Le principal adversaire du président Yoweri Museveni à la présidentielle en Ouganda a été inculpé ce 20 novembre d’« actes susceptibles de propager une maladie infectieuse » et « infractions aux règles sur le Covid-19 ». Il a été ensuite relâché. Bobi Wine avait été arrêté, il y a deux jours, pour avoir enfreint les règles sanitaires lors d’un rassemblement électoral.
Bobi Wine est accusé d’avoir enfreint les mesures anti-Covid-19 pour avoir réuni plus de 200 personnes lors d’un de ses rassemblements le 18 novembre. Ses avocats accusent le régime d’utiliser les mesures anti-Covid-19 pour l’empêcher de faire campagne. Plusieurs candidats de l’opposition ont par ailleurs suspendu leur campagne en guise de protestation.
« C’était comme une guerre »
Son arrestation avait déclenché la colère de ses partisans qui sont descendus dans les rues. Selon le dernier bilan de la police, 37 personnes sont mortes et environ 45 ont été blessées. La presse, elle, parle d’une quarantaine de victimes et le bilan ne cesse de grimper. Les forces de sécurité sont accusés d’avoir fait un usage excessif de la force pour disperser les manifestants et d’avoir tiré à balles réelles dans la foule.
« Les policiers tiraient de partout au hasard, raconte une femme dont le magasin se situe dans le centre-ville de Kampala. Chaque fois qu’ils voyaient un groupe de gens, ils tiraient. Ils ont lancé des gaz lacrymogènes devant nous alors qu’on était en voiture, bloqués dans les embouteillages. Ils nous criaient : “Partez”. Mais nous ne savions pas par où partir. Au volant, j’ai failli avoir un accident. Il y avait de la fumée devant moi, à côté de moi. C’était comme une guerre. »
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Nouveau bilan de 37 morts en Ouganda depuis l’arrestation de Bobi Wine
Un partisan du musicien ougandais devenu politicien Robert Kyagulanyi, également connu sous le nom de Bobi Wine, porte son affiche lors d’une manifestation contre l’arrestation de Kyagulanyi, lors de son rassemblement de campagne à Kampala, en Ouganda, le 18 novembre 2020.
Trente-sept personnes ont été tuées depuis mercredi en Ouganda dans les violences déclenchées par une nouvelle arrestation du principal candidat de l’opposition à la présidentielle de janvier 2021, le populaire chanteur Bobi Wine, a annoncé la police vendredi.
“Jusqu’à présent, nous avons décompté 37 cadavres liés aux manifestations qui ont débuté mercredi”, a déclaré à l’AFP un des adjoints du chef de la police ougandaise, Moses Byaruhanga. Un précédent bilan de source policière faisait état de 28 morts.
Un précédent bilan communiqué jeudi soir par la police faisait état de 16 morts, pour la seule métropole de Kampala.
“Il y a encore de nombreuses personnes toujours hospitalisées, environ 45 personnes qui reçoivent des soins dans divers hôpitaux”, a ajouté le porte-parole.
Selon lui, “tout indique que ces événements n’étaient pas spontanés” mais entraient dans le cadre d’une “campagne plus ou moins coordonnée” par le parti de M. Wine.
“Grâce à notre réseau de renseignements, à la vidéosurveillance et à l’aide de la population, nous avons pu arrêter plus de 300 suspects, ceux qui ont pris part à des émeutes, des pillages, des caillassages de véhicules et des blocages de routes”, a-t-il également annoncé.
Ces violences, alors que la campagne présidentielle bat son plein, augurent mal du bon déroulement d’un scrutin où le député d’opposition et star de la chanson de 38 ans sera le principal adversaire de Yoweri Museveni, 76 ans, au pouvoir depuis 1986.
Robert Kyagulanyi, de son vrai nom, a été mercredi arrêté à Jinja (Est) où il faisait campagne, pour avoir, selon la police, violé les mesures de lutte contre le coronavirus lors de ses rassemblements.
La nouvelle de son arrestation a suscité la colère de ses partisans qui sont descendus dans la rue et ont affronté les forces de l’ordre mercredi et jeudi, à Kampala, mais également dans plusieurs autres centres urbains.
Vendredi, Bobi Wine était toujours retenu par la police dans l’Est du pays, où il était censé comparaître devant un tribunal pour une éventuelle inculpation.
Des images qui circulent sur les réseaux sociaux montrent également la police tirant sur une femme à sa fenêtre, qui filme avec son téléphone portable, ainsi que des hommes en civil lourdement armés tirant en l’air dans la rue. Ce 20 novembre, la situation est calme dans la capitale mais encore très tendue. Le centre de Kampala est totalement désert, les magasins sont fermés et les forces de sécurité déployées en nombre.
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