Dans son homélie de Noël, le cardinal congolais Laurent Monsengwo a lancé un message de paix à ses compatriotes et appelé le président Joseph Kabila à ne pas se maintenir au pouvoir par la force.
« Le fait de prendre le pouvoir par les armes ne justifie pas qu’on ne puisse le quitter que par les armes. » Le cardinal Laurent Monsengwo n’y va pas par quatre chemins lorsqu’il faut appeler le chef de l’État congolais, Joseph Kabila, dont le second mandat aurait dû expirer le 19 décembre, à ne pas s’accrocher au pouvoir par la force.
Dans son message lu le 25 décembre dans toutes les paroisses de la RD Congo, l’archevêque de Kinshasa a rappelé au régime en place qu’« il est révolu le temps où l’on cherchait à conserver le pouvoir par les armes, en tuant son peuple, ces jeunes qui ne réclament que leurs droit de vivre un peu plus dignement ».
Des propos qui sonnent comme un soutien on ne peut plus clair du prélat catholique aux mouvements citoyens congolais, la Lucha et Filimbi, engagés dans la lutte pour le respect de la Constitution de la RD Congo. Plusieurs de leurs militants ont été arrêtés ces derniers temps, d’autres contraints à l’exil.
Il n’y a pas de grandeur à manier les armes pour tuer les gens.
Aux premières heures de la fin officielle du second et dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila, des heurts sanglants avaient en effet éclaté entre les manifestants exigeant son départ du pouvoir et des forces de l’ordre qui avaient quadrillé les principales villes du pays : au moins 40 personnes ont été tuées en début de semaine dernière, selon les Nations unies.
« Il est plus facile de tuer que de ne pas tuer. Il est plus facile de céder à la violence que de résister à la force. Il n’y a pas de grandeur à manier les armes pour tuer les gens », lance le cardinal Monsengwo, rappelant l’appel du pape François qui exhorte les Congolais à être des « artisans de réconciliation et de paix ».
« La paix de Noël implique la justice, l’amour, la vérité, sans lesquels on s’expose à des mécontentements, des frustrations, des troubles sinon à des émeutes, contraires à l’harmonie sociale, indispensable à la réconciliation », ajoute-t-il.
Et de conclure : « Celui qui respecte la Constitution n’a rien à craindre de la justice. Celui dont les droits sont bafoués se sent protégé par la même Constitution. »
« Il est révolu le temps où l’on prenait le pouvoir par les armes »
Depuis le 8 décembre, les évêques catholiques tentent de faire parvenir les signataires de l’accord du 18 octobre (le camp de Kabila accompagné d’une frange de l’opposition) et le Rassemblement autour d’Étienne Tshisekedi et Moïse Katumbi à un compromis plus large pour sortir de la crise politique.
Mais ces pourparlers censés se terminer avant Noël n’ont pas toujours abouti. Ils reprendront jeudi 29 décembre au centre inter-diocésain de Kinshasa. La signature de l’accord est finalement prévu le lendemain.
Par Trésor Kibangula