Photos: MM. Aboubakar SIDIKI et Abdoulaye HARISSOU, séquestrés depuis 11 mois au Cameroun
Le prisonnier politique Paul ERIC KINGUÉ enfin libéré après 8 années d’incarcération arbitraire, n’oublions pas les autres innocents qui croupissent toujours dans les geôles de la république, dont l’opposant politique Aboubakar SIDIKI et le notaire Abdoulaye HARISSOU otages depuis 11 interminables mois des sécurocrates du régime de Yaoundé.
Le film de l’interminable descente aux enfers (source Marlyse SIBATCHEU, Quotidien Le Messager)
Me Harissou, suivi, sur écoute téléphonique, est finalement arrêté à Maroua le 27 août 2014 et mis au secret. Le Messager est aujourd’hui en mesure de retracer l’itinéraire des 30 jours de calvaire du notaire dans les geôles de la Dgre au quartier du lac à Yaoundé.
À la suite d’un traquenard policier, il est tiré du confort douillet de son cabinet vers les bureaux du gouverneur de l’Extrême-nord, mis en état d’arrestation et convoyé à Yaoundé où il est jeté dans une cellule. Les cinq premiers jours, le notaire a du mal à s’adapter et refuse de se nourrir.
Face à l’insistance de ses gardes qui lui disent que faute de s’alimenter, il peut perdre la vie, il répondra qu’il mourra certainement d’inanition ou autre, mais que ceux qui l’auront envoyé vers la mort finiront au Tribunal pénal international. Face à cette perspective, la peur change de camp. Son statut aussi. Le notaire pose des conditions pour s’alimenter :
1/pouvoir parler à sa famille;
2/faire commander ses repas au restaurant turc ‘Istanbul’ à Yaoundé, où l’on sert des plats dit ‘halal’ pour musulman ;
3/pouvoir lire les journaux.
Dès le 6e jour, Me Harissou est sorti de l’isolement ; il reçoit ses repas et les journaux ; il peut téléphoner à son épouse tous les deux jours.
Un mois plus tard après ce traitement de ‘roi’, il est conduit au Secrétariat d’État à la Défense (SED), présenté au tribunal militaire et transféré, sans qu’il lui soit signifié les motifs de sa détention, à l’ancienne et sinistre ‘Bmm’ du temps de Fochivé, aujourd’hui devenue prison principale en face de la prison centrale de Kondegui à Yaoundé. Jusqu’ici, même si quelques personnes arrivent à s’infiltrer dans les failles du système pénitentiaire comme son épouse, Me Harissou est interdit de communication.
Tout comme l’opposant Sidiki Aboubakar, une sorte de ‘Gustave Essaka du Dic’ aux premiers mois d’ouverture démocratique, critiquant, zozotant, vouant Biya aux gémonies avant de changer de camp et devenir membre de la majorité présidentielle.
Aboubakar Sidiki, menotté mains au dos durant 5 jours à la Dgre, balloté entre torture et dénonciations à l’encan, finit par cracher un morceau judiciairement indigeste qu’il ne reconnaît plus aujourd’hui que les circonstances et les conditions de détention lui donnent quelque répit. Il lui fallait à tout prix sortir de l’enfer concentrationnaire. Comme l’affaire est maintenant en instruction aux bons soins du commissaire du gouvernement dit-on, il faut laisser le temps au temps…Mais le notaire et l’opposant ne sont pas encore sortis de l’auberge. Le seront-ils tant qu’on n’aura pas noyé le poisson ?
Désormais séquestrés à l’ancienne Brigade mixte mobile (Bmm) rebaptisée «prison principale de Yaoundé» sous le coup de quatre grossiers chefs d’accusation
Depuis le mardi 21 octobre 2014 les charges suivantes sont retenues contre les deux infortunés, pour lesquels ils devraient comparaître devant le Tribunal militaire de Yaoundé à une date indéterminée:
– «Outrage au Président de la République»,
– «Hostilité contre la patrie et révolution»,
– “Complicité d’assassinat”
– et «Port et détention illégale d’armes de guerre».
Une fuite à avant répressive préjudiciable à la respectabilité internationale du Cameroun
La grandeur d’un État de droit, qui se revendique de surcroît comme “un modèle de démocratie”, consiste précisément à ne pas s’enfermer dans un déni de Droit, pour couvrir une grossière “bavure” liberticide commise – sous le couvert de la lutte légitime contre le terrorisme au Cameroun – par certaines de ses hautes autorités en charge de la sécurité nationale.
Monsieur Paul BIYA, puisque vous les avez laissé commettre de telles violations à l’encontre de Messieurs HARISSOU et SIDIKI, vous êtes bien évidemment le seul à pouvoir aussi y mettre un terme.
Monsieur le Président, nous espérons pouvoir compter sur votre “bon cœur” pour la libération de Aboubakar SIDIKI et Abdoulaye HARISSOU!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)