C’est un livre qui a fait beaucoup parler. Le journaliste néerlandais, Olivier Van Beemen vient de publier « Heineken en Afrique », une enquête sur les méthodes de ce géant de la bière, très présent sur le continent. Agressions sexuelles, viols, corruption, l’auteur y multiplie les accusations contre le brasseur néerlandais. Des accusations très graves que Heineken conteste. Le journaliste néerlandais accuse même le groupe d’avoir joué un rôle durant le génocide rwandais de 1994.
Selon Olivier Van Beemen, Heineken aurait joué un rôle important dans ce génocide, et ce en continuant à produire de la bière. « Le problème, c’était que cette bière servait à motiver, à récompenser les génocidaires. En même temps, Heineken continuait aussi à payer des taxes au régime génocidaire », déclare l’auteur du livre.
Cette accusation est formellement rejetée par le groupe néerlandais qui affirme avoir perdu le contrôle de sa brasserie. « Des employés de Heineken se sont révélés être des extrémistes, extrêmement connectés au gouvernement, ce qui a fait tourner la brasserie. Donc, la question c’est : est-ce que Heineken a apporté un support à cette brasserie pour qu’elle puisse tourner ? Nous avons fait une enquête véritablement approfondie et ce qui ressort, de manière assez évidente, c’est qu’il n’y a eu aucun support qui a été apporté. J’ai même regardé un peu les chiffres. C’est vraiment extrêmement clair. Les volumes se sont totalement effondrés et les profits sont arrivés quasiment à zéro », a précisé Patrick Villemin, directeur des relations institutionnelles pour le groupe Heineken en Afrique.
Il y a cependant un problème. Cet argument de la perte de contrôle n’a pas tout de suite été mis en avant par Heineken, au contraire. En juin 1994, une porte-parole du groupe justifie le maintien de la production par ces mots : « Tant qu’il y a de la demande et que nous pouvons produire, ça ne me semble pas à l’ordre du jour », sous-entendu d’arrêter la production. Une déclaration dont le brasseur se démarque totalement aujourd’hui.
« Les déclarations qu’a faites cette porte-parole sont en déconnexion totale avec ce qui se passait dans la réalité », rétorque Patrick Villemin.
Si Heineken qualifie les accusations de l’auteur « d’inacceptables », le groupe n’a toutefois pas porté l’affaire en justice. Aucune plainte en diffamation n’a en effet été déposée contre le journaliste néerlandais.