Le Sauveur de Personne: Sur la politique d’opposition, les parodies d’élections, et l’imposture légale au Cameroun
Le ralliement récent de l’économiste et homme politique dit de l’opposition Célestin Bedzigui au régime Biya a soulevé non seulement des questions sur ses compétences économiques réelles si souvent vantées et l’état de ses finances personnelles. Mais dans la vision gouvernementale d’ensemble de la politique camerounaise, ce ralliement ne présente aucune surprise, à part qu’il est l’expression symptomatique d’un régime totalitaire de 35 ans, aux pratiques politiques violentes enveloppées du vernis de la légalité. La réalité est que, comme avec Sun Tzu, la «sauce secrète» de Paul Biya consiste à écarter du champ de bataille politique tous les adversaires crédibles de son régime par l’intimidation, les pots-de-vins, l’emprisonnement, ou l’exil. Dans ce contexte, il n’y a pas de possibilité d’opposition radicale, car il n’y a pas de place pour une véritable autonomie politique.
Au contraire, c’est la célébration permanente d’une présidence impériale si ouvertement narcissique avec des demandes incessantes de louanges et d’approbations: Louanges juste pour être vivant et rien de plus, mais aussi pour conforter la glorification constante de l’immortalité obscène du président avec ses fausses morts à répétition.Dans un pays où en plus, le président considère la critique contre sa politique comme une « indignation » qui force les gens autour de lui et notamment l’opposition à chanter constamment ses louanges.
D’autre part, un régime basé sur l’ethno-fascisme, qui considère d’emblée toute opposition comme une menace existentielle et pense que cette dernière serait donc prête à faire n’importe quoi pour atteindre le pouvoir et devenir impitoyable comme l’est le régime de Yaoundé. En effet beaucoup est schmittien dans le régime de Biya. Distinguer les amis des ennemis est la base idéologique de ce régime. Ses idéologues préférés prêchent et embrassent l’idée d’un monde rempli d’ennemis du régime et veulent que ces ennemis non seulement respectent la puissance du régime, mais le craignent.
Comme la plupart des régimes autoritaires, le régime de Biya a mis en place des pigeons de selles et encouragé les autres à leur porter des coups de semelles. Ils manipulent constamment les préjugés et la peur. Dans cet environnement impitoyable, ces opposants en viennent à imposer le droit de Biya à gouverner à vie, y compris quand ils ont eu à contester énergiquement cette hypothèse à plusieurs reprises. Dans ce processus, tous les abus ou les violations des normes sont pardonnés, confortant ainsi les pires soupçons des observateurs avisés.
Dans son ensemble il règne un culte de la présidence au Cameroun. Un culte qui infecte non seulement notre compréhension de la présidence, mais de la personne qui l’exerce. Au Cameroun, les gens ordinaires attendent du président qu’il agisse comme un roi. Leur loyauté est à l’homme, pas à la présidence (c’est-à-dire l’institution).
Un culte de la personnalité, cependant, qui est en contradiction avec la réalité. En effet, dans cette auto-glorification nauséabonde et apocalyptique, M. Biya n’est le sauveur de personne. Soyons totalement honnêtes. Vous obtenez ce que vous payez, et les Camerounais vendent leur âme pour des conneries qui, depuis 35 ans, n’ont rien apporté de constructif, de valorisant. Tout le monde semble néanmoins d’accord avec ces conneries parce qu’à l’heure actuelle, comme Célestin Bedzigui, nous avons tous dû ajuster nos attentes à la baisse et sommes devenus cyniques face à la profusion des infractions morales et intellectuelles du régime de Paul Biya.
À ce sujet Vaclav Havel a écrit en 1978 un essai séminal intitulé «Le pouvoir des impuissants». Il y a proposé un concept remarquable: l’idée que ceux réprimés par les mensonges communistes avaient le pouvoir de «vivre pour la vérité, « Et c’est en le faisant; qu’ils pourraient changer le monde dans lequel ils vivent. L’idée de résistance de Havel appelle tous les individus du monde à participer activement à l’amélioration de la vie des autres. Cette idée ne nécessite pas toujours un rassemblement en signe de protestation ou la recherche des postes et des nominations comme Bedzigui et beaucoup d’autre membres de l’opposition dite alimentaire pratiquant la politique du ventre au Cameroun. Au contraire, cela signifie que les gens devraient tout au moins s’efforcer d’être de meilleurs voisins, de meilleurs citoyens, et de meilleurs êtres humains; puis s’efforcer de vivre honnêtement au-delà des contraintes imposées par la culture totalitaire du mensonge. Ce n’est hélas pas à la portée de tout le monde.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
English version
Nobody Savior: On Oppositional Politics, Election and Legal Imposture in Cameroon
The recent endorsement of the Biya’s regime by Celestin Bedzigui, raised not only questions about his economic pedigree and the state of his personal finance, but in the large governing vision of Cameroonian politics is irrelevant but symptomatic of a regime of 35 years of totalitarian mechanisms and violent political practices wrapped up with the veneer of legality. The reality is that, as with Sun Tzu, Paul Biya’s “secret sauce” is to clear the political battlefield of any credible opponents through intimidation, bribes, imprisonment, or exile. Within this context, there is no possibility of radical opposition because there are no possibilities of political autonomy.
To the contrary, an imperial presidency so transparently narcissistic and the incessant demands of praise and approval. Praise just for being alive and nothing more which explains the constant celebration of the president’s obscene immortality with his fake deaths. More, a president that consider criticism against his policies as “outrage” which forces people around him and including the opposition to constantly singing his praises.
Furthermore, a regime based on ethno-fascism which means that any opposition is considered to be an existential threat that will do anything or just be as ruthless to achieve power. Indeed, much is Schmittian in the Biya’s regime. Distinguishing friends from enemies is what the regime does. His favorite ideologues preach contempt for liberalism, embrace the idea of a world filled with enemies of the regime, and want those enemies not merely to respect the regime’s might, but to fear it.
Thus, as most authoritarian regimes, the Biya’s regime set up stool pigeons and encouraging others to take potshots at them. They work on people’s prejudices and fears, in this case, Biya’s right to rule for life and who have seen that assumption repeatedly challenged.
In the process, any abuses or violations of norms are forgiven, thus proving the worst suspicions of the opposition.
Taken together, a cult of the presidency in Cameroon. A cult of the presidency that infects not just our understanding of the office, but of the person holding it. In Cameroon, ordinary people expect the president to act like a king. Their loyalty is to the man, not the office.
A cult of personality, however, that is at odd with reality. Indeed, in this apocalyptic self-gratification, Mr. Biya is nobody savior. Let’s be totally honest. You get what you pay for, and Cameroonians are selling their soul for some bullshit which for the past 35 years has nothing to show for. Everybody goes along with the bullshit, because, by now, as Celestin Bedzigui, we have all adjusted down our expectations and became dulled to the Biya’s regime moral and intellectual offenses.
In 1978, however, Vaclav Havel wrote a seminal essay entitled, “The Power of the Powerless.” In it, he proposed a remarkably conspiratorial concept: the idea that those repressed by the Communist Lies actually had the power to “live for truth,” and that by doing so; they could change the world in which they live. Havel’s idea of resistance calls upon all individuals in the world to take part in actively bettering the lives of others. This idea does not always necessitate a gathering in protest or seeking a position in higher politics. Rather, it means people in the very least ought to strive to be better neighbors, better .citizens and better human beings and strive to live beyond the constraint of the culture of lies.
The Commitee For The Release of Political Prisoners (CR2P)