Prisonniers politiques, Conspiration du Silence et Investissement Personnel à Yaoundé
La conspiration du silence est la pire des sentences pour un prisonnier politique. Non seulement elle participe à la normalisation de sa détention arbitraire, mais concourt largement à la banalisation d’une culture du crime politique dans le pays, ici au Cameroun sous la dictature trentenaire de Paul Biya.
Cette banalisation est le produit d’une naturalisation et d’une routinisation qu’un despote, bien que la plupart du temps porté disparu, continue néanmoins de soumettre à l’opposition légitime ou des personnes perçues comme telles réduites au statut d’Homo Sacer, créant un contexte de darwinisme social par le fait du prince.
Depuis le début, notre organisation croit en la notion d’investissement personnel -Skin in the game-. Tous les prisonniers politiques reconnus par notre organisation et séquestrés dans les cachots privés du président Biya sont des exemples de la quantité de peau qu’ils laissent dans le jeu-skin in the game-, aussi arbitraire soit-il.
Dans la pratique, mettre sa peau dans le jeu, c’est le fait de savoir que le gouvernement ne doit pas prendre de décisions s’il n’est pas prêt à en payer le prix. Les dignitaires de la dictature de Paul Biya ne doivent pas transformer des gens ordinaires en homo sacer, c’est-à-dire une personne qui n’a pas d’existence légale et qui, par conséquent, peut être tuée sans aucune conséquence, sans penser que l’inverse puisse un jour leur arriver. Pourtant aucun d’entre-eux n’est à l’abri du même “rouleau compresseur”.
Ainsi, la structure du pouvoir ne doit pas prendre de décisions lorsque ses membres ne seront pas affectés par le résultat. Car une personne est jugée honorable en proportion des risques personnels qu’elle prend pour son opinion ou sa carrière – en d’autres termes, le montant de la baisse auquel elle est exposée.
Le CL2P, par conséquent, prône la responsabilité personnelle , ce qu’on appelle «mettre sa peau en jeu».
Cela est nécessaire pour que notre gouvernement réfléchisse bien, qu’il apprenne de ses erreurs afin que les systèmes s’améliorent, que les espèces évoluent en éliminant les échecs. Ceux qui ne réussissent pas doivent affronter la ruine ou la mort, quelque chose de mauvais. Jusqu’ici, tellement attrayant: les gens les plus sensés ont convenu depuis un certain temps que les banquiers ont besoin d’une responsabilité personnelle s’ils veulent faire des choix responsables.
En effet, pour qu’une société fonctionne correctement, ceux qui en bénéficient devraient également risquer quelque chose et ceux qui risquent quelque chose devraient en bénéficier car la volonté d’accepter ses propres risques est un attribut essentiel des héros, des saints et des personnes épanouies de tous les horizons.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Political Prisoners, Silence and Skin in the Game in Yaoundé
The conspiracy of silence is the worst sentence for a political prisoner. Not only does it participate in the normalization of his arbitrary detention, but also largely contributes to the trivialization of a culture of political crime in the country, here in Cameroon under the thirty-year-old dictatorship of Paul Biya.
This trivialization is the product of a naturalization and routinization that a president, mostly missing in action, continues to subject the legitimate opposition or people perceived as such to the status of Homo Sacer and creating a context of social Darwinism by presidential fiat.
From a start, our organization believes in the notion of skin in the game. All the political prisoners recognized by our organization and sequestered in the president’s private dungeons are example of how much skin they are leaving in in the game no matter how arbitrary.
In practice, skin in the game, is the knowledge that the government must not take decisions if they are not willing to pay the price for them. They must not be turned ordinary people into a homo sacer, a person who has no legal existence and, therefore, killable without any consequences whatsoever, without thinking that the reverse can happen to them.
Thus, the power structure must not make decisions when its members of are not going to be affected by the result. Thus, a person is deemed honorable in proportion of the personal risks he takes for his opinion-in other words, the amount of downside he is exposed to.
The CL2P, consequently, advocates for personal responsibility and liabilities what it is called having a “skin in the game.”
This is needed to ensure our government think well, so that they learn from their mistakes, and because systems learn, and species evolve by weeding out failure. Those who don’t succeed must face ruin, or death, something bad. So far, so appealing: most sensible people have agreed for some time that bankers need personal liability if they’re going to make responsible choices.
Thus, for a society to function properly, those who benefit should also risk something and those who risk something should benefit because the willingness to accept one’s own risks is an essential attribute of heroes, saints, and flourishing people in all walks of life.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P