L’opposante et ancienne candidate à la présidentielle, Diane Rwigara, et sa mère, poursuivies notamment pour incitation à l’insurrection, ont été remises en liberté provisoire vendredi 5 octobre, en attente de leur comparution en novembre et sous certaines conditions.
La Haute cour de Kigali a ordonné à la surprise générale vendredi matin 5 octobre la libération provisoire de l’opposante Diane Rwigara et de sa mère. Une libération assortie d’une interdiction de voyager hors de la capitale rwandaise. Les deux femmes doivent également remettre leurs passeports aux autorités.
Arrêtées dans des circonstances troubles au lendemain de la présidentielle d’août 2017 au Rwanda, Diane Rwigara et sa mère sont inculpées d’« incitation à l’insurrection », un crime passible de quinze ans de prison.
L’ex-candidate à la magistrature suprême est poursuivie également, cette fois à titre personnel, pour « contrefaçon de documents » pour des signatures présentées lors de la présidentielle de 2017. Un crime pour lequel elle risque sept ans de prison.
Le bureau du procureur rwandais a estimé dans un tweet qu’il avait des raisons de croire que cette libération sous condition n’aurait pas dû être accordée aux deux femmes, tout en se disant respectueux de la décision de la Haute cour.
Le 15 septembre dernier, l’opposante Victoire Ingabire et le chanteur Kizito Mihigo avaient bénéficié d’une grâce présidentielle. Elle a d’ailleurs réagi sur Twitter et s’est directement rendu au domicile de Diane Rwigara à peine celle-ci libérée. « Les trois derniers mois, j’étais avec elle en prison donc on partageait la cour. Nous avons lié des amitiés et c’est une façon aussi de montrer ma solidarité », a-t-elle expliqué.
« Le combat judiciaire » continue
L’avocat des deux femmes lui se dit satisfait, mais « le combat judiciaire » continue, explique Me Gatera Gashabana. Les deux femmes doivent en effet comparaître le 7 novembre prochain.
« C’est un immense soulagement. J’avais peur qu’on les laisse languir en prison éternellement », a réagi Aristide Rwigara, l’un des frères de Diane qui vit aux Etats-Unis et qui a toujours dénoncé une persécution politique de ses proches. Il dit maintenant espérer que cette libération provisoire augure d’une prochaine libération totale.
Simple coïncidence ou pas, cette libération provisoire leur est accordée à une semaine d’un sommet de la Francophonie lors duquel le nouveau secrétaire général de cette organisation sera élu. Un poste que le Rwanda brigue, en la personne de la ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.