La journaliste Hannah Nelson a été libérée un peu avant 15 heures, ce mercredi 18 novembre, soit un peu avant l’heure prévue pour le rassemblement annoncé par les réseaux sociaux devant un commissariat du 10e arrondissement de Paris pour… demander sa libération.
A sa sortie de garde à vue, la jeune photojournaliste explique à « l’Obs » la menace que, à ses yeux, la proposition de loi de « sécurité globale » fait peser sur son métier, un témoignage à retrouver dans la vidéo ci-dessous :
Hannah Nelson avait été arrêtée mardi lors d’une opération de police musclée alors qu’elle participait à une manifestation contre la loi portée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Motif de son arrestation : non-dispersion après plusieurs sommations et visage caché, la jeune femme portait effectivement un masque à gaz pour se protéger contre les lacrymogènes.« On se bat pour pouvoir travailler », explique Hannah Nelson, « c’est devenu compliqué de pouvoir exercer un métier qui nous plaît, qu’on aime, qui nous fait vivre. On aimerait pouvoir faire ça sans avoir de blessures, sans finir en garde à vue pendant 15 heures. Il faut se battre… »
Pour elle, la proposition de loi de « sécurité globale » est une « grave atteinte à notre liberté d’informer. C’est un droit fondamental qui nous est enlevé. »
« Un mauvais climat »
Venu participer au rassemblement, le député de La France insoumise Eric Coquerel a échangé avec Hannah Nelson. Selon lui, l’arrestation de la journaliste est révélatrice d’« un mauvais climat ».
« Ce n’est pas nouveau qu’il y ait des gens qui se fassent arrêter simplement parce qu’ils témoignent », affirme Eric Coquerel, « avec la nouvelle loi, ça leur donnera encore plus la possibilité d’empêcher des gens comme Hannah Nelson de témoigner. »
Il espère que l’opposition parviendra à faire un recours devant le Conseil constitutionnel contre le texte « sécurité globale », car sinon, « on aura une loi liberticide et sécuritaire », comme il l’explique dans la vidéo ci-dessous :
Au lendemain de la manifestation durant laquelle Hannah Nelson a été arrêtée, les députés ont repris l’examen de ce texte controversé, dont l’article sur l’image des policiers cristallise passions et antagonismes.
Débat sur la liberté d’informer
Le député LREM Roland Lescure, porte-parole du mouvement présidentiel, a suggéré de « peut-être faire évoluer la rédaction » de la proposition de loi, pour rappeler la « liberté de la presse », au sujet de la diffusion d’images des policiers.
« Ce n’est pas une position du groupe [LREM], en tout cas pas encore. C’est une réflexion du groupe. Il y a des amendements qui ont été déposés notamment des collègues Laetitia Avia et Sacha Houlié. On les regarde de près », a indiqué le « marcheur », devant l’Association des Journalistes parlementaires.
« L’article 24 n’interdit pas aux journalistes de filmer les policiers ou de diffuser ça sur les médias ou les réseaux sociaux. Il faudra peut-être le préciser : si ça va sans dire, ça va mieux en le disant, la liberté de la presse n’est en aucun cas affectée », a-t-il insisté, en regrettant un débat « caricatural » avec des « contrevérités propagées ».
Pourtant, selon la députée LFI Clémentine Autain, interrogée sur CNews, « c’est bien la liberté d’informer qui est mise en cause » avec cette loi qui « ne va faire que crisper davantage les relations entre la police et la population ».