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Tchad: Idriss Déby annonce la création d’une nouvelle cour
Convaincu que le détournement de fonds est un frein à la croissance, le président du Tchad Idriss Déby a annoncé la création d’une cour de justice spécialement dédiée aux crimes économiques lors de ses voeux à ses compatriotes. Cette cour dont les détails ne sont pas encore connus suscite scepticisme et circonspection. Le président tchadien a aussi annoncé qu’en 2017 les Tchadiens devraient se serrer la ceinture, ce qui augure mal pour les fonctionnaires en grève depuis plus de trois mois.
Dans son message à la nation, le chef de l’État a reconnu qu’en plus de la conjoncture internationale défavorable, d’autres facteurs ont compromis le développement du Tchad.
« Nous devons reconnaître aujourd’hui que la corruption et le détournement ont gravement consommé les ressources nécessaires au développement du pays, a déclaré Idriss Déby. C’est pourquoi la lutte contre les prédateurs sera plus que jamais renforcée et une cour spécialement dédiée aux crimes économiques et à la corruption sera mise en place dès le premier trimestre de l’année 2017 ».
« Nous allons nous serrer la ceinture, a poursuivi Idriss Déby. Quand nous avons eu l’argent du pétrole, nous avons accordé des augmentations. À présent qu’il n’y a pas d’argent, nous devons accepter les efforts et les sacrifices pour ne pas aggraver les déficits et rétablir les équilibres dans notre économie. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, que nous pouvons espérer redémarrer la machine ».
Réactions mitigées
Dans l’opinion tchadienne, l’annonce est plutôt accueillie favorablement. Cependant, beaucoup s’interrogent sur l’efficacité d’une telle cour. Il existe déjà l’Inspection générale d’État et la Cour des comptes. Si la corruption et les détournements persistent, il s’agit plutôt d’une question d’homme que d’institution, estime un analyste.
Un autre ajoute : « C’est plutôt à la justice sociale qu’il faut s’atteler, que tous les citoyens soient égaux devant la loi. Sans quoi, on ne sacrifiera que du menu fretin, les gros “détourneurs” ont toujours échappé à la justice depuis que les opérations “mains propres” ont été mises en place dans ce pays ».
Pour un troisième analyste, il faudra surtout que les membres de cette cour soient des fonctionnaires expérimentés pour que l’on ne retombe pas dans les erreurs de procédure qui arrangent toujours ceux qui ont volé.
« L’année 2016 qui s’achève a été particulièrement éprouvante pour notre pays, a déclaré le président tchadien à l’occasion de ses voeux. Il n’y a pas d’argent. Ce n’est pas seulement au Tchad que l’argent est rare. L’argent est rare partout ».
Cette annonce comme quoi les Tchadiens devront « se serrer la ceinture » augure mal pour les fonctionnaires en grève depuis plus de trois mois. « Pourquoi les caisses sont vides ? Il faut bien qu’il [Idriss Déby] se pose la question, réplique Younous Mahadjir, vice-président de l’Union des syndicats du Tchad, en soulignant que si les caisses sont vides c’est que l’argent a été « dilapidé ».
Par RFI