Pouvoir et Théorie du complot à Pretoria et Yaoundé
S’exprimant au cours du premier des cinq jours de son audition judiciaire, l’ancien président sud-africain, Jacob Zuma, a fait part aux enquêteurs sur des accusations de corruption qui pèsent sur lui qu’il aurait été victime d’un complot de la part d’agences de renseignement étrangères.
Lors des audiences du lundi matin 15 juillet 2019, Zuma a affirmé que deux agences de renseignement étrangères avaient recruté des espions au sein de l’ANC dans le cadre d’un stratagème visant à contrôler l’Afrique du Sud, et que l’enquête visait à le salir. Zuma a ensuite ajouté en soufflant sur les braises que :
« J’ai été vilipendé, considéré comme le roi des corrompus », a-t-il déclaré. «Il y a des gens qui se sont infiltrés, il y a des espions qui travaillaient. J’ai demandé aux gens de [mon] organisation: « Qu’ai-je fait ?» Ils ne peuvent pas me le dire. Cette commission… doit être la tombe de Zuma. Il doit être enterré ici. «
Ce déni cynique de réalité peut être expliqué par le fait que Zuma a été accusé d’être à la tête d’un immense système de corruption et de favoritisme où des milliards de dollars des finances publiques ont purement et simplement disparu. Ce qui a porté atteinte à la réputation du Congrès national africain (ANC) au pouvoir en Afrique du Sud.
Il est également important de noter que Zuma fait face à une enquête distincte pour corruption impliquant 16 chefs d’accusation de fraude, de racket, et de blanchiment d’argent dans le cadre d’un contrat d’achat de matériel militaire européen destiné à renforcer les forces armées sud-africaines en 1994.
Ce n’est donc un secret pour personne que Jacob Zuma et ses partisans se battent toujours pour garder le contrôle de l’ANC notamment contre son rival qui l’a chassé du pouvoir, l’actuel président Cyril Ramaphosa.
Après tout, les actions de Zuma ont été célébrées par sa base politique. Pour eux, Zuma c’est le «franc-parler» pur ; un franc-parler qui épouse hardiment et sans excuse la politique du ressentiment.
Utiliser de la sorte cette politique de ressentiment et stigmatiser les adversaires politiques légitimes comme étant des espions à la solde de l’étranger n’a rien de nouveau.
À Yaoundé, l’opposition est également accusée d’espionnage. En particulier, le Pr. Maurice Kamto, accusé à plusieurs reprises d’être non seulement le chef d’une cabale politique ethnofasciste, mais aussi un espion étranger préparant une insurrection contre le «démocratiquement élu» Paul Biya, au nom d’intérêts néfastes. Ces accusations qui frisent avec la connerie crasse font ainsi du vrai chef de la Françafrique et du «Suisse» Paul Biya, le nationaliste numéro 1 du pays, ce qui est – reconnaissons-le – une grosse blague si ce n’était pas aussi triste.
De plus, il y a quelque chose de particulièrement grossier et grotesque chez un homme qui s’est longtemps défini comme le «meilleur élève» de la France de se présenter comme l’arbitre par excellence du patriotisme ou de la loyauté nationale face aux puissances étrangères.
Les gens qui utilisent ce genre d’acte de malice politique et tribale comme stratégie politique ne comprennent pas pourquoi ce n’est pas seulement une orientation qui s’avérera finalement perdante, mais aussi une source de profonde discorde, car elle fait remonter à la surface toutes les plaies consécutives aux profondes blessures politiques, culturelles, et spirituelles endurées par le pays.
Cela va même bien au-delà de la politique de Yaoundé. En effet les personnes qui soutiennent ce type de politique malveillante ne comprennent pas que la fidélité extraordinaire à un homme cynique et machiavélique trahit le profond dédain qu’ils tous ont en réalité à l’égard de leurs propres concitoyens.
Ce type de polarisation politique rentre dans une phase extrêmement dangereuse non seulement au Cameroun, mais aussi en Afrique du Sud. Car les critiques et les emprisonnements d’opposants politiques légitimes se multiplient. La haine envers les opposants politiques légitimes l’emporte maintenant sur ce que nous appelons le patriotisme et la loyauté envers le pays. Nous avons ainsi de nos jours des politiciens véreux prêts à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour faire passer leurs intérêts égoïstes avant l’intérêt général, et qui continuent de la sorte à s’engraisser au pouvoir en crachant sur leurs opposants et le “peuple” qui les a parfois effectivement élu et qu’ils ont littéralement capturé dans un syndrome de Stockholm permanent.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
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Power and Conspiracy Theory in Pretoria and Yaoundé
Speaking on the first day of five days of testimony, South Africa’s former president, Jacob Zuma, has told a judicial Commission inquiry into corruption allegations that he is the victim of a plot by foreign intelligence agencies to seek his downfall.
In hearings on Monday morning, July 15, 2019, Zuma claimed two foreign intelligence agencies had recruited spies within the ANC as part of a scheme to control South Africa and that the inquiry was designed to smear him. Zuma then added:
“I have been vilified, alleged to be the king of corrupt people,” he said. “There are people who infiltrated, there are spies who were at work. I asked people in [my] organization: ‘What have I done?’ They can’t tell me. This commission … must be the grave of Zuma. He must be buried here.”
This cynical denial of reality can be explained by the fact that Zuma has been accused of presiding over an immense system of corruption and patronage that drained billions from the exchequer and damaged the reputation of the ruling African National Congress (ANC) beyond repair.
It is also important to note that Zuma faces a separate corruption investigation involving 16 charges of fraud, racketeering and money laundering relating to a deal to buy European military hardware to upgrade South Africa’s armed forces in 1994.
It is not a secret that Jacob Zuma and his partisans are still in a bitter struggle to keep control over the ANC and against his rival who pushed him out of office, the current president Cyril Ramaphosa.
After all, Zuma’s actions have been celebrated by his political base. For them, Zuma is simply telling it “like it is” by boldly, unapologetically espousing the politics of resentment.
Using that politics of resentment and stigmatizing legitimate political opponents as spies is nothing new.
In Yaoundé, as well, the opposition has been accused of being spies. Particularly, Pr. Maurice kamto who has been accused repeatedly to be not only a leader of an ethnofascist political cabal but also a foreign spy plotting an insurrection against the “democratically elected” Paul Biya on behalf of nefarious foreign interests. These bullshit accusations make the actual head of the Francafrique and the “Swiss” Paul Biya, the country number 1 nationalist which is actually a joke if it was not so sad.
Moreover, there is something especially gross about a man who has defined himself as the “best student” of France to be the arbiter of patriotism or national loyalty.
Folks who use this kind of act of political and tribal malice as a political strategy do not understand how isn’t just an ultimately losing proposition but also deeply divisive, picking at the scabs of the country’s deepest political, cultural, and spiritual wounds.
This is more that Yaoundé’s politics. People who support this kind of malicious politics do not understand that extraordinary loyalty to a malicious man broadcasts their own disdain for their fellow citizens.
This kind of political polarization is reaching a dangerous phase not only in Cameroon but in South Africa as well. Criticism and jailing of legitimate political opponents are escalating. Hatred for legitimate political opponents is now trumping even what we call patriotism and loyalty to country. We have politicians now willing to do anything to put their own selfish interests over the general interests and who continue to fatten themselves up in power by spitting on their opponents and the « people » who elected them and that they captured in a Stockholm Syndrome.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesperson of the CL2P