Une “con damnation à vie” aussi ridicule que le Tribunal d’exception qui l’a prononcée, le même jour où la Cour Suprême du Cameroun sursoit étonnement à l’acquittement d’un autre (ancien) condamné à vie (Paul Éric Kingué pour ne pas le citer), en excipant de la présentation de l’original du dossier d’une condamnation à vie intervenue devant le Tribunal de Grande Instance de Kongsamba le 29 février 2012.
Est-il besoin de rappeler que le condamné à vie de ce jour Dieudonné Ambassa Zang est réfugié politique en France; qu’il n’a pas pu être défendu ou représenté par ses conseils lors du procès, et a dû faire parvenir une récusation formelle au Tribunal Criminel Spécial (TCS) de Yaoundé devant l’absence d’équité de la procédure judiciaire intentée contre sa personne.
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L’État du Cameroun à travers cette justice aux ordres est hélas plus que jamais sourd à tout argument de droit; parce que pris littéralement en otage par des indivi dus sans scrupules.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)
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L’ancien ministre des Travaux publics et ancien député, exilé politique en France depuis 2010, a été reconnu coupable du détournement de plus de 5 milliards de F Cfa par la justice camerounaise. Trois de ses co-accusés ont été acquittés pour faits non établis.
Ce sera la condamnation à vie pour Dieudonné Ambassa Zang. Ainsi en a décidé le Tribunal criminel spécial (Tcs) anti-corruption de Yaoundé ce jeudi 18 juin 2015. L’ancien ministre des Travaux publics (24 août 2002-8 décembre 2004) et ancien député (22 juillet 2007-7 août 2009) du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, parti au pouvoir, devra également payer 5 126 180 438 F Cfa de dommages et intérêts à la partie civile. Mekongo Felix Debeauplan, l’un de ses co-accusés, absent du tribunal au cours du procès, a lui aussi écopé de la réclusion à vie. Le tribunal a renoncé à la confiscation des biens des deux accusés parce qu’ils n’ont pas été saisis au départ. Installé en France, Dieudonné Ambassa Zang jouit du statut de réfugié politique depuis 2010.
Accusé de malversations financières, en complicité avec M.Mekongo Felix, billeteur au moments des faits, Dieudonné Ambassa Zang a été reconnu coupable du détournement du montant de 5 820 645 438 F F Cfa à travers notamment l’attribution d’un marché à une entreprise de Btp en période suspecte de faillite pour la réhabilitation du pont sur le Wouri, l’annulation des pénalités de retard que devait payer une entreprise en charge de réhabiliter la voie d’accès de l’évêché d’Edéa (non loin de Douala) sans l’aval de la Commission de passation de marché compétente, la non-présentation de livres-journaux justifiant la gestion des régies et caisses d’avance, le payement d’indemnités et per diems aux membres de commissions de passation de marchés sans pièces justificatives.
Diatribes
Des accusations qu’Ambassa Zang a sans cesse balayées d’un revers de la main à travers des interviews accordé dans les médias camerounais. Mais d’après Yap Abdou, le patron du collège des juges, l’ancien ministre, a opté pour les diatribes dans des journaux et le tribunal ne saurait les prendre en compte. Par ailleurs, d’après le rapport de Me Simon Foreman, avocat français dépêché à Yaoundé en septembre 2014 par la commission des droits de l’homme de l’Union interparlementaire, les faits reprochés à Ambassa Zang relèvent d’irrégularités de gestion qui appellent plutôt à des sanctions disciplinaires et ne laissent apparaitre aucune trace d’enrichissement illicite. Bien plus, le Tcs s’est saisi de cette affaire alors que le Conseil de discipline budgétaire et financière du Contrôle supérieur de l’État, seule habilité à saisi la justice, n’a pas encore vidé sa saisine.
L’ancien ministre a adressé récemment une lettre de récusation du Tcs à son président Yap Abdou. Dans cette correspondance, Ambassa Zang dénonçait l’absence d’équité dans la procédure judiciaire intentée contre sa personne. Les autres accusés à savoir l’ancien secrétaire général du ministère des Travaux publics, Mengue Meka Jean Robert, l’ancienne directrice des ressources humaines dudit ministère, Bikié Scholastique Henriette et l’ancien chef de subdivision des Travaux publics d’Abong Mbang (est du Cameroun), Nnah Obono Pierre, ont été acquittés pour faits non établis. Ces faits qui leur étaient reprochés n’avaient rien avoir avec les charges retenues contre Dieudonné Ambassa Zang et couvraient la période au cours de laquelle ce dernier n’occupait plus les fonctions de ministre des Travaux publics.
Michel Biem Tong – hurinews.com