Race to the Bottom: La banqueroute du «libéralisme communautaire» et de la psyché nationale au Cameroun.
Par Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
Lorsque Paul Biya a pris le pouvoir en novembre 1982, il s’est empressé d’effacer l’héritage politique d’Ahmadou Ahidjo avec son nouveau parti, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais. (RDPC ou CPDM) .Il s’est ensuite engagé à donner à son régime des fondements idéologiques avec sa notion de «libéralisme communautaire» (1984). Le libéralisme communautaire est une vision du monde fondée sur l’idée d’un libéralisme planifié, soutenu, et piloté par l’État. L’application d’une autonomie autocentrée avec pour but de devenir le centre d’un univers où dépendent l’économie et ses mécanismes de régulation. Donc une autonomie dirigée par une bureaucratie perçue comme le moteur de la modernité au Cameroun.
Ce libéralisme planifié a été modelé sur une approche néo-keynésienne où l’État développe une capacité à initier des programmes et des politiques et à mettre en place des mécanismes régulateurs étatiques pour contrôler les forces du marché: dans cette idéologie l’État dirige les activités économiques et non le marché, ce qui signifie en pratique un manque de pluralisme. Le libéralisme communautaire est, par conséquent, une critique faîtes à des savants tels qu’Adam Smith et son capitalisme de laisser-faire dominé par la «main invisible». Le libéralisme communautaire est donc basé sur l’appareil et les instruments de l’État, une approche institutionnelle où l’État promeut et répartit les ressources.
Dans les années 80 avec l’introduction des politiques du Programme d’Ajustement Structurel (PAS), Paul Biya, dans sa philosophie politique du libéralisme communautaire et, aidé par la Banque Mondiale / FMI, tente alors de libéraliser les sphères économique et politique qui conduisent à une plus grande privatisation de l’économie et des ressources de l’État entre les mains de petits cercles dirigeants. Car pour lui, en fait, l’émergence d’une classe aisée de Camerounais indépendants a toujours été constitué une menace à la survie de son régime élitiste. Ainsi, dès le début, le libéralisme communautaire, ne concernait pas l’autonomisation économique mais la survie politique, et c’est pourquoi des pays comme le Cameroun ne peuvent jamais avoir ni un Dangote ni leur propre autonomie monétaire.
Comme le but était ici la survie politique du régime, il y eut un changement vers un gouvernement autoritaire où Biya comprit très vit que la survie politique signifiait aussi devenir un dictateur à vie, exacerbant le culte de la personnalité qui implique de s’entourer de flagorneurs qui ne lui diront jamais la vérité et, par conséquent multiplier de mauvaises décisions d’une part. D’un autre côté, autre conséquence, tous ses opposants, y compris et surtout ceux qui sont perçus comme ses opposants politiques internes à l’intérieur son parti-État, sont réduits au silence sous des accusations systématiques de corruption.
À l’évidence Biya est une personnalité autoritaire, offrant des solutions simples à des problèmes complexes. Il n’est donc pas surprenant que le nombre de prisonniers politiques commence à s’aligner dès les années 1990, à commencer par Titus Edzoa, puis Pierre Désire Engo. Ce despotisme légal donne alors naissance aux fondations d’organisations des droits de l’homme comme le CL2P qui comprend rapidement que le système judiciaire camerounais n’est pas préoccupé par la Justice et, dans ce contexte, personne n’est à l’abri de ce despotisme légal.
Cet état de fait montre que la survie politique dans un tel environnement concerne aussi la psychologie, plus que toute autre chose.
Aussi, comme avec ses fréquentes «fausses morts», la perspective de la sortie du pouvoir du président Biya a suscité beaucoup de craintes parmi les gens, parce que nous ne savons pas où nous nous dirigeons et la possibilité d’une guerre civile devient de plus en plus concrète. Cette peur augmente également la politique tribale, enchâssant la politique comme un problème émotionnel. Cette question émotive sert à illustrer comment des personnalités adeptes de la divisions ont contribué à envenimer les problèmes dans la politique camerounaise: un discours réactionnaire qui manque en permanence de civilité; ce qui rend difficile la recherche d’un consensus sur les questions conflictuelles. La fracture mène au point de discorde y compris sur la manière dont les gens sont censés communiquer.
