Face à l’agitation qui se manifeste partout sur le CFA, un grand nombre de personnes m’ont demandé mon avis. Je vais le répéter une fois et j’espère que ce sera la dernière.
Je n’ai pas l’habitude de prendre mes positions pour plaire aux gens ou pour me faire admirer par la foule. Je suis Économiste et en Economie, on ne juge jamais un instrument opérationnel comme le CFA dans l’absolu, mais en référence aux solutions alternatives.
Il ne sert donc absolument à rien à dénoncer le CFA pour ses tares qui sont connues et incontestables, sans lui opposer des alternatives claires permettant de montrer qu’il y a mieux.
En définitive, il s’agit de comparer les avantages et les inconvénients des cas suivants;
1. Le Cameroun avec le CFA tel qu’il fonctionne
2. Le Cameroun avec le CFA avec des modifications internes
3. Le Cameroun avec un CFA Binaire
4. Le Cameroun avec une monnaie nationale
5. Le Cameroun avec une monnaie régionale
6. Le Cameroun avec une monnaie continentale,
Etc.
Cette comparaison se fait suivant trois macro-critères qu’on peut spécifier en sous-critères:
1. Les COÛTS économiques financiers, politiques, sociales et diplomatiques : qu’est-ce que nous gagnons ? Qu’est-ce que nous perdons?
2. L’EFFICACITÉ: quelle est la situation qui conduit rapidement au résultat ? Comment contourne-t-on les risques de gouvernance tels que la planche à billets ? Et la confiance ? Et la portée opératoire des diverses politiques économiques?
3. La FAISABILITÉ: est-ce que c’est facilement réalisable ? Après combien de temps ? Est-ce que les partenaires éventuels sont d’accord? Sont-ils maîtrisables?
C’est quand on a effectué ces comparaisons qu’on peut décider du bon choix à faire. Mais se limiter à dénoncer le CFA est une position purement démagogique qui attire la sympathie publique, mais ne résout pas le problème du système monétaire optimal pour nos pays. Les opposants au CFA auraient donc intérêt à se focaliser davantage à l’alternative qu’ils proposent.
Moi, Dieudonné ESSOMBA, j’ai fait ce travail et on peut en apprécier les arguments techniques dans l’article que j’avais présenté à l’Institut politique de Lyon sous le titre « Réformer le CFA avec la Monnaie-Trésor » qu’on peut trouver sur le site : https://imf2016.sciencesconf.
Les résultats sont clairs:
1. La meilleure solution et de très loin, en termes de coûts, d’efficacité et de faisabilité est le CFA binaire. L’implantation de ce système est l’objet de notre programme au cours de cette année.
2. Les autres solutions sont coûteuses, peu efficaces et confrontées à des problèmes techniques et opérationnels pratiquement insurmontables.
Si quelqu’un vient vous dire que le CFA est nuisible, n’en doutez pas, car c’est vrai. Mais demandez-lui de vous présenter le système alternatif qu’il propose en vous montrant en quoi il surmonte les pénalités du CFA que vous décriez tous.
J’ajoute une fois qu’il n’est pas question d’un quelconque soutien du CFA, mais du meilleur système monétaire correspondant à notre niveau de développement actuel. En d’autres circonstances et avec un autre niveau de développement, une autre solution serait plus appropriée.
Car, contrairement à l’idéologie et les religions, l’économie n’est pas une science des ABSOLUS, qui rechercherait des vérités éternelles et révélées valables du début de l’univers jusqu’à la fin des temps, à l’exemple des versets bibliques ou des sourates coraniques. C’est la science des OPTIMAUX, c’est-à-dire, des meilleurs choix contextuels au regard des difficultés et des obstacles auxquels on est confronté.
Avec les contraintes actuelles, la bonne solution et de très loin est le CFA binaire qui permet de créer une base industrielle nécessaire pour envisager une évolution du système productif, déclenchant ainsi des conditions appropriées pour une monnaie souveraine réellement utile.
Par Nti Dieudonné ESSOMBA, Président de l’École Africaine de l’Économie Contemporaine
(Institut TCHUNDJANG)