Pourquoi une manifestation à Paris pour le drame qui vient d’avoir lieu à Eséka au Cameroun?
C’est la question curieuse que de nombreux compatriotes se posent dans les réseaux sociaux. Curieuse parce ceux qui la pose semblent oublier que des milliers de Camerounais vivent en France et ne peuvent donc concrètement, manifester leur solidarité avec les morts d’Eséka, que sur les bords de la Seine, où ils sont installés pour certains, définitivement avec leurs familles, depuis des dizaines d’années.
Mais il n’y a pas que cet aspect pratique des choses. Il y a aussi que, n’en déplaise à d’aucuns, Paris est la capitale de l’Afrique francophone et que, manifester à Paris, sous les fenêtres du président Hollande, qui de facto est le suzerain des chefs d’États du pré-carré français en Afrique, n’est pas sans importance au moins sur deux plans. D’une part, ceci atteste de manière pratique l’externalisation résolue et concrète du problème camerounais dans la capitale française et, d’autre part, envoie un signal fort aux tenants du pouvoir de Yaoundé qui, plus que tout, détestent que l’on mêle la communauté internationale à ce qui se passe au Cameroun et que l’on ternisse de ce fait, une image qu’ils voudraient présenter comme idéale.
Et, en plus de ces deux raisons, on devrait même en outre rappeler simplement à ceux qui se posent cette question insolite que, le monde étant devenu un village dans lequel même la barrière des océans et des mers est tombée, il ne faudrait plus s’étonner que de la même manière que l’économie se globalise, les revendications politiques en fassent autant. En effet, il n’y aura plus seulement les bombes que certains font exploser aux endroits les plus inattendus qui attesteront de l’opposition à l’ordre régnant et à ses complicités, il y aura de plus en plus également, le cri des damnés de la terre ayant opté pour le combat non-violent, qui se fera entendre désormais même dans les grandes métropoles de la planète terre.
Soyons donc tous à la Porte d’Auteuil à Paris samedi 12 novembre à 14h00, pour manifester notre solidarité aux morts d’Eséka et notre ras-le-bol à la mauvaise gouvernance du Cameroun, qui en est la cause principale.
Par Jean-Pierre Djemba