Rituels de Confession, de Responsabilité morale et de Droits Humains en autocratie
Après que Longue Longue ait continué à se donner en triste spectacle à travers des postures humiliantes d’aveux publics qui font désormais partie du divertissement public au Cameroun, il faut réfléchir plus en profondeur aux conséquences politiques des actes de culpabilité et des excuses publics.
En effet, le rôle de la confession et de la responsabilité morale est très important pour l’intégrité et la vie publiques. Cependant, il est étonnant qu’après des décennies d’opération Épervier, aucun des criminels allégués condamnés lourdement par la justice aux ordres du régime de Yaoundé ait jamais exprimé de remords, présenté des excuses publiques, appelé à la réconciliation, voire sollicité la guérison comme l’artiste Longue Longue. Pourtant la propagande du régime, y compris le président Biya lui-même dans des indiscrétions révélées par Wikileaks, ont souvent affirmé qu’il s’agissait de gens sans scrupule, dépourvus de libre arbitre et qui méritent à juste titre d’être en prison puis de souffrir le martyr. Ils n’auraient d’après eux ni le respect de soi ni le respect des victimes que sont les contribuables abusés sans scrupule. Tout cela n’a pas empêche que le président prenne le soin d’éviter de dire, à sa confidente d’alors l’ancienne Ambassadrice Janet Garvey des États-Unis à Yaoundé, que c’est pourtant bel et bien lui qui les nomme, et qu’il est donc le responsable ultime de sa propre bureaucratie.
Cela dit, il existe une tradition de bonnes confessions classiques: admission de culpabilité, déclaration de regret, reconnaissance spécifique du préjudice causé – excuses et prises de responsabilité. En fait, un grand nombre de prisonniers politiques reconnus par la CL2P ne se sont jamais excusés parce qu’il n’y a aucune raison objective qu’il le fassent.
Le Cl2P est une organisation de défense des droits humains qui traite ses dossiers de façon très détaillée, méthodique, et méticuleuse. Aussi, le CL2P comprend que les prisonniers politiques qu’il reconnaît ne s’excusent pas précisément parce qu’il n’y a rien dans leurs dossiers d’accusations qui les inciterait à s’excuser, absolument rien. De plus le fait qu’ils ne s’excusent pas signifie qu’il n’y aucune raison à s’excuser dans un système politique complètement frauduleux, corrompu, et pourri. Ces personnes ne méritent en réalité pas les sanctions et les reproches dont ils font l’objet. Ils ne sont que des cibles choisies du ressentiment d’un régime qui les considère comme des menaces politiques. Toute personne de bonne foi peut aujourd’hui le reconnaître après le travail documenté effectué notamment par le CL2P et d’autres organisations, puis prendre conscience que ces personnalités ne méritent pas de souffrir pour ce qui leur est injustement reproché.
Ceci étant dit nous sommes les premiers à dire avec insistance qu’aucune personne ne devrait être accusé à tort de tout crime qu’il n’a pas commis, sans parler d’un crime aussi horrible que celui qui consiste à exploiter le système puis à tirer avantage des Camerounais pauvres. C’est une chose sur laquelle tout le monde peut et doit s’accorder.
Aujourd’hui la question de première importance réside dans la façon dont des prisonniers politiques soumis à des châtiments inhumains maintiennent leur dignité et transmettent le respect de soi. Car de manière générale et dans l’ensemble, ils véhiculent le pouvoir du respect de soi et la manière dont les gens doivent être traités dans une communauté humaine, dans une société profondément déshumanisée par une dictature de 37 années (voire plus). Le respect de soi devient le réel enseignement que ces prisonniers politiques nous communiquent pour démontrer une capacité collective de résistance et la pratique de résilience, celle que nous avons dans la défense des droits humains. La discussion que nous devons avoir doit porter sur l’idée fondamentale et structurante d’une société humaine qui veut que personne ne doit être soumis à une privation extrême. Nous devons agir avec un sens de la charité mutuelle.
Parce que le respect de soi-même consiste avant tout à traiter les autres personnes comme s’ils étaient des êtres humains, et pas seulement des corps, et donc à résister à la déshumanisation de quiconque. En l’occurrence ici il s’agit d’aider les victimes des injustices puis de leur apporter les conditions de la guérison et la paix qu’ils méritent.
C’est là précisément que le CL2P sera toujours présent parce que la politique ne se résume pas à la quête puis la conservation du pouvoir, mais à la poursuite du Leadership, du Service et de la Justice Sociale.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
Vidéo: Longue Longue pleure pour sa famille
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English version
Rituals of Confession, Moral Responsibility and Human rights in autocracy
After Longue Longue’s continues to be embroiled in controversial acts of public confession which has now become a feature of public spectacle in Cameroon, one must think deeply about the political consequences of acts of public guilt and apologies.
The role of confession and moral responsibility is very important to public integrity and public life. However, it is amazing that after decades of the Operation Sparrow hawk, none of the convicted felons have offered remorse, public apologies, reconciliation and healing. The Biya’s regime propaganda, including the president, himself, on WikiLeaks, argue that these are shameless folks devoid of moral agency and rightly deserve to be in jail and to suffer. They have neither self-respect nor respect for the victims which are the taxpayers being shamelessly defrauded. All of this, after the president took care to avoid, telling Ambassador Janet Garvey of the United States, that he is the one who has nominated them and he is the ultimate responsible for his own bureaucracy.
Having said that, there is a classical good apology: admission of guilt, statement of regret, specific acknowledgments of harm done — excuses and taking responsibility.
In fact, there are a high number of political prisoners recognized by the CL2P which have never apologized. The Cl2P is a very detailed-oriented human right organization, which understands that the political prisoners he recognizes do not apologize, means that there is nothing to apologize for because the system is rigged and is stink. These people are no deservers of sanctions and blames. Thus, they are simply targets of resentment for a regime that see them as threats and they do not deserve to suffer for that. The fact of the situation is that one should be falsely accused of any crime, let alone a crime as horrific as exploiting the system and taking advantages of poor Cameroonians. That is something everyone can likely agree on.
That is what the most important thing that how political prisoners communicate is self-respect. Broadly, it communicates the power of self-respect and the ways in which people must be treated in the community. Thus, self-respect is the last thing that could communicate to show a resilience for standing for one own rights. Hence, the discussion we must have is over the idea that no one must be subjected to extreme deprivation.
We must threat each other’s with mutual charity.
Hence, self- respect is about treating other people like they are humans, not just bodies, therefore, resisting dehumanizing anybody. It is about helping the survivors of injustices and to get them the healing and the peace that they deserve. This is where the CL2P will always stand because politics is not about power but Leadership, Service and Social Justice.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P