En lisant les articles: «Cameroun – Sérail: Jean-Louis Beh Mengue, ex-DG de l’Art, tente de fuir le Cameroun» d’Otric Ngon, Cameroon-info.net, 3 août 2017 et l’intervention de Joël Didier Engo sur le même sujet , Le régime de Yaoundé, dans sa tradition macabre, se prépare à jeter Jean-Louis Beh Mengue en pâture aux chiens pour le plaisir pervers et sadique d’une poignée de Camerounais dociles et endoctrinés qui salivent au spectacle de voir des membres de la haute administration traînés dans la boue.
Il y a un adage chinois de Confucius qui dit que lorsque le sage pointe la lune, l’imbécile examine ses doigts. Au Cameroun, il ne s’agit pas de quelque mauvaise pomme qui s’approprient illégalement de l’argent des contribuables camerounais. Il s’agit maintenant d’un problème systémique.
Dans une administration étatique et bureaucratique et paragouvernementale fondée sur un système pyramidale, hautement structurée et hiérarchique, le Président est le garant de l’encadrement, de l’efficacité, du bon fonctionnement, et du contrôle des institutions. En outre, le Président trace la vision et exerce le leadership en vertu desquels évoluent ces bureaucraties. Il est le responsable ultime de la performance de ces administrations.
Par conséquent, le spectacle perpétuel des hauts cadres de l’administration qui sont jetés en pâture aux loups pose la question du grand éléphant dans la maison que les gens prétendent ne pas voir. Le penseur australien, Michael Taussig, spécialiste du régime dictatorial et de la violence politique, appelle ce genre de cécité «secret public» de l’État. Dans les régimes dictatoriaux les secrets publics ne sont pas tant des secrets, mais les connaissances que les gens ordinaires apprennent à ne pas savoir sous peine de violente répression. Taussig soutient que le secret public est la forme la plus puissante de la connaissance sociale. Ces secrets partagés soutiennent les institutions sociales et politiques. La question des prisonniers politiques au Cameroun est un «secret public».
La perception publique de la justice repose sur le fait que le public ne reconnaît pas ce qui est généralement connu. Face aux formes massives d’intimidation et de terreur, il est facile pour les gens ordinaires de s’engouffrer dans le déni. C’est le travail idéologique que jouent les régimes oppresseurs comme celui du Cameroun. Il permet aux Camerounais ordinaires d’éviter les vraies questions éthique en s’appuyant sur le despotisme légal qu’ils ont internalisé. Outre des organisations tels que le CL2P et Hurinews qui affrontent et confrontent avec bravoure ces secrets publics au quotidien avec la bravoure, dans les conditions les plus difficiles en termes d’insultes, d’intimidations, de harcèlement moral et physique; la plupart des Camerounais ordinaires continuent à prétendre ne pas savoir qui est responsable au bout du compte de ces affaires de corruption qui n’en finissent jamais. Ils continuent à apprécier le spectacle macabre présenté par le régime de Yaoundé, un spectacle qui ne résout rien à part ruiner la vie des personnes soumises à ce type d’exhibitionnisme politique cruel, cynique, et exploitatif.
Par conséquent, le secret public est le produit d’une aporie – une contradiction interne insoluble, entre le pouvoir et la connaissance, entre l’information et le déni, entre les masques de la politique et les objectifs d’une société ouverte dans laquelle l’État devrait agir pour les gens en tant que garant des droits humains et civils. Afin de résoudre cette contradiction, le Président BIYA doit prendre sa part de responsabilité et s’interdire – par honnêteté intellectuelle et sens de de la responsabilité de l’État – de jeter les êtres humains aux chiens; mais de commencer enfin à faire son travail correctement, celui dont il prétend avoir été élu par les Camerounais depuis 35 ans: DÉVELOPPER LE CAMEROUN.
Par Olivier Tchouaffe, PhD, contributeur du CL2P
[spacer style="1"]
Cameroun, Rebelote: La chasse à un autre dangereux fugitif du régime de Paul Biya est relancée dans les médias, les réseaux sociaux, et l’ensemble du territoire