La transition ou l’alternance politique que nous souhaitions tous de nos vœux, notamment en notre qualité d’acteurs de la société civile, n’a pas nécessairement suivi les contours que nous imaginions ou voulions, mais elle est enfin possible.
Pour la préservation de la paix et de la stabilité dans ce pays, les résultats communiqués par la la commission nationale électorale devront – lorsqu’ils seront définitifs – être entérinés, afin de faciliter le processus de restauration de l’état de droit, de la démocratie véritable, et de la pleine souveraineté du Congo; loin des pressions et interférences extérieures, en veillant à mettre un terme à la prédation de ses ressources par des partenaires pas souvent animés de meilleures intentions et qui doivent s’abstenir d’envenimer les frustrations compréhensives et légitimes du ou des candidats malheureux.
L’avenir du Congo doit à nouveau s’écrire et se décider par les Congolais. Il appartiendra à la communauté internationale, à la société civile, et à l’Église de veiller au respect des institutions, mais surtout à la poursuite des personnalités qui se sont rendues coupables de graves atteintes à la fortune publique et aux droits humains pendant l’interminable règne de la tyrannie dans ce pays. C’est dans ce rôle qu’ils sont surtout attendus.
M. Le Drian découvre que les résultats annoncés par un organe de supervision des élections en Afrique noire francophone ne seraient « pas conformes » à ce que les observateurs avisés auraient constaté sur le terrain.
De qui se moque-t-on?
Notre cher « Référent de la Françafrique » souvient-il quelles furent généralement les réactions du Quai d’orsay et de l’Élysée à la suite des mascarades électorales dans les pays de toute cette sous-région, dont tout récemment au Cameroun, quand nombre de témoignages attestaient de la perpétration d’un hold-up électoral par son dictateur et ami personnel Paul Biya (85 ans, 36 ans de pouvoir)? Pourquoi n’a-t-il pas réagi de la même manière???
C’est précisément ce jeu de dupes avec les valeurs démocratiques en Afrique noire francophone, notamment cette diplomatie à géométrie variable pratiquée par la France en République Démocratique du Congo qui complique singulièrement la tâche des vrais défenseurs des Libertés et des Droits de l’Homme sur ce continent. Parce qu’ils se retrouvent de plus en plus en flagrante contradiction avec les positions officielles des dirigeants français, qui tendent à privilégier leurs accointances et relations personnelles sur l’intérêt des populations et singulièrement la stabilité à long terme des pays.
Nous devons à ce sujet comprendre que, quand bien même nous portons, affichons, et défendons des idéaux communs car universels avec nombre d’officiels français, ces derniers ne poursuivent pas nécessairement le même agenda que nous en Afrique noire francophone. Le leur consiste d’abord à s’assurer que les parodies d’élections locales accouchent d’autres pantins malléables. Pendant que certains d’entre-nous faisons de la transition ou de l’alternance politique LA priorité, même quand elle n’épouse pas (comme ici en RDC) les contours que nous avons souhaités.
Au moins les congolais amorcent – quel que soit l’opposant déclaré vainqueur – le début d’une respiration démocratique, dans un pays qui n’a en réalité plus connu cela depuis l’assassinat de Patrice Lumumba.
En gros l’agenda de Paris, Bruxelles et j’en passe ne sera pas toujours nécessairement celui des Congolais et des Africains dans leur globalité. Il serait naïf de penser que M. Le Drian avec tout le respect dû à sa fonction, porte un réel intérêt à la restauration de l’état de droit, de la démocratie, ou de la souveraineté en RDC en soutenant ou défendant tel ou tel « choix des Congolais ».
Bien au contraire…
Joël Engo
Président du Comité de Libération des Prisonniers Politiques CL2P