En signe d’apaisement, le pouvoir togolais libère 45 manifestants
Le dialogue ouvert lundi 19 février à Lomé entre le pouvoir et l’opposition, après six mois de crise politique au Togo, a connu une première avancée avec la libération de 45 personnes arrêtées lors des marches contre le pouvoir. C’était l’une des « mesures d’apaisement » exigées par l’opposition et qui ont dominé le premier jour des débats, qui s’est déroulé à huis clos en présence du président ghanéen Nana Akufo-Addo, facilitateur dans la crise.
« Le président togolais a décidé d’accorder une grâce présidentielle à 45 des 92 personnes détenues dans les prisons du pays à la suite de leur participation aux manifestations. La justice togolaise examinera la situation des autres détenus cas par cas, a déclaré à la presse Daniel Osei, porte-parole de la délégation ghanéenne. Le cas des sept personnes toujours en détention dans l’affaire des incendies des marchés [de janvier 2013] sera transmis aux tribunaux pour qu’ils étudient leur demande de liberté provisoire d’ici mercredi. »
Lire aussi : Au Togo, les deux camps s’assoient autour de la même table
Comme conditions préalables au dialogue, l’opposition exige la libération des personnes détenues depuis leur arrestation lors de manifestations contre le pouvoir et dans le cadre des incendies de Kara et Lomé, ainsi que le retrait des forces de sécurité dans le nord du pays. « Les travaux sont suspendus jusqu’à vendredi pour donner le temps aux deux parties de réfléchir à certaines questions qui ont été abordées », a indiqué M. Osei. Le retour à la Constitution de 1992, principale revendication de l’opposition, sera examiné une fois l’étape des mesures d’apaisement franchie.
L’opposition suspend les manifestations
Chacune des deux parties – une coalition de quatorze partis d’opposition et l’Union pour la République (Unir, le parti au pouvoir) – est représentée par sept délégués. « Les discussions se sont déroulées dans une bonne ambiance et ont abouti à des conclusions fructueuses », a poursuivi M. Osei. L’opposition a ainsi accepté de suspendre les manifestations jusqu’à la fin du dialogue.
Lire aussi : Les Togolais doivent pouvoir « s’exprimer librement », estime le président français
Le président togolais, Faure Gnassingbé, qui était resté silencieux ces derniers jours, a salué mardi sur son compte Twitter « le bon déroulement des travaux préparatoires ayant permis l’ouverture du dialogue ». « Unis par notre appartenance à la mère patrie, le Togo, je reste convaincu que nous parviendrons, entre filles et fils d’une même nation, à nous entendre sur l’essentiel », a-t-il affirmé. Le chef de l’État a ensuite « invité chacun de nous à promouvoir la tolérance et à demeurer préoccupé par la paix et le développement de notre cher pays ».
Le dialogue, qui doit durer une dizaine de jours, devrait notamment aborder le rétablissement de la Constitution de 1992 – qui prévoyait un maximum de deux mandats présidentiels –, une transition politique et des réformes électorales. Depuis septembre, des marches populaires pour demander la démission de Faure Gnassingbé et la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels rassemblent des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes.
Le président actuel a succédé en 2005, avec le soutien de l’armée, à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait dirigé le pays pendant trente-huit ans. Il en est aujourd’hui à son troisième mandat, ayant été réélu lors de scrutins contestés par l’opposition en 2010 et en 2015.
Le Monde.fr avec AFP