Sauver un pays, ou un régime à Yaoundé?
Le procès militaire du Pr. Maurice Kamto et ses camarades d’infortune a déjà établi un précédent dans l’histoire de la justice camerounaise.
En effet, le Pr. Kamto et ses camarades sont accusés, en pratique, d’être des « combattants ennemis » dans un pays où le président n’a pas encore officiellement déclaré la guerre à son opposition réelle et légitime. Dans un pays qui n’opère pas ouvertement sous les pouvoirs d’urgence de la guerre, personne ne peut comprendre pourquoi des personnes qui constituent une menace limitée pour leur pays et qui n’ont pas déclaré la guerre à leur pays sont ainsi arrêtées puis jugées en tant que « combattants ennemis ».
Dès lors la question n’est plus de savoir si le régime de Yaoundé s’attelle -comme il le prétend – à sauver le pays des « combattants ennemis », mais si il ne s’emploie pas en réalité à sauver lui-même.
Parce qu’il n’existe aucune base légale permettant de juger le Pr. Maurice Kamto et ses camarades d’infortune en dehors des procédures pénales ordinaires.
La CL2P a toujours compris qu’il n’y a pas d’habeas corpus au Cameroun, un pays dominé par le despotisme légal. Ce que nous affirmons est aujourd’hui bien documenté par la CL2P, lorsque nous disons que le régime de Yaoundé a utilisé le système juridique pour écarter du champ de bataille politique des Camerounais qu’il considère comme une menace pour sa pérennisation.
L’affaire Kamto met donc en évidence de manière dramatique le despotisme juridique au Cameroun, auquel s’oppose désormais de manière flagrante une écrasante vague de l’opinion publique de plus en plus ouvertement opposée au régime en place. Et ce n’est pas parti pour s’arrêter. Bien au contraire.
Quant aux tribunaux, comme en témoignent notre organisation, leurs échecs sont toujours spectaculaires. La CL2P a toujours mis en cause la pratique courante des tribunaux au Cameroun, consistant notamment à faire allégeance à l’exécutif pour des questions de politique et dites de sécurité nationale. Il est donc difficile d’imaginer à quoi servent les tribunaux dans un tel environnement, si ils ne peuvent pas protéger les personnes contre des arrestations arbitraires et des comparutions inconstitutionnelles.
Le résultat de l’internement et du procès martial de Kamto constitue à cet égard un précédent historique sanctionnant une discrimination politique et ethnique qui montre le vrai visage du régime camerounais.
Le peuple camerounais serait mieux servi si le gouvernement cessait d’essayer d’emprisonner tous les opposants politiques légitimes et s’intéressait plutôt de mettre un terme définitif au despotisme légal en vigueur dans le pays. Une séparation effective et efficace des pouvoirs serait déjà un bon début.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Saving a Country, or Saving a Regime in Yaoundé?
The military trial of Pr. Maurice kamto and his acolytes has already set a precedence in Cameroonian law.
Indeed, Pr. Kamto and his acolytes are charged, in practice, as “enemy combatants” in a country where the president has yet to declare war. Thus, in a country that does not openly operates under war emergency power, no one can understand why people who are limited threat to their country and have not declared war against their country are held and tried as “enemy combatant.”
This is not a move by the regime to save the country from “enemy combatants” but to save the regime of Yaoundé itself.
Thus, there is no legal basis to tried them outside of legal criminal processes.
The CL2P has always understood that there are zero Habeas Corpus in Cameroon, a country dominated by legal despotism. What follows, it is well documented by the CL2P that the regime of Yaoundé used the legal system to clear the battlefield of Cameroonians they consider a threat to the regime.
The Kamto’s case, consequently, underscores in dramatic fashion legal despotism in Cameroon even when doing so means standing against the tide of public opinion.
As for the courts, as documented by our organization, their failures are always spectacular. The CL2P has always called into question the common practice of the courts, in Cameroon, to defer to the Executive on matters of politics and so-called national security.
Thus, it is hard to imagine what courts are for if not to protect people against unconstitutional arrest. The result of Kamto’s internment and trial is a historical precedent that sanctioned political and ethnic discrimination that show the true face of the Cameroonian regime.
The Cameroonian people would be better served if the government stopped trying to imprisoned all legitimate political opponents and instead actually did something about legal despotism. Working and effective separation of power would be a good start.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P