«Je suis allé à l’ambassade du Cameroun à Paris le cœur léger et me réjouissant par avance de la joie que j’allais avoir de retrouver mes compatriotes qui travaillent là-bas pour les saluer et me retrouver un peu au Cameroun. À ma grande surprise, les deux vigiles européen et asiatique trouvés sur les lieux ne m’ont pas laissé entrer. Après que j’ai décliné mon identité ‘Me Momo, avocat, président du Paddec, parti d’opposition, conseiller municipal, candidat à la dernière présidentielle’, etc., le vigile m’a prié d’attendre qu’il appelle à l’étage.
Cinq minutes plus tard, il m’a fait savoir qu’aucun responsable ne pouvait me recevoir. Que l’intérimaire serait présent seulement le mardi. Lorsque, plus tard, j’ai raconté ma mésaventure aux compatriotes, ils m’ont fait savoir que notre ambassade à Paris est le chantre du RDPC (parti au pouvoir, Ndlr) qui y tient régulièrement ses réunions et que moi, opposant, y était persona non grata. Si cela est vrai, ce serait triste.
Une curiosité cependant: trois hommes sont sortis de l’ambassade peu après. Je crois que c’était pour bien me voir puisqu’ils sont restés dans la cour à discuter et a m’observer du coin de l’œil. J’ai demandé à une Camerounaise venue pour son état civil de me prendre en photo devant l’ambassade. Elle a refusé craintivement affirmant que les choses du Cameroun sont compliquées. J’ai beau lui dire que ce n’était pas interdit, peine perdue. Même à Paris, les Camerounais ont peur de leur ombre.
Quel pays! Quelle démocratie de la terreur! Quel régime terroriste finalement pour un peuple en captivité!»
Par Maître Jean De Dieu Momo