieudonné Ambassa Zang. Des dignes fils de notre pays qui, pour avoir voulu donner une autre image à notre nation, pour avoir servi le Cameroun avec abnégation et patriotisme ont été jetés en prison comme des malpropres sans la moindre preuve de détournements de deniers publics. Nous leur rassurons de notre soutien indéfectible face à la dure épreuve qui de la vie carcérale, qui de l’exil, qui leur a été imposée par des personnes sans foi ni loi cachées derrière les sceaux de la République.
Source: Soutenons les prisonniers politiques