Dira-t-on un jour de Paul Biya , qu’il fût le roi du Cameroun, comme on le fit de Moboutu Sésé Seko Koukou Mgbe Ndou Wazabanga après sa mort , au sujet du zaïre?
Je reconnais volontiers , qu’écrire sur la longévité politique de Paul Biya , n’est pas chose aisée, tellement son histoire personnelle, semble se confondre avec celle du pays , le Cameroun en l’occurrence, qu’il dirge depuis 34 ans sans discontinuer . Lorsque Paul Barthlémy Biya Bi Mvondo revient de France en 1962 , au terme d’un un parcours universitaire des plus brillants ( licence en droit , et un diplôme en Sciences politiques) , il n’est alors alors âgé que de 29 ans , et c’est muni d’une lettre de recommandation en bonne et due forme de Louis -Paul Aujoulat , un pieds Noir que ses contemporains soupçonnent d’être le promoteur de l’homosexualité comme passe-droit , au sein de l’élite politique gouvernante camerounaise , qu’il frappe à la porte du bureau du président Ahmadou Ahidjo, lui-même tributaire de ce dernier que plusieurs sources disent être son parrain en politique .
Fort de ce sésame , il est aussitôt nommé chargé de mission à la présidence de la république avec rang et prérogatives de ministre, mais un petit retour en arrière s’impose .
Paul Biya qui est fils de catéchiste , a fait l’essentiel de sa prime scolarité dans les institutions missionnaires et aux petits séminaires d’Édea et d’Akono, et c’est la création du premier établissement secondaire au Cameroun, c’est-à-dire du Lycée Général -Leclerc en 1952, qui va le mettre sur la trajectoire de Louis-Paul Aujoulat , qui n’affectionnait guère que la compagnie des hommes . À ce propos, un jour qu’il s’avisait à faire des propositions explicites à André-Marie Mbida, futur premier ministre du Cameroun indépendant , un Eton à la retheorique redoutable et fort en gueule, ce dernier lui rétorqua : ” Mais si tu me baises , qui va baiser ma femme Marguérite ? “
Pour revenir au Lycée Général-Leclerc, cet établissement qui ouvre ses portes en 1952 , va à ses débuts accueillir essentiellement et quasi-exclusivement , les enfants jugés prometteurs par l’administration coloniale française, mais aussi ceux des Nègres dits ” évolués” , sachant correctement manier et mimer la langue et les manières , y compris l’accent, des blancs .
L’établissement est inauguré par Louis-Paul Aujoulat , président de l’Assemblée territoriale , c’est comme ça qu’on désigne les parlements des colonies , où un semblant de pouvoir législatif traitant des affaires exclusivement locales leur est dévolu. Philippe Gaillard , l’auteur de ” Ahidjo, Tyran ou Patriote “ , dira des années plus tard de Paul Biya qui ne rejoint le lycée Général-Leclerc que deux ans après sa création , qu’il fût remarqué par Louis-Paul Aujoulat, ” au terme d’une jeunesse studieuse , sans militantisme ni révolte , et c’était un garçon très policé, très urbain, très respectueux de l’ordre et des hiérarchies. Parfait , trop parfait, sans aspérité”.
C’est donc tout naturellement que Paul Biya obtient une bourse en 1956, pour poursuivre ses études à Paris . À suivre pour cause des résultats de l’élection présidentielle aux États-Unis.