« Nous sommes en plein dans la sorcellerie. Lorsqu’un individu qui a l’âge de 84 ans, veut encore un autre mandat de 7 ans, qu’il va finir à 91 ans. Je vous dis c’est de la sorcellerie » Ainsi parlait Monsieur NKOU MVONDO, ce professeur de facultés invité à commenter la candidature de Paul Biya sur un plateau de télévision. J’ai regardé et re-regardé cet extrait parce qu’il est révélateur du désarroi des Camerounais. C’est un moment de télévision qui mérite d’être commenté.
Quand une situation dépasse notre entendement, lorsqu’elle échappe à toute explication rationnelle et nous plonge dans des abîmes de perplexité, nous nous accrochons aux parois et estimons que cela relève de la SORCELLERIE. En politique la manifestation de la sorcellerie suppose notamment la concomitance d’une compétition électorale visible et, dans un monde parallèle, d’une lutte invisible pour accéder au pouvoir. C’est donc une affaire d’initiés.
Selon la théorie de Nkou Mvondo, le citoyen-électeur non marqué par la stigma diaboli n’est donc qu’une victime, un spectateur désemparé qui a renoncé à se battre contre le pouvoir des sorciers mobilisant des forces occultes pour décider de son avenir sans son consentement. Cette attitude n’est pas une quête de sens. Elle est un pis-aller, voire un renoncement. C’est une autre façon de s’écrier « Wèèèh ! On va faire comment ? », signe de l’abdication de la pensée, qui fait croire notamment que le premier escroc venu, Grand Maître de je ne sais quel ordre mystique à la noix, est capable d’annihiler notre volonté pour nous imposer la sienne dans le secret de l’isoloir. N’est-ce pas la raison pour laquelle nos amis étrangers ne comprennent pas notre indolence. Ne comprennent pas pourquoi IL ne comprend pas.
Faut-il baisser les bras ? Non, non et non. Battons-nous pour le seul idéal qui vaille la peine de mourir. La liberté pour soi et pour les autres. Il faut arrêter d’avoir PEUR parce que ces croyances sont la pire de nos faiblesses. Il faut déjà essayer de distinguer le bon du mauvais. Selon le philosophe béninois Paulin Hountondji « Nous distinguons la sorcellerie d’attaque, la sorcellerie de défense, la sorcellerie préventive, la sorcellerie anti sorcellerie, la sorcellerie récréative, la sorcellerie thérapeutique ou curative » …
Alors, emparons-nous de la plus grande arme anti sorcellerie qui soit : la démocratie. Opposons aux sorciers le COURAGE des convictions et la force des idées. Un sorcier seul peut être vaincu. Le problème n’est donc pas lui mais ceux qui le soutiennent car qui dit sorcellerie dit société secrète. Aux jeunes, engagez-vous en politique. Armez-vous d’idées et aidons ces Vieux Sorciers qui ont pris le Cameroun en otage à sortir du Moyen âge et … prendre leur retraite.
Par Georges Dougueli