Personne n’a le monopole ou la primeur de la contestation et de la résistance contre les dictatures en Afrique noire francophone, et singulièrement celle contre Paul Biya et son régime au Cameroun.
Il m’arrive souvent ici d’exprimer en toute liberté des réserves par rapport à certains modes d’actions ponctuelles. Mais ce n’est pas pour autant que je n’en partage pas les objectifs affichés, ou que je ne soutiens pas les auteurs et manifestants, envers lesquels j’éprouve d’abord un profond respect et attachement, car parfaitement conscient des sacrifices et surtout des risques qu’ils prennent à s’opposer ouvertement contre une « dictature reptilienne » de 37 interminables années, jouissant notamment en France du soutien des plus hautes autorités.
Je garde donc et conserverai pour toujours – où que je serai – un regard protecteur sur cette nouvelle génération d’activistes, qui diffère incontestablement de ses précédentes dans ses formes d’organisation, son radicalisme assumé, et la confrontation directe et planétaire contre des bourreaux (de l’intérieur comme de l’extérieur).
Nous devons accepter cette relève, en facilitant autant que nous le pouvons ses actions, grâce à nos connaissances accumulées au fil des ans et parfois des épreuves des différents contours du totalitarisme qu’elle affronte courageusement.
Parce que fondamentalement elle aime l’Afrique et ici le Cameroun plus que tout; et représente en réalité une chance inespérée à un moment où nombre de compatriotes sur place étaient progressivement gagnés par une certaine lassitude, une résignation totalitaire, et même une compromission de survie.
À elle de se montrer ouverte au pluralisme des idées et tolérante vis-à-vis des opinions politiques ou partisanes différentes – à l’exception notable de celles prônant l’allégeance aux dictatures en place – , dès lors qu’elles concourent effectivement à l’alternance démocratique et pacifique au Cameroun et partout en Afrique noire Francophone.
Je vous remercie
Joël Didier Engo, Président du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P