Pas d’Hospitalité pour les Tyrants
Par Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P et Joël Didier Engo, Président du CL2P
Le mutisme des puissances occidentales qui ont toujours fermé le yeux sur les crimes de sang perpétrés par des dictateurs qu’elles accueillent généralement à grand renfort de sécurité restera une source d’incompréhension, même si elles le mettent sous le compte de la realpolitik. Particulièrement, la manière dont ce type d’hospitalité se retrouve en flagrante contradiction avec les principes voulus universels qui sous-tendent ces démocraties libérales, comme par exemple la centralité de la loi et des droits humains face au pouvoir absolu et au culte de la personnalité, qui eux piétinent allègrement les libertés individuelles et la protection requise des minorités exposéesaux abus récurrents des régimes totalitaires….
Bref c’est tout le concept de tolérance qui est ainsi bafoué par ses principaux promoteurs sur la scène internationale.
Aussi, les crimes de guerre et les violations des droits de l’homme sont demeurés impunis depuis des décennies, précisément parce que personne ne s’en soucie réellement à l’échelle internationale, ou alors parce que personne ne peut et/ou ne veut rien faire, alors même quedes pays comme le Cameroun ne disposent d’aucun système judiciaire indépendant.
Car il faut être fondamentalement formaté à l’insignifiance de la vie de l’Homme, et singulièrement de l’Homme (noir) africain, pour oser le gazer comme ont procédé les forces de sécurité Suisse samedi 29 juin 2019 à Genève contre des manifestants pacifiques camerounais, afin de protéger un tyran octogénaire et sanguinaire qui a poussé des millions de ses compatriotes à l’exil et mène une guerre civile d’une brutalité inouïe à d’autres dans les deux régions anglophones. Le comportement de la Suisse qui abrite le siège du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, à l’égard de ces manifestants pacifiques, laisse pour le moins perplexe. Il ôte toute crédibilité à son offre de médiation sur la crise anglophone au Cameroun. Il s’agit indiscutablement d’un « médiateur » à la fois juge et partie, car principal allié et complice de la dilapidation des fonds publics opérée sur son sol depuis un palace genevois par le principal bourreau des camerounais durant maintenant 37 interminables années.
Ainsi donc la cause principale de l’hypocrisie du libéralisme politique en Occident provient paradoxalement de soi-disant « libéraux » modernes, autrement dit de personnes qui s’identifient comme « tolérantes » et « socialement progressistes», mais dont les actions suggèrent fortement qu’ils sont tout sauf des libéraux.
Cette hypocrisie a surtout de graves conséquences pour notre conception universelle de la démocratie. Car ils ne comprennent pas et n’y intègrent pas complètement le concept de tolérance, ni dans son objectif (en un mot, c’est à la fois rechercher la vérité en examinant tous les arguments et permettre à différents groupes de vivre dans une relative harmonie), ni dans son universalité. Ils pensent uniquement à orienter le débat puis à formater les esprits, à ne surtout pas permettre l’expression d’autres points de vue, d’autres ni opinions et ni la description d’autres faits ; pas plus d’ailleurs qu’ils tolèrent que leurs points de vue (à eux) soient contestés.
La brutalité de la Suisse vis-à-vis des manifestants pacifiques camerounais n’a fait que montrer toute la cruauté d’une mondialisation orientée et d’une «idée libérale» viciée, dont les décisions échoient uniquement à l’Europe et aux USA en fonction de leurs seuls intérêts. Aujourd’hui y compris dans ces sociétés occidentales le fossé entre les intérêts des élites et ceux des citoyens ordinaires se creuse chaque jour. C’est le diktat néo-libéral avec ses compromissions avec les pouvoirs absolus qui doit primer, ou rien, nous dit-on. Aussi paraîtrait-il que les idées libérales vont très bien, mais au grand détriment de l’écrasante majorité des populations de la planète, dont ces citoyens ordinaires du Cameroun qui en payent le prix fort. C’est exactement contre cette injustice mondiale qu’ils ont (osé) protester en plein centre de Genève en Suisse sous les fenêtres du dictateur vient y dilapider leurs maigres ressources depuis 37 années!
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P et Joël Didier Engo, Président du CL2P
VIDÉO: CALIBRI, FONDATEUR DE LA BAS: DISCOURS POIGNANT EN SUISSE À HÔTEL INTERCONTINENTAL, BIYA DICTATEUR
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English version
No Hospitality for Tyrants
This silence of the Western powers turning a blind eye on blood crimes perpetrated by dictators whom they welcome with great security has always been a misunderstanding, even if they put realpolitik reasons, particularly, for the ways in which this kind of hospitality contrast the principles underpinning liberal democracies with rule through authoritarianism and the personality cults against the centrality of the rule of law, human rights, individual freedom and the protection of minorities from harm and abuses by promoting the concept of tolerance.
Thus, war crimes and human rights violations have gone unpunished for decades, because no one cared internationally, or no one was able to do anything, and because countries, such as Cameroon, has no independent judiciary to speak of.
We must fundamentally be formatted with the insignificance of the life of the (black) African man in particular, to dare to gas him as the Swiss security forces have done on saturday 29, 2019, in order to protect an octogenarian and bloodthirsty tyrant who pushed millions of his compatriots to exile and leads a civil war of unheard-of brutality to others in the two English-speaking regions.
The behavior of Switzerland, which houses the headquarters of the United Nations High Commission For Human Rights, with regard to peaceful protesters, is puzzling at best. It removes any credibility from its offer of mediation on the Anglophone crisis in Cameroon.
Thus, the single, biggest cause of the hypocrisy of political liberalism in the West, has, ironically, come from so-called modern-day ‘liberals’ – in other words, people who self-identify as ‘tolerant’ and ‘socially liberal’ people but whose actions strongly suggest they’re anything but not. There is a serious hypocrisy from these people that has serious ramifications for our democracy. They do not understand the full concept of tolerance nor its purpose (in a nutshell it is both to seek the truth through full examining of all arguments and to allow different groups to live in relative harmony). Instead they abuse and misuse the term in the same way as the far-right – to close off debate and minds, not allow alternative views, opinions and facts to be aired or allow their views to be challenged.
The Swiss’ brutal handling of the Cameroonian protesters only show that globalization and the ‘liberal idea’ are failing in Europe and the US. The gap between the interests of the elites and the ordinary people is growing every day. Its either the liberal way or no way. Thus, liberal ideas are all very well but it is the ordinary people who pick up the tab and that is exactly the kind of thing that these Cameroonians in Switzerland are protesting against!
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesperson of the CL2P and Joel Didier Engo, Président of the CL2P