Le procureur général du Rwanda, Jean Bosco Mutangana, a annoncé mercredi à la presse qu’il allait faire appel de l’acquittement le 6 décembre de l’opposante Diane Rwigara et de sa mère pour incitation à l’insurrection.
“L’accusation n’est pas satisfaite du jugement et nous avons décidé d’interjeter appel dans les prochains jours“, a déclaré M. Mutangana lors d’une conférence de presse.
“Nous avons eu le temps de lire attentivement le verdict de la haute cour dans le dossier Rwigara et nous avons décidé d’aller de l’avant et de faire appel (…) Nous pensons que les preuves que nous avons présentées devant la haute cour n’ont pas été complètement prises en compte“, a-t-il justifié.
Début décembre, Diane Rwigara, critique du président Paul Kagame, avait été acquittée d’incitation à l’insurrection et falsification de documents, des charges qui lui ont valu d’être emprisonnée pendant plus d’un an.
Sa mère Adeline et quatre co-accusés avaient également été acquittés et ils sont tous concernés par l’appel du procureur général.
En premier instance, le tribunal a estimé que les critiques de Diane Rwigara contre le gouvernement ne constituaient pas une “incitation à l’insurrection” car elles s’inscrivent dans le cadre de son droit à la liberté d’expression garantie par la Constitution rwandaise et les lois internationales.
Pour les juges, l’accusation n’avait pas non plus prouvé que Mme Rwigara avait falsifié des signatures de partisans dans le dossier présenté à la commission électorale en vue de sa participation à la présidentielle de 2017.
Le rejet de cette candidature avait été critiqué par des gouvernements occidentaux et des groupes de défense des droits de l’Homme.
Diane Rwigara est la fille d’Assinapol Rwigara, un important entrepreneur rwandais qui avait, dans les années 1990, largement financé le Front patriotique rwandais (FPR) de M. Kagame avant que celui-ci ne renverse le pouvoir extrémiste hutu en juillet 1994, mettant fin au génocide.
L’opposante avait pris ses distances avec le FPR après le décès de son père en février 2015, dans un accident de la route, selon la police. Elle avait contesté cette version et dénoncé un “assassinat“.