En République démocratique du Congo, une plateforme a lancé mardi 22 novembre la campagne « Bye bye Kabila ». A l’origine de cette campagne, des mouvements citoyens comme Lucha ou Filimbi, les ligues des jeunes du Rassemblement et du MLC. Malgré leurs divergences sur les moyens de sortir de la crise, ils ont décidé de sensibiliser la population sur certaines dispositions constitutionnelles comme la durée et le nombre de mandats présidentiels et de refuser le maintien au pouvoir du président Kabila au-delà du 19 décembre prochain. C’est pourtant ce que préconise l’accord politique signé entre la majorité et une frange de l’opposition. Ces jeunes souhaitaient aussi répondre au discours à la nation de Joseph Kabila, prononcé la semaine dernière devant le congrès.
Pour les jeunes, avait expliqué le président Kabila dans son discours à la nation, l’absence d’emploi et l’oisiveté qui en résultent assombrissent les perspectives d’avenir, au point de les rendre vulnérables à la démagogie de certains politiciens et à l’instrumentalisation par certaines officines étrangères. C’est l’idée de cette pensée inféodée qui révolte la jeunesse à l’origine de la campagne « Bye bye Kabila ».
« Quand la jeunesse lui rappelle ce que dit la loi, ce n’est pas Lucha et Filimbi qui est la loi, c’est la Constitution qui chapote dans notre pays et qui demande à M. Kabila de partir », a déclaré l’un d’eux avant d’ajouter : « On sait très bien qu’ils ne vont pas organiser des élections. » « Dire qu’il n’y a pas d’eau, de courant, de bourses d’études, c’est la réalité que nous vivons aujourd’hui. Nous allons verser notre sang à cause de cela et nous allons plus loin et dans la non-violence surtout », conclut-il.
« Manque d’intérêt criant »
Soulignant les dangers de ce sentiment d’auto-exclusion de la jeunesse, le président Kabila assurait dans son discours à la nation que les stratégies de sa réinsertion socio-économique sont en cours. Dans sa déclaration, la campagne « Bye bye Kabila » dit s’insurger contre « le manque d’intérêt criant » au cours des 15 années de la présidence de Joseph Kabila pour une jeunesse « clochardisée ». « Oser prétendre la mise en place de stratégies à 29 jours de la fin de son mandat, quel manque de considération et de responsabilité », se sont exclamés les signataires.
Dans son discours mardi en forme de bilan, le Premier ministre sortant assurait que l’éducation avait été la principale priorité sociale de son gouvernement. Augustin Matata Ponyo a souligné, comme le président Kabila, qu’entre 1990 et 2015 la part du budget de l’Etat consacré à l’éducation est passée de 1 à 16%, mais que depuis 2006, le nombre d’élèves au primaire et au secondaire s’est accru de plus de 50%.
Dire « au revoir » au chef de l’Etat
Les mouvements citoyens et les mouvements de jeunes du Rassemblement de l’opposition et du Mouvement de libération du Congo (RDC) rejettent par ailleurs toujours l’accord conclu entre la majorité et une frange de l’opposition. Et même si leurs formations respectives ont toutes proposé des solutions de sortie de crise différentes, les jeunes ont décidé de lancer la campagne « Bye bye Kabila » pour rappeler les dispositions prévues par la Constitution et dire « au revoir », disent-ils, au chef de l’Etat le 19 décembre prochain, date de la fin officielle de son deuxième et dernier mandat.
Les élections n’ont pas été organisées avant cette date constitutionnelle. Elles sont repoussées à avril 2018 au plus tôt, grâce à l’accord signé par le pouvoir et une frange d’opposants.
« Le dernier assaut de la jeunesse »
« Le mouvement “Bye bye Kabila“, c’est le dernier assaut de la jeunesse congolaise (…), de tous les mouvements pour qui il est temps de faire réellement en sorte que Kabila respecte la Constitution en quittant le pouvoir le 19 décembre prochain, explique Corneille Beni, l’un des leaders du mouvement Filimbi en RDC. C’est une campagne de sensibilisation qui se fera sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo pour que tout le monde sache qu’il faut lui dire “bye bye”. L’article 220 est clair : c’est cinq ans, une fois renouvelable. Il en a fait deux, dix ans en tout. Donc on ne peut pas vouloir construire une nation tout en violant les textes qui régissent la nation. »
Dans son discours à la nation la semaine dernière, le président Kabila avait appelé ceux qui refusent toujours cet accord, le Rassemblement de l’opposition et le MLC, à le signer. Et il avait mis en garde la jeunesse contre toute manipulation des politiques ou des officines étrangères.
Par RFI