Sur la séparation fictive des pouvoirs à Yaoundé
Les institutions de notre prétendue « démocratie apaisée » ne manquent jamais l’occasion de se distinguer et de démontrer leur dépendance au pouvoir exécutif de Yaoundé, que ce soit la sphère législative ou judiciaire. Elles ont toujours comme priorité d’être les laquais du président à vie et se replient toujours sur la tribu exclusive du parti-État, le RDPC, se nourrissant notamment des mêmes griefs et vieux ressentiments entretenu par la paranoïa qui voudrait que le régime en place depuis 37 ans se sente perpétuellement attaqué de manière injuste par des hordes de « jaloux, aigris, terroristes, apprenti-sorciers, camerounais de la diasporas et autres tontinards ».
Ce type d’attitude n’est pas seulement démoralisant, mais constitue en réalité un défi existentiel pour notre quête de liberté et de justice sociale. Précisément, le défi de l’unité et de l’universalité des droits civiques, puis le refus d’être prisonniers de notre passé et des petites cases tribales dans lequel le RDPC nous enferme au quotidien.
Le dernier en date nous vient de soi-disant représentants des « ressortissants » du Sud qui vantent les mérites d’un président à qui de courageux camerounais ont enfin légitimement obligé de quitter la Suisse afin d’arrêter d’aller y gaspiller l’argent des contribuables pendant d’interminables villégiatures non productives. Ces individus tiennent brutalement à tous nous ramener à leur république hélas bananière où ils se présentent pompeusement comme des députés, alors même qu’ils ont été cooptés dans le Sud par le tyran et ses créatures, ne jouissent pour ainsi dire d’aucune légitimité politique et sont néanmoins disproportionnellement sur-représentés à l’Assemblée nationale… Mais ils s’autorisent quand même dans une déclaration grotesque et ridicule de donner des leçons de « patriotisme » à des camerounais désintéressés et déterminés à libérer définitivement leur pays de 37 années d’une dictature implacable.
Le moment choisi par ces députés dits du Sud pour présenter cette motion est on ne peut plus tendu. En effet les récents événements survenus en Suisse ont abouti à de regrettables brutalités policières contre des manifestants pacifiques camerounais. En plus, persiste l’oppression sauvage de la minorité anglophone du nord-ouest et du sud-ouest, que des parlementaires américains ont récemment assimilé à un génocide. C’est comme si ces soi-disant représentants du peuple brandissaient le grand drapeau du RDPC à la face de chacun de nous dans leur volonté désespérée de se raccrocher encore à leurs mandats usurpés face à un régime vieillissant, agonisant, voire mourant…replié dans son dernier retranchement tribal.
Pour ceux qui croient en la démocratie et la liberté, cela laisse un goût amer.
Vaut donc mieux en rire, pour ne pas être submergé par la tristesse et le sentiment de honte collective, qu’inspire notamment toute cette agitation flagorneuse suscitée au Cameroun, même parmi ses opposants alimentaires, par l’expulsion toute diplomatique du dictateur Paul Biya de la Suisse.
Autrement dit, face aux défis auxquels le pays est confronté, nous avons besoin de personnalités dotées d’un leadership fort en valeurs et en éthique, et non de tristes personnages qui continuent à vouloir renforcer l’État d’exception permanent, au lieu d’œuvrer à l’amélioration de la situation générale. Car rien ne peut fonctionner dans ce genre d’État d’exception. Ce faisant, chaque fois que nous ne faisons pas le travail difficile de réconciliation de la nation, nous perdons notre temps et nous nous mentons à nous-mêmes, en empruntant le chemin facile de la politique tribale et de nos outrecuidantes hypocrisies qui continuent de nous enchaîner et nous enfermer dans un passé improductif.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
On Fictive Checks and Balances in Yaoundé
Institutions in our so-called “Appeased democracy” always miss every single opportunity to distinguish themselves and demonstrate their independence from executive power in Yaoundé, be it the legislative and the judiciary. They always prioritize being the lackeys of the president and always retreat into the exclusive tribe of the party-state CPDM and always framing themselves in grievances and resentment driven by the paranoia of being perpetually under unjust attack.
This kind of attitude is not only demoralizing but continuously present an existential challenge for our quest for liberty, freedom and social justice. Precisely, the challenge of civic unity and universality and the refusal to be prisoners of our past.
The latest is the so-called representative from the south heaping praises on a president who was rightfully asked to leave Switzerland and stop wasting taxpayer’s money on repeated unproductive vacations. Hence, in this banana republic, these jokes were co-opted into their mandates by the tyrant and his creatures. they do not enjoy any political legitimacy so to speak and are nevertheless disproportionately represented in the National Assembly … But they allow themselves still in a grotesque statement to give lessons of « patriotism » to Cameroonians courageous and determined to finally release their country of 37 years of a relentless dictatorship.
The timing of this motion from the southern representatives could not be more wrong and awful, with recent events of Switzerland culminating in police brutality against legitimate Cameroonian protesters, and the ongoing oppression of the Anglophone minority in the Northwest and the southwest. It feels like these so-called representatives of the people are waving a big CPDM’s flag in everyone’s faces in their desperation to cling to their jobs and a dying regime rooted in tribal politics.
For those who believe in democracy and freedom, this leaves a sour taste.
Thus, it is better to laugh at it, so as not to be overwhelmed by the sadness and the feeling of collective shame, that inspires precisely all this filthy agitation aroused in Cameroon by the diplomatic expulsion of dictator Paul Biya from Switzerland.
Otherwise, in front of the challenges facing the country, we need people in leadership with strong values and ethics, not people who keep wanting to reinforce state of exception instead of making things better. Thus, nothing can work in this kind of state of exception. In so doing, every time we are not doing the hard work of nation-making, we are wasting our time and all lying to ourselves by taking the easy road of tribal politics and self-righteous bullshits continuously chaining and locking ourselves up in the past.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P