Dans l’imposture démocratique ambiante au Cameroun, n’oublions et n’abandonnons pas les prisonniers d’opinion dans les mouroirs de la République:
CELESTIN YANDAL ! 592 JOURS DE DETENTION “PROVISOIRE” À LA PRISON DE TCHOLLIRÉ
Demande de libération immédiate de M. Célestin Yandal militant des droits de l’homme connu notamment pour sa dénonciation des abus et exactions du lamido de Rey-Bouba sur les populations du Mayo-Rey; et des 13 jeunes du « Collectif des Jeunes de Touboro » – dont il est le Président – après 592 jours de détention préventive arbitraire à la Prison de Tcholliré au nord Cameroun
Que reproche-t-on à M.Célestin Yandal et qui veut sa tête?
Le jeune étudiant paye le prix de sa dénonciation des abus et exactions du Lamido de Rey-Bouba sur les populations du Mayo-Rey qui ne peuvent s’exprimer, car tétanisées par la peur d’éventuelles représailles de “Baba” ou de ses “Dogaris” .
Du seul fait de la volonté du lamido de Rey-Bouba, membre du bureau politique du Rdpc (parti-État du Cameroun), premier vice-président du Sénat et grand fossoyeur des droits de l’homme, Célestin Yandal moisi à la maison d’arrêt de Garoua.
Rappel des faits.
Le 23 novembre 2013, M. Yandal a été placé en détention dans les locaux de la gendarmerie de Ngaoundéré, où il croyait se rendre pour une rencontre privée avec l’un de ses proches qui travaille à la gendarmerie, sur les conseils d’un gendarme en civil rencontré quelques heures plus tôt. M. Yandal rentrait d’un déplacement à Douala où il s’était entretenu le 19 novembre avec des membres du Réseau de défenseurs des droits humains de l’Afrique centrale (REDHAC) à propos de violations subies par plusieurs jeunes de Touboro de la part du Lamido de Rey Bouba, second vice-président du Sénat camerounais.
Ce dernier avait en effet ordonné aux autorités locales, et notamment au procureur de la République de Tcholliré, l’arrestation de quatorze jeunes de cette localité pour troubles à l’ordre public à Touboro lors d’altercations avec les hommes de mains du Lamido qui étaient venus racketter les populations de cette localité.
Détenu à la gendarmerie de Ngaoundéré du 23 novembre au 5 décembre 2013, M. Yandal a été transféré dans la nuit du 5 décembre à 2 heures du matin de Ngaoundéré à Tcholliré, sans motifs précis, afin de comparaître devant le procureur de Tcholliré, qui lui a dans un premier temps signifié sa libération, avant de le ré-arrêter à la sortie du tribunal, l’informant de son mandat de dépôt à la prison de Tcholliré.
Suite à sa comparution devant le procureur de Tcholliré,M. Yandal a été transféré le 5 décembre 2013 à la Prison centrale de Garoua, officiellement pour assurer « sa sécurité ». Il a ensuite comparu pour la première fois le 16 janvier 2014 devant la Cour d’appel du Nord, lors de laquelle son avocat a requis sa liberté provisoire en présentant toutes les garanties exigées par la loi. La Cour a cependant rejeté cette demande de liberté, et renvoyé l’audience, au motif que le «procureur de Tcholliré n’avait pas envoyé ses conclusions».
Le 26 février 2014, dans le cadre d’une commission rogatoire mise en place par le parquet, M. Yandal a été entendu par le juge d’instruction, qui lui a signifié sa prochaine comparution devant le procureur de Tcholliré le 20 mars 2014. Son avocat a immédiatement saisi la Cour suprême pour demander que son client soit jugé à Garoua ou dans toute autre juridiction que celle de Tcholliré, arguant que le procureur de Tcholliré ne pouvait être impartial dans cette affaire, et que son client ne pourrait donc pas bénéficier d’un procès équitable au sein de cette juridiction.Depuis, les audiences sont régulièrement renvoyées.
Le 3 juin 2014, le Ministre d’État, Ministre de la justice, Garde des sceaux accusait réception d’une requête aux fins de libération de Mr. Yandal, adressée le 5 décembre 2013 par le réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC).
Le 18 septembre 2014, Mr. Yandal devait comparaître devant le procureur de Tcholliré, dans le cadre de son procès.
Le 19 Mars 2015, M. Célestin Yandal devait comparaître devant le Tribunal de Grande Instance de Garoua mais faute de mandat d’extraction, son procès avait été une nouvelle fois reporté.
Le 14 avril 2015, vers 6 heures du matin, M. Célestin Yandal a été transféré de la Prison Centrale de Garoua à la Prison de Tcholliré.
M. Paul BIYA, Libérez Celestin Yandal!
La détention arbitraire et le harcèlement judiciaire de M. Yandal, reposent sur des accusations fallacieuses ne visant qu’à sanctionner ses activités de défense des droits de l’Homme; en flagrante contravention avec les dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement son article 1 qui stipule que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales aux niveaux national et international”; puis son article 6 qui stipule que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres :
a) De détenir, rechercher, obtenir, recevoir et conserver des informations sur tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales en ayant notamment accès à l’information quant à la manière dont il est donné effet à ces droits et libertés dans le système législatif, judiciaire ou administratif national ;
b) Conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales ;
c) D’étudier, discuter, apprécier et évaluer le respect, tant en droit qu’en pratique, de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales et, par ces moyens et autres moyens appropriés, d’appeler l’attention du public sur la question”.
Monsieur Paul BIYA, puisque vous avez voulu laisser cette détention arbitraire se prolonger indéfiniment, vous êtes bien évidemment le seul à pouvoir définitivement y mettre un terme.
Monsieur le Président, nous comptons sur votre “bon cœur”!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)