Paul Biya, Codiv-19: une vacance du pouvoir connue au-delà des cercles habituels de la Françafrique
On comprend mieux comment et pourquoi le maître de l’Élysée a tiré son vieux « bon élève » du confinement. La vacance du pouvoir à Yaoundé commençait à s’ébruiter au-delà des cercles habituels de la Françafrique.
En effet tant que le principal opposant Maurice Kamto dénonçait au Cameroun cette absence indécente en pleine pandémie du Condiv-19 d’un despote de 87 ans, prétendument plébiscité en 2018 par son peuple, personne à l’Élysée ne semblait s’en émouvoir; jusqu’à ce que toutes les grandes chancelleries occidentales puis la presse internationale et africaine s’en indignent alors que nous sommes en présence ici due deuxième pays le plus contaminé en Afrique.
Et hop l’ambassadeur de France se fait recevoir en grande pompe au palais présidentiel du Cameroun, les partisans du tyrans chantent « sa résurrection », et la France pallie à son inertie légendaire en abondant le Cameroun en aide financière et autres dons de matériels pour les victimes. Là où précisément l’État du Cameroun fait le service minimum, pour ne pas dire a abandonné les camerounais à eux-mêmes depuis 06 semaines.
Comble d’indécence: il est reproché à Maurice kamto par divers procès en sorcellerie d’avoir alerté sur cette situation abracadabrantesque qu’aucun pays, aucun peuple au monde ne saurait accepter: être en pilotage automatique sous une propagande dictatoriale et une répression aveugle en pleine pandémie mondiale.
Vive la Françafrique!
Le grabataire Biya peut à nouveau aller somnoler en silence en faisant illusion de gouverner par « décrets très très présidentiels », pendant que Paris s’attelle à préparer sa succession (au cas où) avec un autre membre de son entourage voire de sa famille, tout aussi fainéant que lui et surtout insensible au sort des camerounais. L’important étant de préserver la mainmise de la France sur ce pays et toute la sous-région d’Afrique centrale.
Mais jusqu’à quand?
Joël Didier Engo, Président du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
[spacer style="1"]
Au Cameroun, l’opposant Maurice Kamto dénonce la « vacance de la présidence de la République »
Le chef de l’État, Paul Biya, ne s’est pas adressé à la nation depuis le début de la pandémie liée au coronavirus.
Le principal opposant camerounais, Maurice Kamto, a affirmé avoir démarré une procédure pour que le Conseil constitutionnel constate la vacance du pouvoir face à l’absence prolongée du président Paul Biya, dont une première photographie depuis plus d’un mois a été publiée jeudi 16 avril sur Facebook.
Paul Biya, 87 ans dont trente-sept à la tête du Cameroun, ne s’est pas adressé à la nation depuis le début de la pandémie liée au coronavirus, contrairement aux autres chefs d’Etat d’Afrique centrale. Et il n’était pas apparu en public depuis sa rencontre avec l’ambassadeur américain, photographiée par son service de presse le 11 mars.
Lire aussi « Ce sont des mouroirs » : au Cameroun, les centres de santé clandestins démunis face au coronavirus
Maurice Kamto, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, avait demandé fin mars à ce qu’il « s’adresse aux Camerounais ». « Face à la situation politique inédite dans laquelle se trouve notre pays, caractérisée par l’absence prolongée et inexpliquée du chef de l’Etat en fonction, j’ai décidé d’agir », a-t-il écrit sur sa page Facebook mercredi soir. Il a précisé avoir « saisi » le président de l’Assemblée nationale pour qu’il saisisse à son tour le « Conseil constitutionnel aux fins du constat de la vacance de la présidence de la République ».
« Politique-fiction »
Après des publications sans photographie du président le mois passé, le compte Facebook de M. Biya en a publié une de lui, jeudi, au côté de l’ambassadeur de France, Christophe Guilhou. « Au menu de notre échange de cet après-midi : la gestion de la pandémie Covid-19 au Cameroun, en France et dans le monde », affirme la légende. Contactée par l’AFP, l’ambassade de France à Yaoundé n’était pas joignable jeudi après-midi.
Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) a réagi directement au communiqué de M. Kamto, dénonçant une « politique-fiction » de l’opposant. « La présidence de la République n’est pas vacante au Cameroun », selon Jacques Fame Ndongo, ministre et secrétaire à la communication du RDPC. « Aucun citoyen ordinaire n’a le droit de saisir le président de l’Assemblée nationale [ou son] bureau », a-t-il ajouté, précisant que si M. Kamto était député, il aurait pu prendre cette initiative.
Lire aussi Au Cameroun, le difficile métier d’infirmière et d’infirmier au temps du coronavirus
Le parti de Maurice Kamto, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), a boycotté les législatives de février. Le RDPC a été le grand vainqueur du scrutin, avec 152 des 180 sièges de députés. L’inamovible président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril, est un fidèle de M. Biya. Et le Conseil constitutionnel est dirigé par un magistrat à la retraite, Clément Atangana, réputé proche du régime.
Le Monde avec AFP