Sur l’Albatros : politique néolibérale et droits de l’homme à Yaoundé
Par Pr. Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
Le drame entourant l’acquisition illégale d’un avion présidentiel par Paul Biya au Cameroun contre la recommandation du Fonds Monétaire International (FMI), qui a pratiquement privatisé l’économie camerounaise, et a envoyé tout un gouvernement en prison, notamment les anciens secrétaires généraux à la Présidence de la République Marafa Hamidou Yaya et Jean-Marie Atangana Mebara, peut se situer au cœur d’un débat mondial entre la politique néolibérale et les droits de l’Homme.
En effet depuis longtemps, les critiques des militants des droits humains, en particulier Amnesty International, Human Right Watch et Reporters Sans Frontières (RSF) ont pointés les contradictions de l’idéologie mondiale des droits humains et les ont accusés de soutenir un ordre néolibéral accordant la priorité aux droits politiques tout en désavouant les droits sociaux et économiques. En ce sens, utiliser l’État pour faire respecter un ordre néolibéral tout en décimant toutes les formes de résistance politique.
Les cas des personnalités comme Marafa Hamidou Yaya et Jean-Marie Atangana Mebara contredisent cette approche. Car le fond de l’affaire dite de “l’Albatross”au Cameroun démontre que les pratiques économiques sont un sujet légitime de contestation politique.
Au fond ces deux prisonniers politiques emblématiques de la pratique du Lawfare au Cameroun ne sont précisément pas en prison pour des faits avérés de corruption et détournement de fonds, ce que tous les deux contestent fortement, mais parce qu’ils étaient perçus comme de puissants et crédibles potentiels aspirants au remplacement d’un despote vieillissant plongé dans le culte du pouvoir présidentiel à vie puis celui de son immortalité obscène dans une militarisation systématique de la vie quotidienne au Cameroun, où le marché et les subjectivités militaires ont pratiquement supplanté la politique démocratique et la délibération publique.
En ce sens, la politique est réduite à la volonté des tyrans et toutes les voies de recours politiques sont fermées.
Dans le cas d’espèce la privatisation de l’État est à la fois politique et économique, donc aucun moyen de parler des droits politiques sans aborder les droits sociaux et économiques. En d’autres termes, l’autonomie politique est elle-même liée à la justice sociale égalitaire et nous pouvons dire que Marafa et Mebara étant en prison sont également victimes de l’échec de la politique néolibérale du régime. Ainsi, une organisation des droits de l’homme, telle que la CL2P, ne fait pas de distinction entre l’autonomie politique et les droits sociaux et économiques.
Aussi, le CL2P comprend l’activisme en faveur des droits humains comme un moyen de médiation de la précarité économique : en tant qu’éthique, en se concentrant spécifiquement sur les moyens de répondre ou de recadrer certaines des crises politiques pressantes de notre époque, y compris l’ethnofacisme, l’austérité, la violence policière et militaire, entre autres, etc… afin d’articuler une politique radicale de la politique égalitaire et de Justice sociale.
Pr. Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
Vidéo:
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English version
On the Albatross: Neoliberal Politics and Human Rights in Yaoundé
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
The drama surrounding Paul Biya’s illegal acquisition of an airplane against the recommendation of the International Monetary Fund (IMF) which has virtually privatized Cameroonian economy, and sent an entire government in prison, notably Marafa Hamidou Yaya and Jean-Marie Atangana Mebara, can be at the center of a global debate between neoliberal politics and human rights.
For a long time, critics of human rights activists, particularly Amnesty International, Human Right Watch and Freedom without Borders, have tried to point out human rights’ internal contradictions and accused them of supporting a neoliberal order prioritizing political rights while disavowing social and economic rights. In this sense, using the state to enforce a neoliberal order while decimating all forms of political resistance.
The cases of the likes of Marafa Hamidou Yaya and Jean-Marie Atangana Mebara are contradicting that approach since the basic of the case demonstrate that economic practices are a legitimate site of political contestation.
Thus, they are not in prison for alleged corruption and embezzlement which both are strongly contested but because they were perceived as strong potential replacement for a man deep into the cult of presidential power for life and a cult of obscene immortality and a systematic militarization of the everyday life in Cameroon where market and military subjectivities have all but displace democratic politics and public deliberation.
In that sense, politics are reduced to the will of the tyrants and all avenues for political recourses are closed off.
In this sense, the privatization of the state is both political and economic, therefore, no ways to talk about political rights without addressing social and economic rights. In other words, political autonomy is itself ties into egalitarian social justice and we can say that both Marafa and Mebara being in prison are also victims of the regime failed neoliberal politics. Thus, a human right organization, such as the CL2P, does not distinguish between political autonomy and social and economic rights.
Thus, the CL2P understands human rights activism as a means to mediate economic precarity. Thus, as an ethics, focusing specifically on the ways to respond to, or reframe, some of the pressing political crises of our times, including ethnofacism, austerity, police and military violence, among others, to articulate radical politics of egalitarian politics and social justice.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P