J’ai fini par éprouver une réelle compassion à l’égard de ces ressortissants camerounais qui, par réflexe alimentaire ou partisan, émettent des doutes sur l’existence de prisonniers politiques au Cameroun.
Je les invite simplement et en toute bonne foi à consulter les dossiers d’accusation respectifs de ceux qu’ils appellent généralement les “prisonniers de luxe”, d’assister aux audiences devant le tribunal d’exception qu’est le Tribunal Criminel Spécial (TCS), ou pour nos compatriotes anglophones le tribunal militaire de Yaoundé, voire les conditions inhumaines d’incarcération notamment pour les personnalités séquestrées dans les cellules du Secrétariat d’État à la Défense (le SED de triste réputation)… afin de comprendre pourquoi le Cameroun se décrédibilise en permanence et perd généralement ses confrontations devant les instances internationales contre celles et ceux que vous assimilez malhonnêtement à des prisonniers ou des détenus de “droit commun”.
Quel pays de faux-culs!!!
En toute objectivité au regard du conditionnement totalitaire de nombre de Camerounais aujourd’hui, l’objectif d’une organisation légale et officielle comme la nôtre n’est pas et n’a en jamais été de “gagner l’opinion camerounaise à cette cause” qui est d’abord civilisationnelle et humanitaire.
Nous avons émis des critères objectifs dès notre création (
Les personnes que nous avons retenus rentrent dans ces critères et il serait simplement malhonnête, au motif que la propagande du régime leur a collé une étiquette de “voleurs de la république”, de les abandonner dans ses mouroirs concentrationnaires parce que effectivement d’autres camerounais meurent de faim et de misère chronique.
D’ailleurs nombre de ces détenus dits de luxe ou de droit commun sont reconnus soit comme des prisonniers politiques (Marafa Hamidou Yaya) ou simplement en détention arbitraire par les instances internationales telles que l’ONU, l’UA (pour Jean-Marie Atangana Mebara), différentes ‘ONG et parfois de chancelleries diplomatiques comme le Département d’État américain (toujours pour Marafa Hamidou Yaya).
Alors jusqu’à quand les Camerounais vont-ils jouer complaisamment avec cette véritable culture d’emprisonnement et des crimes politiques qui est antérieure, je le concède volontiers, à l’arrivée du régime en place depuis 1982?
Voilà la question que nous devons nous poser, notamment quand nous observons les atrocités commises en toute impunité sur nos compatriotes anglophones, avec l’approbation presque consensuelle des francophones.
Joël Didier Engo, Président du Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)