Ces derniers jours ont été révélateurs de quelque chose de beau, de grand, d’historique, les plus de 20,000 signatures de la pétition d’intellectuels demandant ma libération, mais aussi, de quelque chose de terrible: la scène publique camerounaise manque totalement de repère moral. Depuis 1955, les intellos de notre pays ont cru que l’idéologie marxiste pouvait leur servir de supplétifs, pouvait leur donner une orientation pour définir ce que c’est que le changement – d’où leur référence intempestive a Um Nyobe. Ils en ont même oublie la chute du mur de Berlin et l’implosion communiste, qui pour eux n’ont jamais eu lieu. Cette absence de repère moral se fait sentir cruellement en effet dans ce qui fut la Gauche camerounaise, dont une partie a été facilement noyautée par l’extrême Droite en 2005, dans sa chasse aux bouc émissaires, avec Épervier – les ‘pédés’, les ‘anustocrates’, les ‘rosicruciens’, sont ainsi devenus ses châteaux de cartes.
La déroute a été cuisante, même avant mon arrestation – pensez aux gens comme Djeukam Tchameni, comme Anicet Ekane, mis sans caleçon devant nous tous, ou alors aux gens comme Jean-Marie Teno. Cuisante a été la défaite. J’ai demandé à Jean-Marie Teno que je croyais être mon frère, que j’ai hébergé au Cameroun et aux USA, que, hasard de la vie j’ai rencontré a Bamenda lors de mon périple, et qui n’a rien fait, mais alors rien lors de mon arrestation alors qu’il était à Bandjoun; je lui ai demandé, qu’est-ce qui est pire, l’hypocrisie de Mbembe, la trahison de Enoh que j’ai sorti du trou, nourri pendant sept ans, et qui s’est retourne quand j’étais couche pour essayer me mordre, ou alors son silence à lui, Teno. Absence de repère moral, voilà ce que ça donne comme résultat, par exemple les textes fascistoides de Enoh Meyomesse publies dans ‘Mutations’ a propos des Anglophones, ses propres frères et sœurs qu’il livre aux chacals!
Or le repère moral pour tous ces intellos qui se bousculent dans les médias tant au Cameroun qu’a l’étranger (parler dans RFI, écrire dans Le Monde!, débattre a la télé!), le voici, et je l’ai toujours montre, et démontre dans des actes aux résultats concrets. Dire qu’il faut encore expliquer ces évidences a certains routiniers des revisionnions et des journaux étrangers, qui parlent de manière hautaine des Camerounais (‘peuple qui s’ensauvage’), de l’opposition camerounaise (‘elle est bête’), et qui depuis 1990 n’ont plus jamais mis les pieds au Cameroun, sans que personne ne les chasse. Sans que personne ne les chasse.
Un Français, je me demande souvent, car c’est les Français qui donnent la parole a telle escroquerie intellectuelle, un Français peut-il permettre qu’un universitaire, quelque soit son diplôme, ses grades et son université, parle de la France en 2018 sans y avoir jamais plus mis les pieds depuis 1990? Les Français peuvent-ils permettre ca? Ah, le manque de respect par rapport au peuple camerounais! J’attends tout ce monde nourri a la tautologie, je les attends, comme je l’ai toujours dit, ici, dans le watarout, et mon expulsion du Cameroun ne va pas changer cela.
Concierge de la république.