Politique asymétrique, Sport sanglant et Soumission forcée à Yaoundé
La situation politique actuelle au Cameroun avec deux guerres civiles, l’équivalent de plus d’un gouvernement sous les verrous, et le chef de l’opposition avec toute son équipe jetés en prison n’est malheureusement pas une nouveauté dans l’histoire politique de ce pays.
En effet la politique camerounaise a toujours été la loi du plus fort à travers un combat à mort, où l’opposition (la vraie) est très souvent systématiquement liquidée. Il s’agit d’une guerre qui a commencé la veille de l’indépendance contre l’emblématique Union des Populations du Cameroun (UPC) qualifiée de parti d’assassins sanguinaires et de maquisards, qui a même généré le concept de l’opposition comme catégorie biopolitique à exterminer ou à emprisonner par tous les moyens, mais jamais à reconnaître dans une logique de contribution.
C’est cela l’acte constitutif de la politique camerounaise tel que promu par le parti État et usurpateur UNC-RDPC depuis 70 ans. Dans son acception de la politique camerounaise, Plus ça change, plus c’est la même chose. Ainsi, doit prévaloir uniquement une culture politique qui permet aux forces les plus brutales, les plus agressives et les moins enclines aux compromis de notre société d’être mieux placées pour décider qui détient et doit détenir le pouvoir politique (et économique, les deux forcément allant de pair à travers des opérateurs économiques membres de l’UNC-RDPC).
À cette fin, le CL2P a documenté, pendant des années, une longue liste de «transgresseurs» embastillés dans les cachots privés de Biya, qui ont refusé ou ont semblé défier la politique autoritaire d’allégeance et de courbettes envers le régime en place.
Personne à Yaoundé ne semble comprendre que l’homogénéité imposée soit incompatible avec une culture libérale démocratique. Dans ce contexte, même les partis politiques censés jouer le rôle de médiateur entre le peuple et le gouvernement sont condamnés pour ne pas avoir prêté allégeance au nègre-en-chef.
Le succès de partis politiques tels que le MRC et la rébellion dans les régions anglophones du pays, malgré ce que les idéologues du régime Biya nous récitent à longueur de journée, constituent une réaction contre l’ethnofascisme et le tribalisme qui ont été inventés puis transformés en arme idéologique par le maître colonial dans sa stratégie de « diviser pour mieux régner ». Le tribalisme devient un épouvantail dont se servent les politiciens qui n’ont pas d’imagination, donc pas de réponses pertinentes et concrètes aux problèmes actuels du Cameroun.
Dès lors comment commencez-vous à changer un système dans lequel des gens infligent de telles atrocités à leurs semblables depuis des décennies?
L’autoritarisme, comme tout autre système politique, crée, entretient et maintient ses propres « créatures » qui considèrent le changement comme une menace. C’est là que, cependant, le CL2P estime qu’il existe d’autres points de vue pour comprendre et pratiquer la politique au Cameroun, au-delà des séquelles du traumatisme colonial. Cela implique de refuser de se laisser hypnotiser ou de tomber dans un syndrome de Stockholm, avec la subjectivité cynique comme récompense.
Le CL2P ne cessera jamais de se battre pour démontrer à quel point les tribunaux contrôlés par des responsables politiques ne sont que la marque destructrice du système de Paul Biya. De plus, nous insisterons sans cesse aussi sur le visage du sadisme institutionnel intense et le coût exorbitant de ce système autoritaire pour les Camerounais ordinaires.
En fin de compte, le meilleur hommage possible qu’il faudra rendre aux prisonniers politiques de Biya sera un Cameroun libre et démocratique, et ce jour viendra inéluctablement. Quand ce jour arrivera, ce sera à cause de ces prisonniers qui suivent avec tant de courage leur conscience et font passer l’intérêt national au-dessus de leurs intérêts personnels.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Asymmetrical Politics, Blood sport and Realignment in Yaoundé
The current state of Cameroonian politics with two civil wars, more than a government and the leader of the opposition and his team now in prison is nothing new in Cameroonian politics.
Politics in Cameroon has always been a winner takes all, no hold barrels and fight to the death kind of politics beginning on the eve of the independence with the Union of Population of Cameroon labelled as party of bloodthirsty killers or “Maquisards” which set up the opposition as biopolitical category to be exterminated or jailed but never recognized in a logic of contribution.
Thus, the foundational act of Cameroonian politics has been marching in lockstep with the CNU-CPDM for the past 70 years. Indeed, in Cameroonian politics, Plus ça change, plus c’est la même chose. Thus, a political culture that only allows the angriest, most strident, least compromising forces within our society to have the best position to decide who wields political power.
To that end, the CL2P has documented, for years, a long list of would be “transgressors” sitting in Biya’s private dungeons who have refused or perceived to be challenging the politics of marching in lockstep behind the regime.
Nobody in Yaoundé seems to understand that enforced homogeneity is incompatible with a democratic liberal culture. Within that context, even political parties that are supposed to mediate between the people and the government are locked up for not marching in lockstep behind the regime.
The Success of political parties, such as the MRC, and the rebellion in the Anglophone regions of the country, despite what the ideologues of the Biya’s regime are telling us, is a reaction against ethnofascism which in itself is a product of a failed decolonization were tribalism was invented and weaponized by the colonial master as a strategy of “divide and rule.” Tribalism become a scarecrow for politicians who have no imagination, therefore, no answers for the current problems facing Cameroon.
How do you even begin to change a system in which people have been doing things like this to their fellow human beings for decades?
Authoritarianism, like any other political system, creates and maintains its own entrenched constituencies who see change as a threat. This is where, however, the CL2P believes that there are other viewpoints to understand and practice politics in Cameroon beyond being stucked in the legacy of colonial trauma, which means the refusal to be hypnotized, or to get into a Stockholm syndrome with the current regime and which translate into cynical subjectivity.
The CL2P will never stop to fight to demonstrate how politically controlled courts are nothing but the destructive nature of the system under Paul Biya. More, the face of intense institutional sadism and the staggering cost of this authoritarian system on ordinary Cameroonians.
Ultimately, how the best possible tribute to Biya’s political prisoners will be a free and democratic Cameroon, and that day will come. When that day arrives, it will be because of these prisoners who so courageously follow their consciousness and put national interest above their own personal self-interest.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P