Ainsi, personne ne devrait ignorer la profondeur d’émotion suscitée par le régime de Biya et nous ne pouvons pas simplement nous attendre à ce que ce moment émotionnel «passe». En même temps, alors que nous reconnaissons ces sentiments, nous devons reconnaître leur origine dans la manipulation politique. Par conséquent, la psyché nationale est exposé. Nous sommes tous engagés dans des problèmes de peur et de mort à un niveau individuel et collectif, comme jamais auparavant. Et, en fin de compte, il s’agit d’un point crucial, cette question politique concerne le bien et le mal, la nécessité du chassement et du changement, et non des problèmes émotionnels.
Tant que nous continuons à ignorer ou à feindre ne pas savoir ce qui est juste et ce qui ne va pas au Cameroun, nous ne pouvons pas comprendre la politique et ne pouvons pas influer sur ce qui se passe dans notre pays.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
English version
Race to the Bottom: The Bankruptcy of the “Communal Liberalism” and the National Psyche in Cameroon.
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
When Paul Biya took over power in November of 1982 and moved quickly to buck Ahmadou Ahidjo’s political legacy with his new party, Rassemblement Democratique du Peuple Camerounais. (RDPC or CPDM}. He then undertook to provide his regime with ideological foundations with his notion of « communal liberalism, » (1984). Communal Liberalism is a worldview predicated on the idea of state backed planned liberalism driven by the capacity of the state autonomy to become the center of a universe where the economy and its regulatory mechanisms are depending on. An autonomy directed by a bureaucracy perceived to be the engine of modernity in Cameroon.
This planned liberalism was modelled of a neo-Keynesian’s approach where the state actually develops a capacity to initiate programs and policies and enact state regulatory mechanisms to control market forces. In this ideology, the state is in the driver seat and not market forces which, in practice, means no pluralism because all institutions come under the tutelage of the state. Communal liberalism, consequently, is a critique of scholars such as Adam Smith and his laisser-faire capitalism dominated by the “invisible hand of the market.” Communal Liberalism, therefore, is predicated on the state’s apparatus and instruments, an institutional approach where the state promotes and allocates resources.
In the 80s with the introduction of policies of Structural Adjustment Program (SAP), Paul Biya, within his political philosophy of communal liberalism and, aided by the World Bank/IMF, attempt to liberalize both the economic and the political spheres which lead to the greater privatization of the economy and state resources within a small the ruling circles because, in fact, the growth of an independent wealthy class of Cameroonians have always been seen as a threat to the survival of the Biya’ s elitist regime. Thus, from the beginning, Communal Liberalism, was not about economic empowerment but political survival and that why the country of Cameroon can never have a Dangote nor its own economic currency.
Since the goal was political survival, there was a shift towards authoritarian government where Biya understood that political survival means making himself dictator for life, hyping up personality cult which means surrounding himself with sycophants that will never tell him the truth and, consequently, continuously enabling bad decisions on one hand. On the other hand, therefore, all of his opponents, including those perceived to be political opponents, are being silenced on corruption charges. Biya, of course, is an authoritarian personality, offering simple solutions to complex problems. It is not a surprise, therefore, that the rank of political prisoners begin to swell in the 1990s beginning with Titus Edzoa, then Pierre Desire Engo which also came packaged with the beginning of human right organization such as the CL2P which quickly understood that in the Cameroonian judicial system is not whether or not one is guilty but how the law is pursued and, in this context, no one is safe.
This state of affairs shows that political survival is also about psychology more than anything else.
Thus, as with his frequent staging of his “fake deaths,” the prospect of the president leaving power has brought up a lot of fear for people, because we don’t know where we are headed and the possibility of civil war becoming more and more concrete. This fear also increases tribal politics enshrining politics as an emotive issue. This emotive issue serves to exemplify how divisive personalities have contributed to a growing problem in Cameroonian’s politics: a discourse that is lacking in civility; which makes it difficult for the policy to achieve consensus on divisive issues. The divide leads to the point of contention which is how people are expected to communicate. Thus, nobody should ignore the depth of emotion that is being stirred up by the Biya’s regime and we cannot simply expect them to just ‘get over it’. At the same time, while we recognize these feelings, we must recognize its origin in political manipulation.
Therefore, the national psyche is on display. We are all engaged in issues of fear and death on an individual level, as never before, with what is happening in the collective, and will probably never see again in our lifetimes if we can manage to send Mr. Biya into retirement peacefully. And, here is a crucial point, at the end of the day, this political issue is about right and wrong and the necessity to change not emotional issues. Pluto does not think like that: his concern is the necessity of change. As long as we continue to ignore what is right and what is wrong, we cannot understand politics, and we cannot understand what is happening.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P