Le 3 décembre 2018, sur l’émission DIAF-TV au sujet du récent retrait de la CAN 2019 au Cameroun, Joël Didier Engo, président du CL2P et chroniqueur politique, s’est attaqué au problème sans plus y mettre les formes. Le régime de Biya a toujours fait des promesses qu’il savait qu’il ne serait pas en mesure de remplir. Ces promesses non tenues sont en réalité sous-jacentes à de véritables activités criminelles et représentent aujourd’hui un «moment de vérité» sur un système Biya arrivé à bout de souffle.
En effet la débâcle de cette CAN est l’occasion de mettre fin à une rhétorique abstraite et à une performance vide qu’Engo a si justement décrite comme une sorte de propulseur politique toxique exacerbée par un discours réactionnaire et nombriliste. Il est particulièrement frustrant de faire observer que le système de Biya est responsable, car pour le citoyen lamda, le choix est particulièrement limité dans une dictature où toutes les institutions sont privatisées à travers des réseaux clientélistes et familiaux patrimoniaux. Cela suscite d’incessantes discussions. Pourtant chaque tentative de responsabilisation concrète, notamment en matière politique, légale, culturelle, ou sportive, vient nous rappeler chaque jour qu’il n’existe pas de solution claire dans cet espace.
La débâcle de la CAN permet toutefois aux Camerounais ordinaires et aux organisations de défense des droits de l’homme et politiques, telles que le CL2P, d’enquêter et de poursuivre en justice le système de corruption profondément enraciné de Biya. Le retrait de la CAN expose la corruption endémique du système Biya jusqu’à l’os, avec des élites du régime qui ont tous des antécédents d’activité criminelle ou qui doivent au moins faire l’objet d’une enquête.
Paul Biya, qui, du fait de sa paresse, de son âge avancé ou des deux, n’est peut-être pas directement mêlé à la préparation de la CAN, il est néanmoins le promoteur de ses «créatures» qui bénéficient personnellement de toute corruption apparente. Il est désormais clair que vous avez des personnes proches du président qui ont commis des crimes dans le cadre de l’organisation de la CAN et qu’il s’agit d’un problème que le président ne peut reprocher à personne d’autre que lui-même.
Cela dit, l’une des stratégies politiques les plus efficaces de Mr. Biya a toujours consisté à se présenter comme une victime, en particulier de son soi-disant « entourage ». Et beaucoup de Camerounais ordinaires ont de la sorte fini par aimer et jouer en permanence la bonne victime.
La question est maintenant de savoir si cela fonctionnera à nouveau. Car la débâcle de la CAN est aussi la débâcle de son régime et les preuves contre son régime sont solides et ouvertes à tous. La chasse aux boucs émissaires à l’origine de cette débâcle en dehors du cercle restreint des fidèles et proches parents de Paul Biya va être difficile à trouver. Blâmer la CAN sur les « antipatriotes » ne suffira pas cette fois-ci. Comme l’a souligné Engo, la débâcle de la CAN a révélé que l’intérieur du régime était pourri.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
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English version
Withdrawal of the CAN 2019 in Cameroon: what the diaspora thinks
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
On December, 3 2018, on DIAF-TV during the emission about the recent withdrawal of the CAN 2019 in Cameroon, Joel Didier Engo, President of the CL2P and political chronicler, hit the problem right on the head. The Biya’s regime has a history of making promises they knew they would not be able to fulfil. These broken promises amount to criminal activities and a “moment of truth” that the CAN gives us as an opportunity to investigate the Biya’s system.
Thus, this CAN’s debacle provides an opportunity to put a halt of empty rhetoric and performance that Engo so aptly described as a kind of toxic political propellant that are exacerbated through our political and legal discourse. Pointing out how holding the “Biya’s System” accountable is especially frustrating because, for the responsible citizen at least, the menu of options is in fact limited in a dictatorship where all of the institutions are privatized through patrimonial clientelist and familial networks. It involves a lot of talk. Every worthwhile attempt at accountability, as politics, law or as culture or sport, reminds us that in this space there is no clearly right course of action.
The CAN’s debacle, however, allows ordinary Cameroonians and human right and political organizations, such as the CL2P, to uncover and prosecute the Biya’s system entrenched corruption. The CAN’s withdrawal exposes the Biya’s system corruption to the bone, all of whom have a history of corrupt activity or must be under investigation for such.
Paul Biya, who due to either laziness or old age or both, may not be embroiled in the thick of the CAN’s preparation but he is definitely aware of the bunch of his cronies that personally benefit from any alleged corruption. Clearly you have people close to the president who have committed crimes and that, in and of itself, is a problem that the president has only himself to blame.
That said, one of Mr. Biya’s greatest gifts, and most successful political strategies, may be portraying himself as a victim, especially, of his so-called “entourage.” And many ordinary Cameroonians love a good victim.
The question now is whether it will work again. The CAN’s debacle is also the debacle of his regime and the evidence against his regime is strong and open for everybody to see. The hunt of scapegoats to blame for this debacle outside of the Biya’s inner circle is going to be hard to find. Blaming the CAN’s debacle on “anti-patriots” is not going to get the job done this time. As Engo pointed, what the CAN’s debacle revealed is the rotten inside of the regime.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P