LE REDHAC DEMANDE LA LIBÉRATION IMMÉDIATE ET SANS CONDITION DU JOURNALISTE #MICHEL_BIEM_TONG INCARCÉRÉ ET TORTURÉ AU SED DEPUIS LE 23 OCTOBRE 2018
Le Redhac, inquiet de la situation actuelle des journalistes au Cameroun , a organisé en ce 14 novembre 2018 à 11h en son siège un point de presse à cet effet dont la teneur suit:
Point de presse sur la situation des journalistes au Cameroun
Siège du REDHAC, 14 Novembre 2018
::::::::::::::::::::::::::::::
Propos liminaire de Mme Maximilienne C. Ngo MBE, Directrice Exécutive du REDHAC
Mesdames, Messieurs les journalistes,
L’heure est grave ! Une bourrasque souffle depuis quelques semaines sur les hommes et femmes des medias. Outre les menaces et autres manœuvres d’intimidation que vous endurez de plus en plus sur les différents théâtres de couverture de certains événements, voici que depuis le 23 Octobre dernier, le directeur de publication de Hurinews, organe d’information en ligne et activiste des droits humains, Michel Biem Tong fait l’objet d’une privation de liberté abjecte et incarcéré dans des conditions inhumaines et intolérables dans les locaux du Secrétariat d’Etat à la Défense Chargé de la Gendarmerie (SED) à Yaoundé.
Attiré dans un traquenard par le colonel Joël Emile Bankui, l’un des officiers chargé des opérations « pour une discussion », Biem Tong n’en est jamais sorti jusqu’à ce jour. Plus grave les visites lui sont formellement interdites au point où jusqu’à date il ne bénéficie guère de l’assistance d’avocats encore moins d’une prise en charge médicale ce alors que des informations tirées à bonne source en notre procession font état d’une situation fort préoccupante et inquiétante car son état se dégrade au jour le jour. Outre ses problèmes de santé il ferait l’objet de sévices corporels atroces. Sans que nous ayons été formellement notifiés nous entendons dire ici et là que son interpellation et son exploitation portent sur son exploitation « pour avoir réalisé trois, voices mails en direction des sécessionnistes ».
Le REDHAC apprendra quelques jours plus tard qu’il serait poursuivi pour « apologie du terrorisme et incitation à l’insurrection » aussi encourt-il la peine maximale (condamnation à mort) prévue par l’article 2 de la loi N°2014/028 du 23 Décembre 2014 qui réprime « les actes de terrorisme ».
Le 03 Novembre dernier, c’est Joseph Olinga Ndoe, le correspondant régional du quotidien Le Messager à l’Ouest qui a été interpelé par une patrouille civile des éléments du groupement de gendarmerie nationale de la Mifi à Bafoussam dans un snack où il achevait sa journée de travail en compagnie d’un de vos confrère et d’une consœur, les nommés Donat Suffo et Elisabeth Benkam. Roué de coups comme un vulgaire brigand dans une barbarie hors du commun et amené manu militari pour avoir cherché à savoir qui étaient ces justiciers venus demander à la clientèle de ce lieu de détente de le vider alors que ces derniers n’avaient pas présenté le moindre document leur attribuant un tel pouvoir décisionnel, il sera conduit lui aussi à la brigade après avoir reçu une avalanche de coups. Au bout de quelques jours de garde à vue il sera conduit au parquet d’instance et comparaît libre depuis quelques jours.
Le cas le plus récent est celui de Mimi Mefo Takambou, Rédacteur en Chef Adjoint du groupe Equinoxe chargée du desk Anglophone, partie comme une étoile filante de son poste de travail à la prison centrale Douala en passant par les bureaux du commandant en second de la Légion de Gendarmerie du Littoral. Une enquête a été ouverte pour : « propagation de fausses nouvelles et cybercriminalité’ » puis accusée « d’atteinte à la sécurité de l’Etat » par le Commissaire du Gouvernement près le Tribunal Militaire de Douala juste pour avoir relayé une information de l’agence d’information Catholic News Agency (CNA) sur la mort du missionnaire américain Charles Trumann Wesco à Bamenda au cours d’un échange de tirs entre l’armée régulière Camerounaise et les sécessionnistes.
Les faits ci-dessus ont été régulièrement relayés, monitorés et faits l’objet d’une alerte et d’un plaidoyer auprès d’acteurs et d’institutions de la Communauté nationale et internationale par le REDHAC qui ne lésine sur aucun moyen lorsque la liberté et les droits humains sont ainsi mis en péril et pis lorsque l’on essaie de museler les medias et les hommes et femmes des médias. A chaque fois le REDHAC a interpelé les autorités camerounaises compétentes pour la libération immédiate et sans condition de ces journalistes traités de manière cavalière et au mépris des textes régionaux et internationaux signés et ratifiés par le gouvernement du Cameroun.
Si le REDHAC peut exprimer sa satisfaction pour l’abandon des procédures engagées contre Mme Mimi Mefo Takambou, instructions « apprend t-on » données par le président de la République, nous restons inquiets sur le sort des 4 autres journalistes :
Joseph Olinga Ndoe maintenu dans les mailles de la justice pour « rébellion simple » ;
Michel Biem Tong sur qui pèse la peine capitale pour des raisons que nous expliquées plus haut ;
Michel Kalabassou directeur de publication de « Aigle du Sahel », lui aussi accusé de « diffamation » ;
Gustave Flaubert KENGNE directeur de Publication du journal « Orientation Hebdo », Coordonnateur du Regroupement des médias citoyens, sur qui pèse la peine capitale pour « Participation à des hostilités contre la patrie ».
Le REDHAC exprime néanmoins sa gratitude aux autorités étatiques camerounaises pour l’abandon des poursuites à l’encontre de Mme Mimi Mefo Takambou le lundi 12 novembre 2018.
Mais nous réitérons nos exigences formelles pour l’élargissement immédiat et sans condition des quatre autres journalistes traités le premier comme un dangereux criminel et les autres comme des mécréants. Nous saisissons cette occasion et une fois n’est pas coutume de féliciter et remercier de tout cœur notre Présidente du Conseil d’Administration, Me Alice Nkom qui a pris les devants dès le déclenchement de l’affaire Mimi Mefo Takambou et sachant son dévouement sans faille pour la cause de la défense des Droits Humains nous avons de bonnes raisons de croire qu’elle ne s’arrêtera pas en si bon chemin.
Voilà Mesdames et Messieurs les journalistes la raison pour laquelle le REDHAC vous convie encore ce matin pour un échange comme nous en avons toujours eu sur les entorses donc souffrent les Droits Humains au Cameroun ; entorses auxquelles vous les journalistes n’êtes malheureusement pas épargnés.
JE VOUS REMERCIE !
Fait à Douala, le 14/11/2018
Maximilienne C. Ngo MBE
Directrice Exécutive