Quinze mois après sa première lettre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a une nouvelle fois demandé à l’État congolais de permettre le retour, en homme libre, de l’opposant en exil Moïse Katumbi.
Kinshasa est « notamment tenu de prendre toutes les mesures nécessaires en vue d’assurer que [Moïse Katumbi] puisse rentrer en RDC ». Datée du 29 août, cette correspondance du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, adressée à Me Éric Dupond-Moretti, avocat de l’opposant en exil, intervient quatre semaines après la double tentative de Moïse Katumbi de regagner le pays.
Début août, Moïse Katumbi a en effet essayé de rentrer en RDC par la frontière de Kasumbalesa, dans le sud du pays. En vain. Candidat déclaré à la présidentielle, le leader de la plateforme Ensemble pour le changement n’a ainsi pas pu déposer son dossier à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Dans la foulée, l’opposant a saisi le Conseil d’État.
Dénonçant un « acharnement continu » de Kinshasa, Moïse Katumbi avait déposé, début juin 2017, une plainte contre l’État congolais devant le Comité des droits de l’homme des Nations unies, à Genève. Ce dernier avait alors exhorté les autorités congolaises à permettre le retour de l’opposant en homme libre pour qu’il puisse se présenter à la présidentielle, en attendant la fin de l’instruction de sa plainte.
Kinshasa « tenu de protéger » Katumbi
Quinze mois plus tard, Moïse Katumbi n’a toujours pas pu rentrer en RDC, où il est entre autres poursuivi pour atteinte à la sûreté nationale et condamné dans une affaire de spoliation immobilière. Son avocat a réintroduit d’autres « commentaires » le 25 juillet et le 3 août auprès du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
Et comme en juin 2017, celui-ci déclare que l’État congolais est « tenu de prendre toutes les mesures pour garantir à [Moïse Katumbi] son droit à la liberté et à la sécurité en le protégeant contre toute forme d’arrestation ou de détention arbitraire pendant toute la durée de sa communication par le Comité ».
« C’est la position du droit international. Rien à voir avec le mandat d’arrêt international bidon que le ministre congolais de la Justice dit avoir délivré contre mon client », commente Me Éric Dupond-Moretti. Mais du côté des autorités congolaises, la position initiale semble ne pas changer.
« Si Katumbi rentre, il sera arrêté », confirme un conseiller du chef de l’État. En séjour à l’étranger, Alexis Thambwe Mwamba, le ministre de la Justice, n’a pas pu être joint.
Jeune Afrique