C’est le 29 mai 2017 que l’Union européenne a décidé d’infliger des sanctions individuelles à neuf responsables politiques et sécuritaires. Parmi eux : Emmanuel Ramazani Shadari, à l’époque ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique que l’Union européenne accuse d’être responsable de violations graves des droits de l’homme dans le Kasaï.
Ces accusations demeurent d’actualité, selon Maria Arena, députée européenne sociale-démocrate. “Aujourd’hui, le gouvernement en place n’a pas répondu aux exigences qui avaient été formulées au moment de l’émission des sanctions, surtout qu’il devait y avoir enquête sur les actes de violence qui ont été perpétrés en RDC. Et que sur cette base, il ne me semble pas opportun de lever les sanctions,” constate l’eurodéputée.
Futur président sous sanction?
Le secrétaire général adjoint du Mouvement de libération du Congo (MLC), Fidèle Babala, plaide lui aussi pour le maintient de ces sanctions contres les proches du président Kabila, en l’occurrence Emmanuel Ramazani Shadary. “Il a toujours été controversé. Donc, en terme de démarche politique, je pense que ca serait une bonne chose de pouvoir contribuer à mettre la pression sur Emmanuel Ramazani Shadary qui représente le pouvoir Kabila. Il n’y a qu’à parler non seulement du Kasaï, mais de Béni aussi,” s’indigne le secrétaire général du MLC.
Le gouvernement congolais, pour sa part, ne décolère pas. Son porte-parole et chargé de la communication du candidat Emmanuel Ramazani Shadary, dénonce le mépris qu’ont certains parlementaires européens envers son pays. Lambert Mendé Omalanga.“L’Union européenne n’est pas un tribunal à mon avis. Nulla poena sine lege. Il n’y a aucune sanction sans loi. Alors, sur quelle base, de quelle loi, on a sanctionné Monsieur Shadary, on nous a sanctionnés? Ce sont des néo-libéraux au pouvoir en Belgique qui ont fait du lobbying auprès de leurs amis européens pour mettre la pression sur les dirigeants de la RDC qu’ils considèrent comme une sorte d’arrière cour,” martèle Lambert Mendé.
Le nom d’Emmanuel Ramazani Shadary a été également cité dans le cadre du procès des experts de l’ONU, Michael Sharp et Zaida Catalan, assassinés dans le Kasaï en mars 2017.
La procédure s’interroge notamment sur sa proximité avec Thomas Nkashama, inspecteur de la direction générale des Migrations mis en cause dans cet assassinat.