La banque à capitaux privés tarde à produire l’historique des comptes de l’ancien Dg des impôts. L’affaire est renvoyée au 17 septembre 2015.
Comme à son habitude, Polycarpe Abah Abah s’est présenté au Tribunal criminel spécial (Tcs) mardi 1er septembre 2015. C’était pour répondre à l’affaire qui l’oppose à l’État du Cameroun au sujet d’un présumé détournement de plus d’un milliard FCfa alors qu’il était directeur des impôts. Une affaire inscrite au rôle de l’audience publique ordinaire en date indiquée supra. C’est à 10 heures et 8 minutes que le car de la gendarmerie nationale de couleur blanche dépose dans la cour du Tcs, l’ancien ministre de l’Économie et des finances (Minefi). Vêtu d’un costume bleu-nuit, une chemise blanche assortie d’une cravate noire parsemée de blanc, Polycarpe Abah Abah regagne sourire aux lèvres, la salle des audiences. Sous l’escorte des éléments du Secrétariat d’État à la défense chargée de la gendarmerie (SED). Quelques échanges avec son conseil et l’ancien Minefi prend place dans le box des accusés. Il est 10 heures et 48 minutes.
Une dizaine de minutes plus tard, c’est au tour de Nyoh Mathias qui conduit la collégialité des juges de faire son entrée dans la salle des audiences. Dans cette audience, la cinquième du genre, il était attendu la production par la Commercial bank of Cameroon, des historiques des comptes de Polycarpe Abah Abah, des comptes de la direction des impôts qui permettaient le remboursement des Tva et Tca de l’époque où il dirigeait cette administration. Jusqu’en date de lundi 31 août 2015, encore moins le mardi 1er septembre 2015, l’historique de ces comptes n’avait toujours pas été produit. Outre la non-disponibilité de l’historique des comptes, l’absence du témoin de l’accusation, encore en congé, n’a pas permis que se tiennent les débats. Ainsi, le président de la collégialité a décidé de commun accord avec l’accusé et l’accusation de renvoyer l’audience au 17 septembre 2015. Soit deux jours après le retour des congés du témoin de l’accusation qui devra se soumettre à la cross examination.
Cabale
Dans l’entourage de l’ancien argentier du Cameroun, on parle de cabale contre la personne d’Abah Abah. Certaines indiscrétions évoquent « la manipulation de la part de la banque qui serait à l’origine du blocage de l’historique des comptes de l’ancien Dg des impôts ». Pourtant, estime-t-on du côté de l’accusé, cela lui permettrait de s’en sortir dans cette affaire. L’accusation pour sa part continue de soutenir que les éléments contre Abah Abah sont « bien accablants ». Me Nchankou Njindam qui défend les intérêts de l’État dans cette affaire, espère surtout que « le Tribunal rendra un verdict qui se rapproche le mieux possible de la vérité ».
En rappel, Polycarpe Abah Abah est en effet poursuivi pour avoir, selon l’accusation « détourné plus d’un milliard de francs Cfa lorsqu’il occupait le poste de directeur général des impôts au ministère des Finances. Ce qui lui est reproché, c’est d’avoir contrevenu à l’exécution régulière d’une convention entre le gouvernement et la BEAC signée le 3 février 1999 qui ne permettait pas d’ouvrir des comptes dans des banques commerciales privées pour rembourser des contribuables de crédit de Tva et Tca à l’époque où ça existait. Abah Abah est accusé de ces faits, car il a ouvert ses comptes et dans ceux-ci, a transité de l’argent des comptes de la direction générale des impôts qui étaient logés dans ces banques commerciales vers ses comptes personnels et qu’il a par ailleurs payé certains contribuables pour le remboursement de la Tva par son compte privé. Tout ce qui permet de retenir la rétention pour l’obtention frauduleuse des deniers publics alors que la législation l’interdit ».
© Le Messager : Achille KAMGA